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Colette Lust (Traducteur)Elisabeth Tsirimokou (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782907913911
379 pages
Le Passeur (13/05/2003)
4.08/5   6 notes
Résumé :

Quatre feuilles blanches comme ration quotidienne et aucune consigne. Que veut-on du dernier rescapé de l'Opération Caisse ? Que cache le mutisme obstiné de ses geôliers invisibles ? Le bon petit soldat se perd en conjectures, livré à lui-même. Sa déposition lui échappe, laisse apparaître l'homme derrière le militant, le combattant... Je suis maintenant persuadé que peu vous importe les ratures, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Qui se confesse ment, et fuit le véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général, indistinct ». Paul Valéry

Le père d'Aris Alexandrou, grec résidait dans une région gréco-turque, en bordure méridionale de la mer noire.
Pour fuir l'appel sous les drapeaux de l'armée turque il doit s'exiler en Russie.
Aris Alexandrou nait ainsi à St Pétersbourg en 1922.Sa mère est russe d'origine estonienne.
Pour fuir la discrimination syndicale et les difficultés économiques, sa famille retourne en Grèce en 1928.A cette date Aris a six ans et sera muet avant d'apprendre la langue grecque : muet et étranger dans le pays d'origine de son père.
Durant la seconde guerre mondiale Aris participe à la résistance contre l'occupation de la Grèce par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste
Emprisonné, durant la guerre civile par les anglais puis les grecs.
A nouveau emprisonné, durant la « dictature des colonels » il s'exile finalement en France où il meurt en 1978.

Traces d'humains ballotés par l'Histoire dont nait ce livre

Le récit de « La Caisse » se déroule durant la guerre civile grecque, de 1946 à 1949 opposant les troupes communistes et les troupes royalistes soutenues par l'Angleterre et les États -Unis.
C'est le récit d'une mission commando qui consiste à transporter une caisse, qui s'avèrera vide ,et de la plus haute importance, d'une ville à une autre, selon un itinéraire tortueux, retardant indéfiniment la liberté des hommes qui en sont chargés. Ils vont se supprimer les uns après les autres, selon des ordres sans logique, qui leur laissent la responsabilité de leurs interprétations anxieuses.
Le seul survivant, ignorant des griefs dont il est accusé, rédige dans sa cellule une folle déposition adressée à un anonyme "Camarade juge d'instruction". Au fil des pages et des errements absurdes de cette expédition, sa plaidoirie zélée et obsessionnelle : « Vous êtes bien d'accord avec ce nombre, n'est-ce pas, » se fait de plus en plus intime.
Monologue, sans paysage, aveux sans cesse rectifiés : « J'ai menti l'autre jour quand j'ai réfuté mon précédent mensonge et ce deuxième mensonge dans la réfutation du premier… »
Les dernières pages hallucinantes mènent vers un gouffre sans fin
« La Caisse » allie
La gravité d'une dénonciation des cécités idéologiques et des dictatures qui créent l'une comme l'autre un monde militarisé où se multiplient les prisons
L'intime : ne sommes-nous pas responsable, par notre lâcheté, de nos enfermements ?
L'universel qui rappellent les préoccupations de Kafka, l'absurde, l'étrange, les ténèbres : « eh bien oui, vous avez raison, rien n'est impossible et vos cinq hypothèses tiennent parfaitement debout, il est donc inutile que je continue, je vais vous retourner les feuilles blanches ».

Et médiation sur l'écriture : « Qui se confesse ment, et fuit le véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général indistinct. Mais la confidence, toujours songe à la gloire, au scandale, à l'excuse,
À la propagande. » Paul Valéry.
Livre d''une subtilité stupéfiante d'une lecture ardue et qui sollicite beaucoup d'attention, certes, mais un très grand livre.
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Je suis venu à ce livre par Michel Volkovitch qui cite dans "Babel & Blabla", p143 la lettre extraordinaire d'Alexandrou à sa traductrice :
le 16.12.1974.
« J'ai écrit un roman qui doit être publié par Kèdros au printemps 1975. En France, j'ai signé un contrat avec les éditions Gallimard, qui ont donné à traduire le manuscrit. L'échantillon traduit ne m'a pas satisfait, pour deux raisons : d'abord, le traducteur n'a pas respecté ma ponctuation, et ensuite il a supprimé plusieurs mots. J'ai envoyé une lettre à Gallimard, leur disant ceci : ou bien la traduction se fera « correctement » (comme dans le cas d'Ulysse de Joyce, par exemple), ou bien nous annulerons le contrat.
J'ai travaillé comme traducteur toute ma vie et je sais que mon texte est difficile à traduire. Il est fait de phrases longues (une demie, une ou même plusieurs pages chacune) et le dernier « chapitre », trente pages dactylographiées, n'est qu'une seule et même « phrase ».
Dans ces longues phrases, les seuls signes de ponctuation sont les virgules, les parenthèses et les tirets. Certains Français m'ont dit que les longues phrases — ça fait lourd.
Mon narrateur emploie souvent des mots et expressions tels que « c'est-à-dire », « je veux dire », « en d'autres termes », « par conséquent », « donc ». On me dit de telles répétitions que ça ne se dit pas en français. Évidemment : ça ne se dit pas non plus en grec. Les textes littéraires ne se « disent » en aucune langue.
Je ne sais si cela vous intéresse, dans ces conditions, d'entreprendre la traduction de mon texte. Une telle « fidélité » vous paraîtra probablement une exigence excessive de ma part.
Notez que je n'exige pas du tout que l'on respecte aussi ma syntaxe. Je ne demande pas une traduction mot-à-mot. Chaque mot est un signe et il est bien souvent impossible de trouver le même signe dans la langue étrangère, tout simplement car il n'existe pas. Mais nous pouvons rendre chaque mot par deux ou plusieurs signes étrangers, ou même par toute une phrase. de plus, je ne suis pas opposé à ce qu'on raréfie ma ponctuation, mais je n'accepte pas qu'on ajoute des points-virgules, des deuxpoints, des points ou des alinéas, bref je n'accepte pas qu'on coupe mes phrases en deux ou plusieurs morceaux. »
Finalement Colette Lust a traduit La caisse d'Aris Alexandrou
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Livre étrange offert par une amie. Je me souviens d'une ambiance où l'absurde et l'inquiétude se mêlent...
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