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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Décidément, la fantasy historique a le vent en poupe chez l'Atalante, et ce n'est pas moi qui m'en plaindrait ! Après la parution du dernier roman de Guy Gavriel Kay qui s'inspirait du contexte des Balkans de la fin du XVe (« Enfants de la terre et du ciel »), et plus récemment encore de la suite de « La cour d'Onyx » de Marie Brennan qui revenait sur l'histoire de l'Angleterre à partir du XVIe siècle (« Minuit jamais ne vienne » et « Gît dans les cendres »), voilà que la maison d'édition donne sa chance à une auteur méconnue, Sandrine Alexie, qui nous propose une vaste fresque historique au temps des croisades. Nous sommes à la fin du XIIe siècle, et le Moyen-Orient n'en finit pas de se morceler : les états francs sont minés par des querelles internes et prêts à tomber sous les coups du conquérant Saladin (qui vient d'ailleurs tout juste de reprendre Jérusalem) ; quant aux musulmans, ils sont eux aussi divisés entre arabes, kurdes, turcs, sans oublier la secte des nizârîs d'Alamut menés par le Vieux de la Montagne qui forge tour à tour des alliances avec les différents belligérants. C'est dans ce contexte plus que troublé que l'on fait la connaissance de Sibylle, une noble normande héritière des premiers croisés et devenue châtelaine de Terra Nuova (une place-forte située au nord d'Antioche) suite au décès de son oncle et de son époux. Sommée de se trouver un mari afin qu'il assure à sa place le contrôle de la région, la jeune femme feint de céder mais a d'autres plans en tête que de rester sagement à l'abri des murs en attendant que Saladin vienne s'emparer de la forteresse. Formée depuis son plus jeune âge par un fâqir aux pouvoirs étranges, Sibylle sait en effet que le moment ne tardera pas où son ancien maître lui demandera d'entreprendre une quête périlleuse à laquelle une tâche de naissance sur le poignée la prédestine : elle est celle qui devra retrouver la rose de Djam, un objet légendaire détenant tous les secrets de l'univers et dont la préservation est essentielle au maintien de l'équilibre dans la région.

Le roman repose sur une reconstitution historique particulièrement soignée qui permet une immersion des plus agréables. Difficile de ne pas penser à un autre roman paru récemment, « Djinn » de Jean-Louis Fetjaine, qui se déroulait un peu plus tôt dans le temps mais mettait lui aussi en scène ce Moyen-Orient médiéval à la fois familier et exotique. L'approche de Sandrine Alexie n'est toutefois pas tout à fait la même dans la mesure où le décor relève moins du fantasme que de la réalité historique, le surnaturel occupant dans ce premier tome une place très limitée. Ne vous attendez donc pas à voir débarquer des djînns ou autres créatures tirées du folklore oriental, vous seriez déçu. On comprend cela dit sans mal le parti pris de Sandrine Alexie qui maîtrise de toute évidence le sujet sur le bout des doigts puisque sa biographie fait mention d'études de l'art de l'Islam ainsi que de la langue et de la culture kurdes. Cette expertise, l'auteur s'en sert pour poser les bases qui nous permettent de comprendre le contexte générale et les enjeux dont il est question, avant d'enrichir ensuite son récit grâce à une multitude de détails qui nous permettent d'appréhender progressivement la complexité de la situation politique de la région. L'auteur met notamment en lumière de façon très habile l'important brassage culturel qui n'a pas manqué de se faire entre chrétiens, musulmans, kurdes, turcs, arabes…, tous s'influençant mutuellement, que ce soit au niveau du mode de vie, des traditions ou même de la langue. le style employé reflète d'ailleurs cette diversité puisque l'auteur n'hésite pas à mêler des termes tirés de l'ancien français, de l'arabe, du gascon, du persan ou encore du turc. Elle parvient heureusement à résister à la tentation des notes de bas-de-pages, ne prenant pas la peine d'interrompre la lecture par une définition d'autant plus inutile que la plupart des termes étrangers se comprennent parfaitement à l'aide du seul contexte (un lexique récapitulant tous les termes pouvant poser problème est néanmoins présent en fin d'ouvrage). L'auteur ne tombe pas non plus dans un écueil pourtant fréquent qui consisterait à en faire beaucoup trop au risque d'alourdir le récit : la narration est au contraire très fluide et les dialogues percutants. le franc parler de certains personnages est d'ailleurs assez rafraîchissant, comme c'est le cas du gascon Peir Esmalit grâce auquel le lecteur aura le plaisir de se familiariser avec les meilleures injures du gascon médiéval, ainsi qu'avec de petites histoires ou chansons particulièrement imagées.

On retrouve la même diversité du côté des personnages qui possèdent tous des profils très différents. Sibylle, l'héroïne, est le parfait exemple de ce mélange des cultures occidentales et orientales puisque, en tant que noble franque ayant toujours vécu en Orient, elle a inévitablement été imprégnée dès son enfance par une multitude de cultures. Marcelin et Peir sont pour leur part plus à cheval sur tout ce qui touche à la religion et aux traditions chrétiennes, tandis que des personnages comme Shudja, Yahya ou Süleyman respectent un mode de vie plus proche de celui des musulmans. Parmi toute la galerie de personnages mis en scène, ceux qui retiennent l'essentiel de l'attention du lecteur restent Sybille et Peir qui forment un duo détonnant. Leur relation, basée autant sur l'affection que sur la rivalité et la rancune, constitue en effet sans aucun doute l'un des plus grands attraits du roman. Tous deux bénéficient d'un traitement soigné et nuancé, à commencer par Sibylle, héroïne atypique, présentée à la fois comme butée et hautaine, mais aussi dure au mal, pleine d'humour et indépendante. Il est toujours délicat de mettre en scène un personnage féminin dans un tel contexte historique car la tentation est évidemment grande de la part de l'auteur de la dépeindre comme en avance sur son temps afin de faciliter l'identification du lecteur contemporain. L'auteur échappe toutefois là encore à cet écueil, si bien qu'on a effectivement l'impression de côtoyer une femme de l'époque et non du XXIe transposée au XIIe. A ce titre, certaines de ses réactions peuvent paraître surprenantes ou déstabilisantes mais s'avèrent néanmoins parfaitement cohérentes étant donné le contexte. La plus grande faiblesse du roman vient certainement de son intrigue dont la construction se révèle parfois un peu brouillonne et qui souffre de quelques maladresses. Parmi elles, on peut notamment reprocher la manie de certains personnages de sans arrêt repousser les révélations qui éclaireraient pourtant les autres et faciliteraient leur périple. de même, on peut regretter que les quelques rares élément surnaturels présents soient traités de manière trop superficielle pour parvenir à vraiment capter l'intérêt du lecteur (même si on devine qu'ils seront amenés à prendre bien plus d'importance dans les tomes à venir). En dépit de ces quelques bémols et de petites baisses de rythme, le récit reste malgré tout très agréable à lire, voire véritablement captivant lors de certains passages.

Ce premier tome de « La rose de Djam » pose les bases d'une trilogie de fantasy historique prometteuse qui séduit à la fois par la qualité de la reconstitution du contexte de l'époque mais aussi par la personnalité atypique de son héroïne dont on prend plaisir à suivre le périple. Sandrine Alexie nous propose une plongée immersive dans l'Orient du XIIe siècle dont elle nous permet d'appréhender ici toute la richesse et la complexité. Vivement la suite !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Ouloulou, c'est qu'avec tout mes space ops et compagnie, j'ai pas beaucoup regardé ce qui est sorti cette année en fantasy française. L'occasion pour moi de se plonger dans le cycle de La rose de Djam par Sandrine Alexie, spécialiste des cultures arabes, qui signe son incursion dans la fantasy historique en mettant en scène l'équivalent de notre Graal dans le monde musulman, une coupe surnommée la Rose, dans laquelle se cacheraient tous les secrets du monde. Bon, je vous avoue, si je l'ai choisi, c'est surtout parce que ça me faisait penser aux Lions d'Al-Rassan avec un peu plus d'epic.
Pour le petit placement de produit, Les Lions d'Al-Rassan c'est une superbe fresque de fantasy historique de Guy Gavriel Kay au même éditeur, transposant la Reconquista dans un monde imaginaire, avec une reconstitution historique minutieuse du monde arabe, que des personnages incroyablement bien écrits, des tas de péripéties différentes, d'évènements inattendus Histoire oblige (au point de devoir sacrifier parfois un ou deux personnages prometteurs), de l'humour et une espèce d'onirisme doux-amer qui plane sur l'ensemble parce que comme dans la vraie vie on sait jamais vers quoi on se dirige, le tout rapporté par un style magnifique s'attardant toujours sur les petits détails sans jamais en faire trop. Il y a bien quelques scènes de, vous savez la lettre entre le P et le R, mais même ça c'est superbement bien écrit sans tomber dans le voyeurisme ou le cliché rose bonbon.
Du coup, quand arrive un petit roman français qui sort de l'autoédition pour se faire publier même avec des bêtes de l'Imaginaire comme L'Atalante, forcément ça va souffrir en comparaison. Alors est-ce que La Rose de Djam reprend les éléments qui faisaient la saveur des Lions d'Al-Rassan ? Non, mais est-ce que ça en fait un mauvais roman pour autant ?

Du très bon cru...

Fin du règne de Baudoin VII. Tout l'héritage de la Première Croisade est en train de se scratcher et les musulmans reprennent le contrôle du Moyen-Orient (parce que c'est pas pour dire, hein, mais avec tous ces français qui viennent nous envahir, on sait plus à qui se fier... ^^). Quand le frère du seigneur normand de Terra Nuova disparaît, on le croit mort alors qu'il est passé dans l'Entre-Deux, un lieu énigmatique qui relierait les mondes matériel et spirituel. Jusqu'au jour où le cousin oriental de Gandalf vient toquer à la porte de Sybille, sa nièce, qui n'apprécie pas franchement son destin de femme au foyer et aimerait bien partir découvrir le vaste monde...
On est direct immergés dans le monde des croisades avec toute sa complexité, sans jamais chercher le simplisme ni concession, mais au contraire à immerger complètement le lecteur dans l'univers arabe qu'il croit connaître alors qu'on se rend compte à la lecture qu'on en est, mais alors très, très loin. Pareil pour la condition de la femme à l'époque : c'est tout bonnement une vie de chien, et rien ne nous est épargné. En temps que pur roman historique, c'est une la porte d'entrée de l'excellence niveau documentation. Côté fantasy, le surnaturel est très en retrait, mais ça ne me pose aucun problème.
Passées les 100 premières pages, l'humour commence à pointer son nez et on finit par s'attacher à des personnages malgré leurs actes à la limite de ce que nous lecteurs du XXIe pourrions qualifier d'infâme ; le capitaine Pèir Esmalit est ainsi plus crédible et plus humain que 99,9% de ces bad boys qui ont parasité la littérature Young Adult. On finit par se prendre au jeu, à l'aventure, sans forcément savoir où on va, et même si comme on va le voir, pas mal de défauts auraient pu être allégés du récit.

Oui, mais...

Il y a le problème d'une grande part de la littérature SFFF française, à toujours vouloir rajouter des archaïsmes inutiles dès lors qu'il s'agit d'une époque révolue (problème d'autant plus curieux qu'il est propre exclusivement à la littérature SFFF, quand même des films historiques sérieux comme ceux de Bertrand Tavernier, s'ils utilisent un phrasé plus complexe que celui courant, ne tombent jamais dans l'écueil du trop-en-faire). On se retrouve ainsi avec des soties, vêtures, bréhaigne, adamantine, se paonnant, francolin, chanteplore, benoîtement, enfançons, escarbouiller, parentèle, adonc, ect. Bref, ça rend pas le style franchement fluide ; je veux dire, quand t'as une phrase dans ton bouquin comme "Agoni de tous les anathèmes (...), le subordonné recula", le lecteur débutant a tendance à se signer en se demandant quel est ce langage diablerique. Au point que quand des gens se mettent à parler un langage volontairement plus fleuri que les autres, on remarque à peine la différence. Après, oui, ça pourrait donner un côté pesant et ancestral comme pour Clarke Ashton Smith, mais encore faut-il jouer la carte à fond. Vous connaissez les tue-l'amour ? Eh bien "la caboche d'un Gascon vola" est un vrai tue-la-tension !
Et puis il y a ce passage, en plein milieu du chapitre 1, où on passe de la première personne avec un narrateur inconnu à la troisième pour tout le reste du bouquin. Pourquoi commencer avec un parti pris pour aussitôt le laisser tomber ? Ne parlons pas non plus des scènes de sexe et autres allusions graveleuses peu empiétantes sur le récit mais pas franchement ragoûtantes non plus... Enfin, le personnage de Mascelin, s'il offre un contrepoids à la tolérence religieuse de Sybille et ses joyeux compagnons, montrant ainsi comment pensaient les personnes de son temps, n'est vu que par le prisme de son intégrisme ; espérons qu'il sera plus développé dans les tomes à venir.

Conclusion

Malgré tout, j'ai pas boudé mon plaisir, faut bien l'avouer, et j'ai vraiment pas envie de dire du mal de ce livre. Certes, la documentation n'excuse pas le style ou la qualité des personnages, mais il n'y a vraiment rien de flagrant non plus. On s'attache aisément à presque tous et on découvre une époque révolue qui nous apprend un peu plus de choses sur l'islam que ce qu'on pensait, mais aussi les gascons, les cagots ou même les fakirs (en tout cas bien plus que dans Astérix chez Razahãde). Alors que je me demandais si j'allais tenir au début, j'ai finalement passé une lecture très agréable que je recommande à tous les amateurs d'histoire arabe, experts comme néophytes. Après, je dis ça, c'est pour votre culture...
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Le premier tome de la série de la Rose de Djam, l'appel des Quarante est paru en avril 2019 chez l'Atalante. Sandrine Alexie, spécialiste des cultures arabes nous propose avec ce titre une formidable plongée dans le Moyen-Orient au XIIe siècle lors de la prise de Jérusalem par Saladin. Nous y suivons Dame Sibylle, châtelaine de Terra Nuova sommé de trouver un mari afin de défendre la place forte en cette période troublée. Mais Sibylle a une autre idée en tête. Sous l'impulsion de son ancien maître, un étrange fakir, on va lui confier la tâche périlleuse de trouver la rose de Djam, un calice magique qui contiendrait tous les secrets de l'univers et qui ne doit surtout pas tomber aux mains de personne mal intentionnée.
Le roman repose sur une reconstitution vraiment fidèle qui m'a vraiment plongé dans ce folklore exotique. On se retrouve donc plonger dans le brassage culturel entre kurde, turc, Arabes, franc, etc...
Le roman fonctionne également grâce à ses personnages riches en couleur. On retiendra surtout dans ce premier tome le duo Sibylle et Pèir Esmalit qui vont à loisir s'étriper, s'engueuler ou s'aimer durant toute l'aventure.
En tous cas, ce premier tome pose les bases d'une aventure passionnante et j'ai hâte de lire la suite
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L'appel des quarante était globalement une bonne lecture. On est en Orient, en pleine débâcle de fin de croisades. La chrétienté se fait expulser petit à petit et on suit Sybille qui, suite à son veuvage, est devenue responsable d'un camp retranché. Laisser une femme à la tête d'un camp fortifié au 12ème siècle pour les chrétiens, ça ne passe pas, elle est priée de se remarier rapidement. Sybille a été formée dès le plus jeune âge par un des courants musulmans présent. Elle a reçu une formation poussée à l'arc et aux différents courants de pensées car elle fait partie d'un trio d'élus qui peut aller récupérer le Graal et éviter une catastrophe. L'univers est chouette. L'autrice connait son sujet, ça se sent qu'elle est spécialisée dans cette période de l'histoire et ces cultures là. L'aspect culturel était passionnant à suivre. Sybille est top, c'est un personnage moderne et respectueux des opinions. Les personnages secondaires sont variés et appartiennent à différents milieux et croyances. On rencontre des extrémistes religieux en passant par les tolérants, le tout avec les différentes couches de la société et les différents peuples qui cohabitent. C'est très bien fait et très intéressant. Et puis on a « Payr » et le soufflé est retombé. L'idée d'avoir un tel personnage était prometteuse. Un chrétien borné et intolérant ça créait un contraste avec le fait qu'au cours de sa quête Sybille rencontre un tas de cultures musulmanes différentes qui lui montre toutes le respect qui lui est du même si elle est femme. Avoir un contraste entre la tolérance musulmane à l'égard de Sybille qui s'oppose à une intolérance complète du côté chrétien, c'était très intelligent. Si l'autrice s'était arrêter là, ça aurait été super mais elle a trop tiré le fil.
Payr est un gros co…d, cliché de l'homme « je suis fort, tu es limite mon esclave, j'ai raison femme, obéis et ne discute pas ». Sybille ayant une éducation très moderne et indépendante, elle n'avait aucune raison d'accepter qu'on la traite comme cela et encore moi de tomber amoureuse d'un être toxique, qui la tabasse, la rabaisse et la considère inférieure. Toute la partie où elle se rapproche et où finalement même s'il est abjecte elle se convainct qu'il doit avoir des qualités vu qu'il l'attire ce n'est pas passé avec moi.
Alors oui, il évolue un poil de manière positive à la fin mais ça me gêne d'avoir encore une fois un personnage masculin infect à qui ont trouve tout un panel d'excuses pour justifier que finir en couple avec lui est normal et bien.
Si vous voulez découvrir de la fantasy orientale ce titre devrait vous plaire mais attention on est très dans le descriptif ici.
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