La couturière, Tome 1 : Les aiguilles du temps

Les femmes, exclues de ce genre de conversations, ne s'intéressaient pas tellement à la politique, surtout internationale.
Mais quand Arthur Décarie avait largué le mot guerre, les femmes devinrent aussitôt silencieuses. Plusieurs attrapèrent leurs fils par la main et ordonnèrent qu'on les reconduise immédiatement à la maison. Les autres, qui demeuraient assez près de l'église, déambulaient, inquiètes, le long de la route poussiéreuse. Quelqu'un avait assassiné un homme d'État. Même si c'était à des milles imaginaires, loin dans les Europes, l'affaire enflammait les discussions.

Émilia était un peu trop maigre et possédait une espèce de minois de vieille chatte. Mais elle avait des cheveux de soie, des seins qui pointaient très haut et le galbe de ses jambes faisait tourner la tête des hommes d'âge mûr. Son sourire, lui, ne laissait personne insensible. Une de ses incisives était nettement plus avancée que l'autre, ce qui lui conférait un air espiègle.

La femme a été créée pour mettre au monde les enfants. Elle a tout ce qui faut pour les porter pis les expulser. L'enfantement dans la douleur est apparu le jour où elles se sont mises à avoir des petits sans les vouloir.

Vous êtes tous pareils, les hommes. Vous pensez que vous avez tous les droits, que vous pouvez faire toutes les choses que vous aimez et laisser votre femme derrière, comme une vieille pantoufle. J'ai des droits, moi aussi, Bill ! Tu me prends sans m'avertir pis tu me quittes juste après.

Accoucher était un mal nécessaire et rares étaient les moments de lumière qu'on lui avait enseignés dans les livres de médecine venant de l'Europe.