Il n'est pas possible de courir assez vite, quand ce qu'on tente de fuir vient de l'intérieur de soi.
L'enfer après la mort auquel ton Dieu nous condamne n'existe pas. L'enfer, c'est nous qui le faisons exister sur terre en nous trompant dans nos choix. La vie n'est pas quelque chose qui "nous arrive", nous en sommes nous aussi responsable.
L'enfer, c'est nous qui le faisons exister sur terre en nous trompant dans nos choix. La vie n'est pas quelque chose qui "nous arrive", nous en sommes nous aussi responsables.
La fuite du temps s'était soudain matérialisée, de façon tellement concrète qu'elle comprit que la vie, qu'on en fît usage ou non, exigeait son dû et déposait chaque année son lot de cernes sous les yeux des gens comme autant de cercles de croissance sur le tronc d'un arbre.
La prison, c'est comme une amende. La différence, c'est qu'on la paie avec du temps. L'argent, on peut toujours se le procurer. Pas le temps.
Tout ce qui lui manquait, c'était une existence.
Cela recommençait. Une fois de plus elle était là, en vie, en tout était de sa faute. Impossible de rien changer, de faire en sorte que ce qui était arrivé ne se soit pas produit, c'était elle qui avait tendu le piège et il ne pourrait en sortir.
Puis elle ouvrit les yeux et quelque chose se brisa pour de bon en elle. Du côté du passager, la cabine avait été entièrement enfoncée et il n'en restait que de la tôle froissée et un morceau de pare-brise brisé.
Et puis un corps déchiqueté impossible à identifier, mais qui aurait dû être le sien.
- Je crois que vous devriez faire la différence entre ceux qui méritent votre mépris et les autres.
Certaines choses ne sont pas faites pour qu'on les garde. Elles sont seulement censées passer, rappeler aux gens ce qu'ils n'auront jamais et faire en sorte qu'ils ne mésusent pas de leurs désirs les plus fous, qu'ils les oublient, voire qu'ils apprennent à vivre avec eux et en éprouvent une certaine satisfaction. Quand les gens ne veulent pas comprendre l'étendue de leur misère, il est temps de la leur rappeler, de leur permettre d'en ressentir le goût et les désaltérer un peu.
C'est ce qu'avait été Thomas.
Un mémento venu dire un petit bonjour et parler du tour que sa vie aurait pu prendre.
- Je suis fière de mon corps et j'estime ne pas avoir de raison de le cacher aux autres. Je me trouve bien dans ce pull, si c'est ce qui vous gêne.
Maj-Britt ne lâchait toujours pas du regard le poste.
- Libre à chacun d'avoir l'air d'une pute.
- En effet. Libre à chacun, aussi, de s'enfermer dans son appartement et de tenter de mettre fin à ses jours en dévorant tout ce qui lui tombe sous la main. Ni l'un ni l'autre de ces comportements ne prouvent qu'on est des débiles, n'est-ce-pas ?
Ce furent les dernières paroles prononcées ce jour-là. Maj-Britt fût extrêmement contrariée d'avoir laissé le dernier mot à Ellinor.
Dès qu'elle fut seule, elle appela le livreur de pizzas.