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Magdalena Jarvin (Traducteur)
EAN : 9782757813041
348 pages
Points (12/03/2009)
3.54/5   42 notes
Résumé :
Axel Ragnerfeldt, écrivain consacré par le prix Nobel, mène une existence muette dans une maison de soins, seul face à ses souvenirs. Les témoins de son passé aux nombreuses zones d'ombre ont aujourd'hui disparu : sa femme Alice, sa maîtresse Halina, sa fille Annika et surtout son ancienne domestique Gerda ont été les actrices - ou les victimes - de drames jusqu'alors étouffés afin de protéger la réputation du grand homme. Mais le jour où un terrible secret remonte ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Bien que l'intrigue me semble très peu plausible, j'ai aimé les personnages et certaines situations.

Je dois avouer que certains moments du livre m'ont profondément touchée. Principalement deux personnages qui pour qui on ressent autant de pitié que de sympathie - Halina et son fils Christopher. Halina donne l'image d'une femme forte et talentueuse, hélas, atteinte de maladie mentale. Peut-être à cause de ce mal être, Halina est parfois déséquilibrée et ne sait pas comment contrôler ses émotions. À mon avis, le principal moteur de ce qu'elle fait est la fierté féminine offensée. On peut déclarer maintes fois, que la vengeance n'est pas une solution aux problèmes, mais une personne qui est blessée, qui voit qu'elle a été traitée injustement et que le responsable n'a pas été sanctionné, est submergée par une grande amertume et une soif d'action. Donc, les actions de Halina sont psychologiquement fiables pour moi et méritent même d'être justifiées.

Quant à Christopher, son fils, l'histoire de ce personnage a réussi à me toucher profondément. Pour l'épargner, son histoire c'est construite autour de nombreux mensonges et fantasmes. Quand il apprend enfin la vérité sur l'histoire de sa naissance, sur sa mère, toutes les illusions qu'il pouvait avoir sur l'amour de ses parents pour lui s'écroulent comme un château de cartes. J'ai également été très impressionnée par la lutte que Christopher a menée avec lui-même pour renoncer à l'alcool. Ça vaut beaucoup.

Dans l'ensemble, j'aime la façon dont Alvtegen écrit, avec parcimonie, tout en essayant de réfléchir profondément aux héros et aux situations concernant l'imperfection du monde moderne - et du monde en général. L'auteur est comme un causeur intelligent - parfois vous en avez besoin. Et tous les défauts de la construction de l'intrigue ne semblent être qu'un désavantage mineur dans cette célébration de l'esprit.
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L'histoire se passe essentiellement au sein de ce huis clos que représente la famille Ragnerfeldt, autour duquel se greffent quelques autres personnages extérieurs. Cette illustre famille, qui compte relativement peu de membres, se compose du patriarche, qui a donné ses lettres de noblesses à cette famille, de son épouse Alice, de leur fils Jan-Erik et son épouse Louise. Est également présente, mais de manière allusive puisque morte à quinze ans d'un accident de voiture, sa jeune soeur, Annika. Axel est l'auteur de nombreux romans dont le plus renommé est celui qui lui a valu d'obtenir le prix Nobel Ombre. Sa femme avait également publié un livre avant la naissance de ses enfants mais elle s'est sacrifiée pour laisser à son mari le temps de se consacrer à son oeuvre. A côté de cela, leur fils aîné Jan-Erik vit principalement des séminaires qu'il organise dans le but de faire revivre l'oeuvre de son père auprès du public. Contrairement à Axel, il n'est pas écrivain, il n'a pas hérité du goût d'écrire de ses parents, il est bien plus pragmatique: son rôle consiste seulement à perpétuer la voix paternelle à travers la lecture des romans et de faire fructifier l'héritage paternel autant qu'il le peut. Ayant hérité de la même voix caverneuse que son père, c'est cette ressemblance, plus que d'un talent particulier et personnel, que l'homme exploite. On s'aperçoit rapidement qu'il s'agit d'une très pâle copie de ce père à la fois aimé et détesté, qui ne fait que profiter des dernières miettes du talent et de la renommée d'Axel.

A côté de cela, Gerda qui a servi la famille avant que celle-ci ne quitte sa demeure bourgeoise, est retrouvée morte chez elle. Cette femme qui n'a pas vraiment de famille ni d'amis vivait isolée. Et pourtant, c'est elle, au coeur même de la vie de cette famille, dont les membres ne faisaient que cohabiter tout se parlant à peine, qui va involontairement livrer les clefs de ses secrets. Elle, au coeur de ce foyer au sein duquel le père était totalement absent et ne prenait jamais le temps pour ses enfants. Foyer, où le couple n'entretenait plus aucune relation et vivait comme de parfaits étrangers. Où la mère, Alice ne faisait que quémander l'attention de ses enfants sans vraiment rien leur donner en retour. Peu de liens familiaux donc. Chacun vivait sa vie indépendamment des autres en marge de cette figure paternelle tellement adulée par ses lecteurs mais tellement absente entre les murs même de son foyer.

En outre, l'auteure juxtapose à côté du récit principal l'histoire de Kristoffer « enfant trouvé » qui souffre d'avoir été abandonné à l'âge de quatre ans et qui depuis, écrivain lui aussi, ne cesse de s'inventer des histoires sur ses racines et le mystère qui les entoure. Kristoffer est un jeune homme à la dérive, que seule l'écriture est à même de panser les blessures et qui se découvre, mystérieusement, être l'unique héritier de Gerda, qu'il ne connaît ni d'Ève ni d'Adam.

L'intérêt de ce roman réside dans le fait qu'au début tout paraît obscur, les choses, les personnages sont entièrement cloisonnés, comme si toutes ces personnes appartenant à la même famille n'entretenaient aucune relation. Même Jan-Erik et sa femme Louise vivent dans deux sphères totalement différentes. L'élément commun de tout cela est encore une fois Axel et c'est lorsque l'auteur se décide de se concentrer sur sa personne que l'on se rend peu à peu compte des horreurs du passé. La construction de ce roman policier est tout simplement ingénieuse, bâtie de façon telle à ce que l'on ne se rend pas compte immédiatement dans quelle mesure il s'agit d'un polar; j'ai longtemps pensé, tout au long de ma lecture, que ce récit tenait davantage du roman psychologique, ce qui n'est pas entièrement faux. C'est vraiment dans la dernière cinquantaine de pages du roman, qui en compte près de trois cent cinquante, que l'on réalise la véritable dimension de ce roman. Karin Alvtegen excelle en outre à mettre en place tout un panel de personnages qui n'a vraiment rien de remarquables, des gens communs, tout spécialement Jan-Erik double raté de son père, sur lequel l'histoire se concentre la plupart du temps. Mais elle réussit tout de même à donner à leur trivialité une épaisseur psychologique qui fait de ce roman une totale réussite.

J'admets volontiers que cela fait longtemps que je n'avais pas reçu un tel choc à la lecture d'un polar, le dénouement de situation est très déroutant: l'auteure introduit lentement les principaux éléments du drame et finit par faire jaillir subitement cette vérité implacable, froide, cruelle, en vous laissant littéralement sans voix. Ce roman révèle la détresse, tristesse, de la noirceur de certains hommes prêts à tout pour arriver – à quoi? Ni le lecteur ni ces protagonistes ne le savent vraiment eux-mêmes. Mon cher libraire a raison, Karin Alvtegen est injustement méconnue. A lire absolument!
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Karin Alvtegen aime les âmes tourmentées. Ceux qui vivent seuls et se retrouvent en situation difficile, ceux qui voient leur mariage partir à la dérive, ceux qui ont une aventure d'un soir et n'en soupçonnent pas les conséquences, et tous ceux qui n'acceptent pas leur vie telle qu'elle est et veulent en changer. Elle les décrit avec beaucoup de compassion et de talent.


Ici c'est Kristoffer, abandonné par sa mère, enfant, qui est seul et survit d'un métier d'écrivain. Il est mal dans sa peau: il a longtemps été alcoolique, mais a réussi enfin à arrêter l'alcool. Toute sa vie il s'est interrogé sur les raisons de son abandon. Il y a Louise qui se désespère du manque d'intérêt de son mari, Jan-Erik, pour elle même et sa fille. Jan-Erik est le fils d'un célèbre écrivain, prix Nobel, et parcourt la Suède pour promouvoir, par des conférences, les livres de son père. Il trompe sa femme à chacun de ses déplacements. Son père Axel Ragnerfeldt, paralysé, finissant ses jours à l'hôpital, est détesté par toute sa famille. Il a eu, avant son prix Nobel, une relation éphémère avec une inconnue, Halina, dont les conséquences l'ont longtemps poursuivi. Il a rendu malheureuse sa femme Alice (mais, on ne divorce pas chez les Ragnerfeldt), et est responsable du suicide de sa fille Annika. Pour finir les présentations, l'ancienne domestique des Ragnerfeldt, Gerda, décède. Sa mort va ébranler l'équilibre établi entre tous ces personnages. La tempête va se lever. Mais pour Kristoffer, ce sera un espoir et un choc.


Dans ses romans, l'auteure pose un regard clairvoyant sur la nature humaine. Une fois ses protagonistes présentés, elle fait apparaître un évènement extérieur qui va les perturber. Dans Ténébreuses, les évènements déclencheurs sont au nombre de deux: la rencontre d'Axel et d'Halina et le décès de Gerda. L'auteure observe alors l'évolution des émotions et des sentiments chez ses personnages. Et décrit les réactions qui en découlent. Elle prend son temps, nous prend par la main et nous amène souvent dans une situation totalement inattendue, mais toutefois parfaitement logique. Tout le plaisir de lecture chez Karin Alvtegen réside dans cette justesse de la description du changement d'état d'âme de ses héros au cours du récit.
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Un livre policier, ça promettait de m'en faire voire !

et voila que je tombe de haut... aucun suspense, limite c'est un livre sur une histoire familiale mais un pas un policier !

A c'est sûr il est facile à lire ! et heureusement qu'il est court !

une fin qui tombe à l'eau, très peu de suspense et une trame historique un peu alambiquée... Dommage !
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Cette suédoise, Karin Alvtegen, est donnée comme l'alter ego féminin d'Henning Mankell, maître es polar nordique.
Il est pourtant difficile de classer ce bouquin, Ténébreuses, parmi les policiers.
Pas d'enquête, pas de flic, pas vraiment de cadavre et presque pas de meurtrier.
C'est tout juste si l'on évoque effectivement un cadavre enfoui dans les mémoires, un cadavre dans un placard, comme on dit.
Car c'est d'une histoire de famille qu'il s'agit. Une sombre histoire de famille.
Une famille où, de père en fils et de fils en petit-fils, une chape de plomb pèse sur les âmes.
Une chape de compromissions et de lâchetés, de fuites et d'abandons, d'égoïsmes et de sacrifices, de trahisons et de mensonges.
Une famille presque normale quoi !
La famille d'un écrivain réputé (jusqu'au prix Nobel) qui aura tout sacrifié à son oeuvre.
L'auteur fameux est au crépuscule de sa vie, la gouvernante de la maison vient à décéder.
Commence alors une lente exhumation des secrets enfouis dans les placards de la maison.

[...] « Bon. Ainsi soit-il, maintenant tu es au courant. le mieux pour nous tous est que cela reste dans la famille, c'est pas quelque chose dont on a à parler. »
Les épaules de Jan-Erik arrêtèrent immédiatement de se soulever. Lentement, il se redressa et elle aurait préféré éviter de recevoir le regard qu'il lui donna. Puis il se leva, entra dans le salon et récupéra le papier. Continua vers l'entrée et sans qu'un mot fut prononcé, il disparut par la porte. Alice regarda sa montre. L'émission de télévision qu'elle avait attendue allait bientôt commencer. Pourquoi ressasser des souvenirs qui de toute façon ne servaient à rien. Intacts, ils reposaient mieux là où ils étaient.
Elle retourna vers le canapé et s'arma de la télécommande.

Le roman est habilement construit qui entremêle les flash-backs du passé et les tâtonnements du présent et qui, à chaque tour de roue, fait avancer la compréhension de la spirale infernale.
Au fil des pages, on tourne autour des secrets qui gangrènent depuis des années les relations chez ces gens-là.
Mais il faudra attendre les dernières pages pour retrouver la mémoire de l'horreur.
Mais ce n'est pas tout, encore quelques lignes et une autre horreur se dévoile.
Et une troisième, pire encore !
Dans les derniers chapitres, tout s'enchaîne et les personnages basculent un à un dans l'abime. Brrrr.
Noir, c'est noir. Ce qui finalement justifie la couverture et le titre français.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/2..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La population locale est en train de récolter le foin. Il faut remplir les greniers pour l'hiver, malgré la guerre, manger, poursuivre les activités quotidiennes. Devant une meule de foin faite dans la matinée, quatorze civils sont alignés. Ils ont tous les mains ligotées derrière le dos, et un bandeau sur les yeux. Schultz et ses sept camarades comprennent alors qu'ils se sont soudain transformés en peloton d'exécution.

Sur les huit soldats, sept n'hésitent pas, ils sont prêts à obéir et lèvent leurs fusils. Mais Joseph Schultz sent tout à coup qu'il en a assez. Dans le silence qui s'installe, il laisse tomber son arme à terre, s'avance lentement vers la meule de foin et prend place dans la rangée des condamnés à mort.
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avec une terrible clarté, elle comprit que son tour viendrait dans quarante ans, lorsque la vie aurait fini par confirmé son inutilité. Comme Alice, elle déverserait sa bile amère sur ceux qui s'approcheraient d'elle, sur Ellen, et sa future famille...et lui transmettrait cette mission impossible, essayer de réparer une vie perdue. placé sous ce nouvel éclairage, son point de vue changea. ses devoirs envers sa fille lui apparurent tout d'un coup bien différents de ce qu'elle pensait jusqu'alors.
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Nombre de morts qui y reposaient étaient des enfants [...] des parents endeuillés. le regret éternel avec lequel ils soignaient les tombes de leurs enfants chéris. l'interrogation quant à la profondeur de leur douleur et de leur désespoir lorsque la seule possibilité qui leur restait avait été de l'abandonner.
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Il s’effondra sur son lit défait. Pendant trente ans, il avait survécu à l’obscurité qui ne l’avait jamais quitté depuis ce jour-là.

Comment cela avait-il pu arriver? Il ne savait pas. L’obscurité l’avait aveuglé. Pendant trente ans il avait cherché, sans jamais réussir à trouver d’excuses. Pendant un moment, il avait essayé, refusant de porter cette culpabilité.

Mais la fissure d’un verre, même invisible, se trahit par un son sourd.

Le mal avait-il toujours existé comme une composante naturelle de son être, ou était-ce un envahisseur qui avait pris le dessus lorsque tout lui avait été volé? Lorsque tout ce qui lui restait était de détruire pour donner le change.

Il avait compris trop tard qu’il avait retourné la vengeance dans sa propre direction. Que ce dont il s’était montré capable l’avait enchaîné à une honte trop lourde à porter.

Le dernier souhait d’Axel avait été exaucé.

Le reste de sa vie était devenu une lutte pour être à la hauteur de l’immondice qu’il s’était révélé être. Toutes les résolutions finissent par s’accomplir, quand on s’y efforce vraiment.

Ce qu’il avait fait.

Et réussi, avec succès.
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il faisait souvent des promenades dans le cimetière, même s'il n'y avait pas de courses à faire. il le trouvait paisible, la peur du noir ne parvenait pas à l'en écarter. là où la mort habitait déjà, il n'y avait rien à craindre. il n'y avait que le calme et, en comparaison, tout devenait petit et surmontable. il n'était même pas certain de craindre la mort. parfois il en arrivait à envier ceux qui avaient fait leur temps et qui étaient maintenant autorisés à se reposer. non qu'il se languît de mourir, mais il ne se sentait pas non plus tellement désireux de vivre. ce qu'il leur enviait était qu'ils échappaient à la responsabilité de continuer à se battre.
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