Je commencerai par un syllogisme lu dans le journal de Spirou il y a plus de cinquante années et qui m’a toujours beaucoup plu par sa forme et son impact potentiel :
« Un fou ne sait pas qu’il est fou
Or, je sais que je suis fou
Donc je ne suis pas fou »
Alors qu’est-ce que la folie ? Est-ce simplement la déraison auquel cas on se contenterait de la définir par ce qu’elle n’est pas. Est-ce une perte de contact partielle, totale, momentanée ou durable avec le réel, sont-ce des conduites aberrantes, mettant en danger la personne malade et autrui ? Est-ce un trouble profond de la personnalité ou une réaction à un événement traumatisant ? Que devient la responsabilité de la personne considérée comme atteinte de « folie » au moment d’un accès ?
Sans pour autant me livrer à un paradoxe, ce n’est pas parce que j’ai passé une bonne partie de ma vie à soigner – je n’ai pas écrit guéri, mais bien soigner, prendre soin des patients en psychiatrie de 1971 à 2002, que je sais pour autant ce que sont la folie et le fou.
On peut toujours être le fou de quelqu’un ou d’une organisation, d’une société, d’un groupe parce que notre comportement diffère ou qu’il met en péril d’une manière ou d’une autre « les autres ».