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Critique de migdal


L'éditeur « Les Belles Lettres » est réputé pour l'exigence avec laquelle il sélectionne les auteurs et les titres publiés et sa collection « Mémoires de Guerre » compte des oeuvres de Winston Churchill, Arthur Conan Doyle, David Galuga, Ernst Junger, Rudyard Kipling, Curzio Malaparte et du Maréchal Soult.

Rares y sont les auteurs édités de leur vivant, à l'exception de François Malye, le directeur de collection, et encore plus rares les auteurs ayant plusieurs ouvrages à ce catalogue, autant dire que la parution, à un an d'intervalle de deux carnets de guerre du Colonel Ancel, est un événement.

Saint Cyrien, officier de la Légion Etrangère, Guillaume Ancel est intervenu en OPEX au Cambodge, au Rwanda, à Sarajevo et revenu à la vie civile, publie « Rwanda, la fin du silence » et « vent glacial sur Sarajevo ».

Préfacés par l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau (frère de la romancière Fred Vargas), directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), ces deux reportages diffèrent car l'opération au Rwanda fut une opération « humanitaire » sur un territoire privé d'état, d'ordre, au milieu de pillards et de génocidaires alors que Sarajevo plaça nos légionnaires entre deux armées et mit en oeuvre des moyens lourds et notamment aériens.

« Vent glacial sur Sarajevo » décrit avec force détails le métier d'un FAC, officier qui guide les tirs aériens, et sa lecture pourra être difficile à un lecteur peu au fait des techniques militaires.
« Rwanda, la fin du silence » est le témoignage d'un officier allant chercher les réfugiés au milieu d'une anarchie générale, et découvrant progressivement les preuves du génocide. Ces sauvetages sont lisibles sans culture militaire et ne laisseront personne indifférent. Elles sont sévères pour nos politiciens et ceci explique les pressions dont le Colonel Ancel est l'objet …

Ces pages d'histoire sont présentées comme romans et l'auteur camoufle le nom des officiers, dont beaucoup sont aujourd'hui généraux et commandent ou ont commandé nos armées. Figures contrastées, ces acteurs (militaires, humanitaires, journalistes, trafiquants) incarnent tous les caractères présents en contexte de crise ou héros et salopards se côtoient et l'auteur a un réel talent pour nous placer au coeur des actions.

Guillaume Ancel, avec sa plume trempée dans la sueur et le sang des légionnaires, s'inscrit ainsi sur les traces de Maurice Druon qui, en mai 1941 écrivait « la dernière brigade » et gravait l'épopée des Cadets de Saumur :
- « il parait qu'on a sauvé l'honneur de l'armée française … il y en a deux colonnes »
- Ils se penchèrent en rond sur la feuille, se mirent à commenter, à s'indigner des erreurs minuscules ou à rire des invraisemblances qu'on écrivait à leur sujet.
- Ils ne parvenaient pas à se reconnaitre dans le premier tableau qu'on faisait d'eux.

- Et ce fut ainsi qu'ils entrèrent dans la légende.
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