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Citations sur Winesburg-en-Ohio (14)

...mais la jeune fille ressemblait aux gens qui ont découvert la douceur des pommes ridées, elle ne pouvait plus fixer son esprit sur le fruit rond et parfait que l'on mange dans les appartements des villes.
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L'histoire de Wing Biddlebaum est l'histoire de ses mains. C'est leur activité incessante, semblable au battement d'ailes d'un oiseau captif, qui lui valait son prénom (1). Quelque obscur poète de la ville en avait eu l'idée. Ces mains-là inquiétaient leur propriétaire. Il se sentait forcé de les tenir cachées, et contemplait avec étonnement les mains tranquilles et inexpressives des hommes qui travaillaient à côté de lui dans les champs, ou qui conduisaient sur les routes de campagne de somnolents attelages.
(1) Wing veut dire aile.
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Il avait alors quarante-cinq ans et avait déjà commencé à remplir ses poches de bouts de papier, qui devenait des boulettes dures et puis étaient jetés....
Sur les papiers étaient écrites des pensées -- des fins de pensées, des commencements de pensées.
Une par une, l'esprit du docteur Reefy les avait forgées. Lorsqu'elles étaient assez nombreuses, il en tirait une vérité, qui atteignait dans son cerveau des proportions gigantesques. Cette vérité lui voilait l'univers, puis elle s'évanouissait pour faire place aux petites pensées.
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[...] ... "Eh ! bien donc, j'étais alors un reporter comme vous, passant mon temps à courir et trouvant peu de chose à faire imprimer. Ma mère était pauvre. Elle avait pris le métier de blanchisseuse. Elle rêvait de me voir devenir un ministre presbytérien et je dirigeais mes études dans ce sens.

Mon père était devenu fou plusieurs années auparavant. Il était enfermé dans un asile de Dayton, en Ohio. Là, vous voyez que j'ai laissé échapper mon secret. Toute l'histoire s'est passée en Ohio, dans notre Ohio. Voilà une clef pour vous, si jamais vous voulez une clef pour me démasquer.

Je vais maintenant vous parler de mon frère. C'est l'objet que je vise. Mon frère était peintre de la compagnie de chemins de fer et avait du travail au "Gros Quatre", vous savez, la voie ferrée qui traverse l'Ohio. Ses compagnons et lui vivaient dans une roulotte et allaient de village en village pour peindre ce qui appartenait aux chemins de fer : les aiguilles, les barrières, les ponts et les stations.

Le Gros Quatre peint toutes ses gares en un vilain orange. Comme je détestais cette couleur ! Mon frère en était toujours couvert. Les jours de paie, après s'être enivré, il rentrait chez nous dans ses vêtements tachés de peinture, muni de son argent. Il ne donnait pas cet argent à ma mère, mais le déposait en pile sur la table de la cuisine.

Il se promenait de long en large avec sa blouse couverte de la vilaine couleur orange. Je revois la scène. Ma mère, qui était petite et avait des yeux un peu rouges, à l'expression mélancolique, sortait d'un petit hangar attenant à la maison. C'était là qu'elle passait toutes ses heures, courbée sur un baquet, à laver le linge sale des autres. Elle entrait et s'arrêtait devant la table, frottant ses yeux rouges avec son tablier tout humide d'eau savonneuse. ... [...]
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[...] ... Il faisait froid dans la pièce du clocher, en cette nuit de janvier, et Curtis Hartmann sentit, presque aussitôt après y être arrivé, qu'il prendrait mal en y restant. Ses pieds s'étaient mouillés dans la neige et il n'y avait pas de feu pour les sécher. Dans la chambre de la maison voisine, Kate Swift [la femme qu'espionne en secret le révérend] ne se montrait pas encore. Avec une résolution farouche, l'homme s'assit pour attendre. Agrippant le bord du pupitre où s'ouvrait la Bible, il regardait les ténèbres d'un oeil fixe, plongé dans les plus noires pensées qu'il eût jamais nourries. Il songea à sa femme et, pour un instant, fut sur le point de la haïr : "Elle a toujours eu honte de la passion et m'a frustré," pensa-t-il. "L'homme a le droit d'attendre de la femme la vivante passion et la beauté. Il n'a pas le droit qu'il est un animal. J'ai en moi un peu de l'âme grecque. Je rejetterai cette femme de mon sein et en rechercherai d'autres. Je m'attaquerai à [Kate]. Je veux braver tous mes semblables. Si je suis une créature de désirs charnels, je donnerai satisfaction à ces désirs."

Bouleversé, le ministre tremblait des pieds à la tête, en partie à cause du froid, en partie à cause de la lutte morale qu'il soutenait. Les heures passèrent et la fièvre assaillit son corps. Sa gorge était douloureuse, ses dents claquaient. Sur le parquet de la pièce, ses pieds lui donnaient l'impression d'avoir été changés en blocs de glace. Cependant, il ne voulait pas abandonner la partie. "Je verrai cette femme et me livrerai aux pensées que je n'ai jamais osé avoir," se dit-il, agrippant toujours le bord du pupitre et attendant. ... [...]
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Recommandé par Amos Oz à la fin de son livre: Une histoire d'amour et de ténébres p 786
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Dans l'artère principale de Winesburg, la foule remplissait les boutiques et les trottoirs. La nuit tombait, les chevaux hennissaient, les commis de magasin allaient et venaient en courant, les enfants se perdaient et poussaient des cris perçants, une petite ville américaine se donnait un mal terrible pour s'amuser.
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La chose essentielle est de savoir ce que pensent les gens, non ce qu'ils disent.
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