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EAN : 9782253169390
408 pages
Le Livre de Poche (09/01/2013)
3.69/5   29 notes
Résumé :
Placé sous le double signe d'Huckleberry Finn et d'Abraham Lincoln, le héros de ce roman - que la critique anglo-saxonne place parmi les plus grandes réussites de l'auteur de Winesburg, Ohio (1919) - s'appelle Hugh McVey. Ce garçon nonchalant est converti aux vertus de l'autodiscipline par Sarah Shepard, une femme à l'esprit combatif. Hugh devient inventeur et sa machine à planter les choux va engager sa petite ville sur la voie de l'industrialisation. Au fil d'une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Par curiosité j'ai voulu lire ce classique de la littérature des Etats-Unis. Je savais seulement que Sherwood Anderson passait pour être un des écrivains qui avaient influencé Faulkner. Comme j'ai toujours été fasciné par les obscurités et le style de celui-ci, j'avais un préjugé favorable.
Je n'ai pourtant pas réussi à déceler une quelconque filiation entre le style assez filandreux de Sherwood Anderson et celui du grand William. S'il y a bien quelques ressemblances dans la thématique, notamment autour des frustrations sexuelles de ses personnages Hugh et Clara, l'arrière-plan est assez sage et convenu. Pouvait-il en être autrement en 1920 ?
Mine de rien, il y a parfois des remarques assez explicites, notamment sur les liens (platoniques) qui unissent Clara et son amie lesbienne, mais noyées dans une symbolique un peu trop lourde. Quant à Hugh, cet être fruste et mutique, arraché du limon de son Mississipi natal par une forte femme qui s'était obstinée à lui donner une éducation, il deviendra un inventeur reconnu de machines agricoles et industrielles. Il est le Pauvre Blanc devenu riche mais cette réussite ne lui a pas permis de vraiment s'ouvrir aux autres. Il reste à la marge, indéchiffrable aux yeux de tous y compris de sa femme, et probablement de lui-même.
Ce qui m'a surpris, c'est le pessimisme de Sherwood Anderson par rapport à la transformation des états du middle-west au tournant du vingtième siècle. Ils ont connu alors une industrialisation forcenée qui les a menés à céder leur charme rural et les mentalités à la mesure de l'homme pour devenir des régions encombrées où l'argent facile est roi. Indéniablement la morale de ce roman est proche du « c'était mieux avant ». Donc en phase avec notre époque pleine de doutes.
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J'ai beaucoup aimé ce roman. Je ne connaissais que très peu de choses de son auteur Sherwood Anderson (1876-1941). Il y a dans ce livre beaucoup de finesse descriptive des paysages, de la nature, du temps qui s'écoule mais aussi et surtout dans la psychologie des personnages. Tout y est décrit de manière très juste. L'histoire d'une bourgade rurale - Bidwell dans l'état de l'Ohio - qui à la fin du XIXème siècle va connaître un essor économique d'une très grande importance. Les conséquences de ce changement seront considérables pour chacun des protagonistes. Ce très beau roman questionne au fur et à mesure de son déroulement sur une société de plus en plus éprise de progrès technique et de spéculation mais où les hommes sont en perte de repères et s'éloignent un peu plus les uns des autres. Livre qui n'a rien perdu de son actualité.
Je le recommande vivement.
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Hugh McVey est un gamin élevé par son père, alcoolique et paresseux. Celui-ci oblige le gamin à travailler, afin de lui ramener de quoi picoler et ronfler. Hugh trouve un petit travail dans une gare. On est encore à la fin du XIX ème siècle. Et là, dans cette gare, il découvre LA femme...la première femme de sa vie, celle qui va le sortir de sa crasse intellectuelle, de sa paresse, lui faire découvrir, non pas l'amour - aucun des deux n'a la tête à ça - mais les livres, la culture. Elle est celle qui va lui faire découvrir son potentiel, qui va lui monter qu'il peut faire autre chose que balayer une gare.
Et le gamin passera sa vie de gamin dans les livres, à rêvasser et en s'isolant. "Il sentait que pour une raison inconnue, l'humanité le tenait à l'écart."
Jusqu'au jour où "il décréta qu'il devait avoir l'esprit occupé par une besogne précise" et alors il commença à se poser des questions sur tout..combien de pieux peut-on tirer d'un arbre....et à tenter de trouver des solutions pour planter des choux efficacement et sans fatigue pour les hommes...
Et le gamin devenu jeune homme, va tailler des morceaux de bois, des roues...pour tenter de résoudre ce problème...
Je vous passe des étapes, mais il va être repéré par ces hommes sans scrupule, sans argent, mais avec un baratin énorme qui vont voir en lui celui qui leur permettra de s'enrichir, qui vont persuader des banquiers, des investisseurs de la viabilité de leur projet...Grâce à lui, ils réussiront.
L'Amérique découvrait le capitalisme, le besoin de créer des usines, des emplois..les parents ou grands-parents de ceux qui décidaient avaient connu la guerre de Sécession... Comme les parents ou grands-parents de Chewood Anderson. On en était encore à défricher des terres occupées par les Indiens.
Sherwood Anderson nous fait assister à cette mutation del'Amérique..qui passe de la ruralité à l'industrie, du cheval à la mécanisation.
La fièvre du dollar gagne tous les esprits, "le cri de guerre "Réussir dans la vie" s'élevait alors dans toute l'Amérique", il fallait gagner de l'argent rapidement. Toute la société en est bousculée. "Les Morgan, les Frick, les Gould, les Carnegie, les Vanderbilt, serviteurs du nouveau roi, princes de la nouvelle foi, tous des marchands, nouvelle race de seigneurs, défièrent la loi de caste de l'ancien monde, qui voulait que le marchand vienne après l'entrepreneur, et ajoutèrent au désarroi des hommes en se donnant des airs de créateurs."
Hugh McVey devient invention après invention l'un de ces inventeurs del'ombre qui permet à d'autres de s'enrichir, de construire de belles maisons, de devenir des modèles pour cette société... Avec le capitalisme l'Amérique découvre les autres "ismes", machinisme, machisme, socialisme, protectionnisme...
Ses inventions, machines à décharger les wagons de charbon, machines à moissonner lui ont rapporté 100 000 $, mais il vit toujours dans une pension de famille et reste "négligemment vêtu". Il est secrètement amoureux de la fille de la patronne.Mais, incapable de lui déclarer sa flamme, cela n'ira pas plus loin...Son impuissance à communiquer le rend pitoyable. Je ne vous parlerai pas de sa rencontre avec les femmes, avec sa femme.
Il est un personnage filigrane du livre, ce n'est pas qui est dépeint dans "Pauvre blanc" dans toutes les pages, mais ceux dont il permet la mise en lumière, la fortune...C'est grâce à lui que Bidwell, ville du Middle West, se développe, s'industrialise.
Découvrez-le
Écrit en 1919 et publié en 1920, ce livre est un témoignage sur cette Amérique naissante, cette Amérique puissante, écrasant tout, dans laquelle chacun peut écraser l'autre, l'utiliser, cette Amérique qui découvrait le dieu Dollar, la bagnole, le tape à l'oeil, cette Amérique puritaine qu'il ridiculise en dépeignant les premiers émois sexuels des jeunes gens. L'Amérique découvre les premières grèves, le salaire à la pièce, les discours socialistes tentant de mobiliser les ouvriers.
Une peinture qui nous fait sourire ou nous indigne de ce coté de l'Atlantique. Une peinture efficace grâce à l'écriture de l'auteur, faite de phrases courtes, simples
Un témoignage qui se lit avec un oeil du XXIème siècle. Rien n'a vraiment changé.
Un livre dans la veine des grands romans américains...dommage que Sherwood Anderson ne soit pas mieux connu, et tombé dans l'oubli.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Pauvre Blanc n'est pas tant un roman consacré au personnage de Hugh McVey, enfant misérable et sans amour qui devient inventeur de machines agricoles pour échapper à une apathie presque congénitale, qu'un livre sur les luttes, les mutations et les questionnements des hommes et des femmes dans le Sud et le Midwest des États-Unis à la fin du XIXe siècle, à l'époque où ces régions, saisies par la fièvre de l'industrialisation et de la réussite sociale, s'arrachent brutalement et irrémédiablement à leurs origines rurales pour se couvrir d'usines, de quartiers ouvriers et d'une petite poignée de belles demeures bourgeoises. L'Amérique des pionniers et des défricheurs, terre de persévérance et de patience, donne naissance à une Amérique de l'agitation et de l'immédiat. Beaucoup se réjouissent du changement et des possibilités nouvelles ; d'autres, à l'image de Hugh et de Clara (la femme qui l'oblige froidement à l'épouser sur l'heure mais qui finira par l'aimer autant comme un mari que comme son enfant quand elle reconnaîtra en lui un désarroi comparable au sien), peut-être parce qu'ils comprennent mieux le prix que l'industrialisation et l'essor économique exigent des individus et de la nature ou peut-être parce qu'ils sont des êtres dépourvus de vanité et d'avidité dont les ambitions sont ailleurs, sombrent dans l'insatisfaction et la mélancolie face à cette modernité dans laquelle ils ne perçoivent ni poésie ni aucune réponse à leurs besoins et à leurs envies.

Dommage que Sherwood Anderson, qui exerça une influence déterminante sur Faulkner, Steinbeck, Caldwell, Hemingway ou encore Tom Wolfe, soit aujourd'hui tombé dans un oubli presque total : ce Pauvre Blanc, dans lequel il aborde également avec sensibilité et pudeur les thèmes des premiers émois sexuels et de l'homosexualité féminine, est un très grand livre qui n'a pas grand-chose à envier aux oeuvres de la plupart de ses très nombreux disciples. En fait, aucune des questions abordées dans ce roman (effets délétères de la mécanisation, urbanisation, solitude, inadaptation, frustration, déshumanisation, cupidité, mythe des grands hommes, vanité du pouvoir, etc.) n'a perdu de son actualité.
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Beaucoup aimé ce roman d'un auteur que je ne connaissais pas autrement que de renom. du lyrisme à chaque page, des personnages bien développés dans un contexte peu banal, celui de l'industrialisation à la fin du XIXe s. en Ohio aux États-Unis et la montée du capitalisme sauvage. Extrêmement intéressant, bien documenté et une belle leçon d'humanité.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La femme à la fenêtre , comme tous les habitants du Middle West, commençait à se rendre compte des conséquences qu'entraînait l'aventure industrielle (..) Comme tous les citoyens d'Amérique, elle croyait aux héros. Dans les livres, des périodiques, elle avait lu des récits sur des hommes héroïques qui s'étaient sortis de la misère par quelques étrange alchimie alliant à leur forte personnalité toutes les vertus. Un pays vaste et immense come le leur n'exigeait-il pas des figures immenses? Lincoln, Grant, Garfield, Sherman, une demi-douzaine d'autres firent figure en quelque sorte de plus qu'humains dans l'esprit de générations qui succédèrent immédiatement à leurs exploits hors du commun. Et maintenant c'est l'industrie qui inventait une nouvelle race de demi-dieux.
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Les hommes attendent une certaine chose des femmes. Une chose fragile et facile à détruire. Car l'amour est la chose la plus délicate du monde. C'est comme une orchidée. Et les hommes essaient de cueillir les orchidées avec des tenailles. Les imbéciles !(P. 154)
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Dans toutes les villes du Middle West américain, c'était alors une période d'attente. Le pays ayant été défriché les Indiens repoussés dans une vaste région reculée vaguement désignée comme l'Ouest lointain, la guerre de Sécession livrée puis gagnée, il n'y avait plus de grand problème national touchant de près la vie des citoyens et les hommes se replièrent sur eux-mêmes. Dans les lieux publics, on se mit à parler ouvertement de l'âme et de son devenir (P. 42)
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Elle réalisa avec un frisson que les hommes comme son oncle, dont l'existence consiste à aligner des rangées de chiffres ou à accomplir inlassablement une tâche terriblement vaine, ne voient en leur femme qu'une créature auprès d'eux, physiquement attachée à leur service, et parfois sans doute assez bien vêtue pour les aider à étaler prospérité et réussite, et finissant dans une stupide résignation due à leur étroitesse d'esprit - une résignation contre laquelle tous deux, elle et le jeune homme passionné, retors, s'insurgeaient. (P. 151)
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Croyez-moi, il va y avoir une nouvelle guerre ici, déclarait-il. Ce ne sera pas comme pendant la guerre de Sécession une simple histoire de fusillades et de massacres. Ce sera d'abord une lutte entre les individus afin que soit déterminée à quelle classe chacun doit appartenir, puis suivra une longue épreuve silencieuse entre les classes, entre ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien. Ce sera le conflit le plus effroyable de tous.(P. 47)
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