Car vivre, c'est survivre à la somme de toutes ses erreurs. Et c'est le faire joyeusement : les erreurs sont inévitables, parfois fécondes. Les regrets, en revanche, sont toujours stériles, et nous font souvent bien plus de mal que les erreurs commises.
Être humain, c'est accepter sincèrement cette dimension de solitude ontologique : il y aura toujours une petite part de nous non transmissible et non partageable.
Face aux blessures de l'amour et du lien
Et puis la compassion est un remède à toutes les blessures, qui sont toujours, au fond, des blessures ou des déceptions au regard de l'amour et du lien. Tous nos chagrins sont des chagrins d'amour, avec un grand ou un petit A. Et les seuls remèdes qui vaillent sont - aussi - des remèdes d'amour. C'est pour cela qu'Henry David Thoreau, dans son Journal, écrivait, "il n'y a qu'un remède à l'amour, aimer davantage".
Aimer davantage, pas forcément la même personne, mais ne jamais renoncer à aimer, au-delà de ce qui nous a déçus ou fait souffrir, au lieu de ne plus vouloir aimer. Oui, il n'y a qu'un remède à l'amour : aimer davantage, surtout celles et ceux qui souffrent.
"D'une douleur extrême je viens à recouvrer, comme d'un éclair, la belle lumière de la santé, si libre et si pleine. De combien la santé me semble plus belle après la maladie."
Montaigne
Savoir être seul permet la véritable rencontre avec soi même, sans le leur de nos bavardages et dispersions sociales.
L’introspection n’est pas socialement productive : nous ne fabriquons rien, nous ne dépensons rien. Rien ne sera donc fait par la société pour nous y encourager… Cela ne viendra que de nous.
Tu seras vraiment aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l'autre s'en serve pour manifester sa force.
Cesare Pavese
Regardez un peu mieux le miroir : autour de votre visage, il y a le commencement du reste du monde. Il est temps d'y revenir et de le parcourir ...
[...] Et il ne s'agit pas - ou pas seulement - de rendre notre vie plus belle. Mais de prendre conscience que toutes ces émotions agréables nous aident à mieux affronter l'adversité. C'est pourquoi la moitié de notre travail sur la vie intérieure devrait consister à reconnaître l'extrême variété de nos émotions agréables, à les susciter, les savourer. À les nommer !
Camus disait : « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. » Et mal savourer les émotions agréables, c'est priver notre bonheur de ressources quotidiennes inépuisables.
" Ces heures de solitude et de méditation sont les seules de la journée où je sois pleinement moi et à moi sans diversion, sans obstacle, et où je puisse véritablement dire être ce que la nature a voulu.
... L'habitude de rentrer en moi-même me fit perdre enfin le sentiment et presque le souvenir de mes maux, j'appris ainsi par ma propre expérience que la source du vrai bonheur est en nous... ."
Jean-Jacques Rousseau