À L’HOPITAL
À René Wolfromm
À l’hôpital le temps est long
Le temps est long mais sans surprise
il y a le café, le bouillon
les thermomètres anonymes
le rite lent du pansement
et les vingt sortes de piqûres
il y a les bocaux pleins de sang
il y a les bocaux pleins d’urine
il y a les tuyaux, les serpents
il y a les médecins lointains
et les infirmières rieuses
il y a l’oiseau qui chante à cinq heures
il y a les bras jaunes et bleus
il y a les hommes, il y a Dieu
il y a la mort et la douleur
il y a la peur, il y a les pleurs
et dehors, il y a le bonheur
Cochin, mars 1971
POÈME POUR LES NOCES D’OR DE LUCIEN ET JOSÉPHINE
C’est en sortant de l’autre guerre
que Lucien l’avait rencontrée
Était-ce sur les bords de l’Erdre
ou au Passage Pommeraye
Ce qui est certain, c’était à Nantes
près de la Loire grise et lente
à Nantes la bien-aimée
Ils se sont aimés cinquante ans
Lucien et Joséphine
Cinquante ans c’est un bout de temps
au bout duquel change la mine
Mais les cœurs fidèles et constants
vieillissent sans une ride
Honneur à l’amour qui résiste
à l’hiver, à l’usure, aux ans.
Kerado, 28 août 1971