Citations sur Ma douce Audrina (32)
Il faut que ton cerveau se libère de toutes tes angoisses. Ne
ressens ni peur, ni ravissement, ni affolement. N’attends rien et tout te sera
donné. Estime-toi seulement heureuse d’être en vie, d’être celle que tu es, là
où tu es. Ne demande rien, reçois tout. Reste là, assise, et absente-toi de
tout ce qui t’inquiète et t’effraye. Laisse cette quiétude te détendre le corps
et l’esprit, et si le sommeil se manifeste, laisse-le t’envahir. Tu m’entends ?
Tu écoutes ? Pas d’affolement. N’aie pas peur. Papa est là.
Rêver, toujours rêver. C’était précisément ce que je ne
voulais pas faire. Est-ce qu’il allait continuer ainsi indéfiniment, même quand
je serais vieille ? Ou est-ce que j’allais être capable de capter le don
de Première Audrina ? Dieu fasse en tout cas que ce don m’emporte vers un
autre destin que le sien. Apparemment, il ne pensait jamais à cela. Pourquoi ?
Les adultes en savent bien plus sur la vie, surtout lorsqu’il s’agit de leur
propre chair et de leur propre sang. Nous avons conscience que tu es
hypersensible. Nous souhaitons t’épargner les souffrances inutiles. Nous t’aimons.
Nous voulons que tu aies une jeunesse heureuse et que tu grandisses sainement, c’est
tout.
Certaines filles sont nées pour devenir des créatures
du genre de Vera. Les garçons savent les repérer à des kilomètres. Je ne me
fais aucun souci pour elle, cela ne servirait à rien. C’est pour toi que je me
fais du souci parce que c’est toi que j’aime. J’ai été un garçon moi aussi, et
je sais ce que les garçons pensent. Je suis désolé de t’apprendre qu’on ne peut
leur faire aucune confiance, du moins pour la grande majorité d’entre eux. C’est
pourquoi je te défends d’aller dans les bois, il faut rester près de la maison.
L’école présente trop de danger pour une petite fille comme toi, belle et
sensible. Quand tu seras grande, tu appartiendras à cette sorte de femmes qui
sont la rédemption du genre humain. C’est pour cela que je lutte. Je me bats
pour te préserver de la contamination.
Le monde serait bien
monotone si tout le monde savait toujours tout sur tout le monde. Le sel de la
vie, c’est le mystère. C’est le mystère qui nous permet de continuer à vivre, car
nous avons envie de découvrir le plus de secrets possible.
C’est lorsqu’on aspire au meilleur
qu'on obtient ce qu’il y a de meilleur.
C’est difficile, bien sûr, d’aimer une
petite fille si méchante et si haineuse, mais il faut essayer. Il y a chez Vera
une pointe de cruauté qui me tourmente. J’ai si peur qu’elle fasse un jour
quelque chose qui pourrait te blesser, nous blesser tous. (Le regard de ses
yeux violets errait dans la pièce.) Dire qu’il a fallu que ta tante revienne
vivre ici ! Comme si notre existence n’était pas déjà assez compliquée !
« Chose trouvée, chose gardée », c’était la
règle, et moi je croyais aux règles, aux adages, aux maximes parce qu’ils
étaient à l’épreuve du temps et que le temps en savait plus que moi sur tous et
sur tout.
On se sent si désarmée quand on s’est cassé
le bras. C’est pire qu’une jambe cassée, on ne peut rien faire toute seule. Mais
toi qui ne manges guère, je me demande pourquoi tu ne te casses pas plus
facilement les os… Tu as sans doute une charpente de paysanne.
Tout
le temps de la fête, Papa semblait ravi. Mais dès que les invités étaient
partis, il s’en prenait violemment à Maman à propos de quelque incident mineur
qu’il qualifiait de « faute de goût » : elle avait regardé tel
ou tel homme séduisant avec trop d’insistance, ou dansé plusieurs fois de suite
avec lui. Décidément, il était bien difficile d’être une femme. On ne savait
jamais comment se comporter exactement, ni jusqu’à quel point on pouvait se
montrer