Puisque la vie est notre plus précieux cadeau / Et qu’on nous a donné de ne vivre qu’une fois / Vivez sans regretter / Les années futiles et apathiques.
Je ne trouve un soulagement à mes interrogations que lorsque je finis par admettre que je ne suis pas obligée de tout connaître, que c’est déjà beaucoup de savoir tout ce que je sais, et que tout ça que j’ai appris n’est pas forcément la vérité.
J’ai pensé que j’aurais dû ajouter : Je te jure que tu ne me veux pas comme adversaire, car, si je me sens menacée, je me bats pour gagner, et j’oublierai vite que j’ai au moins trente ans de plus que toi, et tu verras que ma réputation de passionnée n’est pas un mythe. Or, à la fin du combat, si je te voyais vaincue je le sentirais gênée d’avoir transporté toutes les peines, les joies, les peurs et la gloire à travers lesquelles j’ai vécu, pour triompher d’une femme qui semble encore avoir tant à apprendre. Je ne serais pas fière de moi. En revanche, si tu triomphais, je serais dévastée et capable de catapulter tous les projectiles que je trouverais à portée de main.
- Assieds-toi à cette table, prends ce stylo à bille et écris sur ce bloc les bienfaits de la vie.
- Mais, Wilkie, je ne veux pas parler de ça. Je te dis que je suis en train de devenir folle.
- Ecris d’abord ce que je viens de te demander et pense au millions de gens qui ne peuvent pas entendre une chorale, une symphonie ou leur enfant pleurer. Écris Je peux entendre, grâce à Dieu. Écris ensuite que tu peux voir ce bloc de papier jaune, et pense aux millions de gens à travers le monde qui ne peuvent voir ni les chutes d’eau, ni les floraisons, ni le visage de leur bien-aimé. Écris Je peux voir, grâce à Dieu. Écris ensuite que tu peux lire. Et pense aux millions de gens dans le monde qui ne peuvent lire ni le journal, ni une lettre de leurs proches ni les panneaux de signalisation d’une rue bondées.
Ma fille, vois les choses ainsi : lorsque les gens t’évitent, savouré les temps qu’ils te laissent pour méditer et pour réfléchir aux soins à donner à ce qui t’affrète vraiment.
Ma vie a été longue, et sachant que la vie chérit ceux qui la vivent, j’ai osé tout tenter, tremblante, parfois, mais osant, néanmoins.
Il faut trouver le courage de dire que l’obscénité n’est pas drôle, que la vulgarité est assommante.