Nous marchâmes encore deux jours sans trouver une goutte d’eau ; les Maures nous donnèrent à boire de l’urine de chameau mêlée avec du lait ; cette boisson n’avait rien de désagréable , je la préférais même à l’eau dégoûtante que nous avions bue jusqu’alors.
Nous voyons, chaque jour, les uns exploiter les influences qu’ils se sont acquises, d’autres leurs industries ou leurs talents, ne me pardonnera-t-on pas à moi d’oser, hélas ! exploiter le souvenir de mes douleurs ?
Sur ce terrain où germent sans cesse les plus vives angoisses, j’espère trouver encore quelques adoucissements, car il n’est point d’excès d’infortune qui ne puisse être vaincu avec honneur par le courage et l’espérance.
Pénétré de cette vérité, j’ai conçu le projet de livrer au public, un ouvrage intitulé : Scènes d’un Naufrage ou la Méduse.