AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 112 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La vie de Lazarillo de Tormès est un des romans picaresques par excellence, pour ceux qui apprécient le genre. Un des premiers, d'ailleurs, paru en Espagne au milieu du XVIe siècle. Il a ouvert la voie, comme on dit. Il faut s'en rappeler, aussi, parce qu'il est incomplet et que le style peut paraitre répétitif. Vous êtes prévenus. On y rencontre le jeune Lazarillo qui fait l'apprentissage de la vie à la dure : l'existence est injuste et difficile, surtout si on nait au bas de l'échelle sociale. Les maitres flouent ou maltraitent leurs subalternes (ou quiconque de moins bonne naissance) et chaque fois qu'on les abandonne et qu'on poursuit sa route, c'est pour tomber sur pire. Allant d'un mendiant aveugle qui s'improvise guérisseur à un archevêque, passant par un prêtre, un écuyer, un moine, un vendeur d'indulgence et un bailli, l'enfant aura tout vu ou presque.

En effet, sur les routes d'Espagne, entre Salamanque et Tolède, il rencontre plusieurs maitres, tous aussi fourbes et égoïstes les uns que les autres. le jeune homme est confronté à la mesquinerie des gens, à la violence et la cruauté de l'époque, au poids écrasant de la religion. Malgré cela, le lecteur ne s'apitoie jamais très longtemps sur le sort du jeune homme. D'ailleurs, Lazarillo ne se le permet pas non plus. Positif, confiant, optimiste, (naïf?), il est toujours prêt à se lancer dans de nouvelles aventures, à servir un maitre incompétent qui n'attend pas l'autre. Pis, le jeune homme trouve toujours le moyen de se moquer d'eux quand il le faut, de tourner au ridicule leurs travers ou les diverses situations dans lesquelles il se trouve, allégeant ainsi l'atmosphère. Son humour décapant les écorche rudement au passage.

Avec tous ces maitres cruels et unidimensionnels, on est loin de l'écriture moderne avec l'évolution psychologiques des personnages. Même avec le protagoniste. Malgré sa verve, sa personnalité colorée, son intelligence et sa ruse qui se développe, il répète continuellement les mêmes erreurs. On est dans la caricature, avec ces traits de caractère au gros crayon. Je suppose que c'est ce qui plaisait, ce qui faisait rire à l'époque. Après tout, c'est une satire. Ça doit rester léger. Prenons-le ainsi et profitons de ce moment de détente. Comme je l'écrivais plus haut, le roman est resté inachevé. On ne saura jamais quels autres maitres auraient été les suivants, s'ils eussent été pire que les précédents. Ou ce que serait devenu Lazarillo une fois adulte. Se serait-il transformé en maitre pénible à son tour, se vengeant sur des jeunots du sort atroce qu'il avait vécu? Qui sais? Ceux qui auront aimé ce roman pourraient apprécier la réécriture qu'en a faite Camilo José Cela (prix Nobel de Littérature) en 1944.
Commenter  J’apprécie          390
La lecture de Don Quichotte m'a donné envie de relire ce court récit que j'avais étudié à la fac.
De la veine des romans picaresques, celui-ci se veut être une autobiographie d'un jeune Espagnol dans l'Espagne du 16ème siècle, soit le Siècle d'or marqué par la Reconquista et la découverte de ce qui deviendra les premières colonies espagnoles sur le continent américain.
Lazare est un enfant élevé dans la misère, son père étant mort lors d'une expédition contre les Maures après avoir d'abord été emprisonné. Débrouillard, poussé sans cesse par la faim, il va de maîtres en maîtres, maltraité en général et poussé à subvenir lui-même à ses besoins vitaux.
Cette autobiographie est prétexte à la critique de la société espagnole vue par les yeux d'un miséreux: hidalgos fauchés, religieux avares ou corrompus tout comme les alguazils (ceux qui détenaient la justice).
Le livre est plaisant, notamment la première partie où on assiste aux débuts du petit Lazare et à ses déboires tout en retrouvant l'Espagne encore très influencée par la présence des Maures autant dans le vocabulaire que dans la société multiculturelle. Les derniers chapitres semblent s'essouffler un peu en cumulant les différents maîtres qui, sitôt rencontrés, sont aussitôt remplacés par le suivant.
Presque contemporain de Don Quichotte, il décrit la même Espagne mais d'un genre très différent.
Il ne me reste plus qu'à lire maintenant La vie du truand Don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et modèle des filous, de Francisco de Quevedo, autre roman picaresque contemporain de Don Quichotte et qui a d'ailleurs inspiré la fabuleuse BD Les Indes Fourbes d'Alain Eyroles.
Commenter  J’apprécie          260
Un bon souvenir que la lecture de ce court roman espagnol du seizième siècle, qui est devenu un classique du roman picaresque.
Un jeune homme se voit entraîner dans une série d'aventures qu'il ne maîtrise pas, qui vont plus lui apporter des ennuis que du bonheur et qui le rendrons encore plus ruiné qu'il était pauvre. le style est énergique, on ne s'ennuie pas et c'est un bon exemple pour entrer dans ce genre littéraire peu connu en France, qui prend son origine dans le picaro, le jeune homme sus-décrit.
On découvre aussi l'Espagne de cette époque, avec de belles descriptions et des personnages tous peu recommandables et on a un exemple d'anti-héros avant l 'heure.
C'est une lecture profitable et pas seulement pour la culture.
Commenter  J’apprécie          140
La vie de Lazarillo de Tormès est considéré comme l'un des romans fondateurs du genre picaresque. En effet, le narrateur est interne et omniscient, c'est le protagoniste éponyme lui-même qui fait une autobiographie générale de sa vie, la retraçant dans les grands épisodes. Même si les chapitres sont séparés et ne contiennent pas de connecteurs logiques, les petites histoires s'enchaînent avec fluidité et régularité.

Concernant l'auteur de ce roman, il a voulu rester dans l'anonymat. Plusieurs hypothèses circulent concernant ce choix, notamment sur le fait que l'auteur a pût être un juif forcé de se convertir au christianisme par le gouvernement Espagnol. Dans un contexte d'âge d'or de l'Espagne, à l'apogée de son système économique, l'auteur retrace avec tristesse les personnes oubliées, qui ne profitent pas de cette riche ascension, et restent dans la misère la plus totale.

Pour apporter du poids à son récit, le protagoniste Lazarillo est plongé directement, dès sa naissance, dans la plus grande détresse matérielle. En effet, il naît dans un ruisseau, avec un père en prison, et une mère obligée de fréquenter un homme de couleur pour pouvoir survivre. Aucun sentiment ne pointe, ne serait-ce que de l'amour envers son enfant. Bien au contraire, la mère vend Lazarillo à un aveugle, alors même qu'elle travaille dans une auberge où celui-ci loge.

Commence alors une longue aventure mouvementée, où le jeune homme passe de main en main, de maître en maître, et tente au mieux de survivre. Dans cette pauvreté monstre, Lazarillo comporte néanmoins un trésor bien précieux : la ruse. En effet, dès sa première rencontre avec son maître l'aveugle, les tours ne manquent pas. Plus les pages défilent, plus les ruses se multiplient, seul moyen de contrer le manque de nourriture et de pouvoir manger à sa faim.

On voit donc dans ce livre une virulente critique des moeurs espagnoles, notamment de la classe montante, qui en oublie les pauvres. Dans cette classe montante se trouve les hommes d'églises, qui sont montrés de manière négative dans La vie de Lazarillo de Tormès, ils se détournent de leurs droits, ils en deviennent hypocrites et avares. C'est donc une satire anti-cléricale, doublée d'un humour noir sur la condition dégradée et tragique du personnage, qu'a retracé ici l'auteur anonyme.

Un très bon roman, qui se lit facilement, avec la particularité de comporter le texte source en espagnol et sa traduction française par Bernard Sesé. J'ai bien aimé le ton employé, le tracé méthodique de la vie du héros, et le contexte spatio-temporel dans lequel s'écrit ce livre. Etudié en cours de littérature comparée d'espagnol, je ne regrette absolument pas cette découverte.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
Commenter  J’apprécie          130
N°558 – Mars 2012

La vie de Lazarillo de Tormes - Anonyme.

Ce livre raconte les tribulations d'un orphelin d'une dizaine d'années dans l'Espagne du XVI° siècle entre Salamanque et Tolède. Pour lui la vie a mal commencé et il est confié par sa mère, veuve, à un aveugle avaricieux et vagabond qui subsistait en récitant des prières, en mendiant et en exerçant une activité de pseudo-guérisseur. L'enfant lui servit de guide mais surtout de souffre-douleur. Il en acquit une expérience particulière qui l'amena à être aussi malin que ce maître qu'il finira quitter pour se mettre au service d'un prêtre ladre et dépourvu de toute charité qui le congédie.
Poursuivant sa quête de mieux-être il se mettra au service d'un écuyer impécunieux et malhonnête qui l'abandonnera à son sort, puis il proposera ses services à un moine qui n'avait que peu de goût pour la vie monastique. Après quelques aventures, il entrera au service d'un bulliste, hâbleur et charlatan qui vendait des bulles papales et surtout les indulgences qui allaient avec à un public populaire et crédule. le garçon ne manqua pas de s'apercevoir que ce commerce était avant tout basé sur la naïveté de la clientèle mais aussi sur des manoeuvres où la supercherie et la dévotion religieuse n'étaient pas absentes. le garçon finit par rencontrer un chapelain qui le traita passablement et qui lui permit de s'insérer dans la société en devenant crieur public. Enfin, il croisa la route d'un archiprêtre qui le maria avec sa servante et fit de lui un citoyen honnête, même si la lecture de l'épilogue peut signifier que Lazarillo souhaita faire perdurer sa situation, même au prix d'une complaisance conjugale.

Il s'agit d'un écrit anonyme, publié en 1554 à Burgos, mais le style du texte, la richesse du vocabulaire, le respect de la syntaxe, l'analyse des situations et la pertinence des remarques donnent à penser que l'auteur ne peut être qu'un lettré et qu'un homme cultivé. Ce livre fut bien entendu censuré par l'Inquisition et parut en 1573 sous une version expurgée. Des noms d'auteurs sont avancés notamment comme celui de Diego Hurtado de Mendoza y Pacheco[1503-1575], poète et diplomate espagnol, Lope de Rueda [1510-1565] dramaturge et poète espagnol, de même que celui de Sebastien de Harozco[1510-1580] et même celui d'un moine dominicain et professeur de mathématiques Juan de Ortega [1480-1568]. On a même pensé que l'auteur pouvait être un chrétien espagnol vivant en Flandres, à cause de la parenté de Lazaro avec Till Ulenspiegel. Bien entendu rien n'est confirmé.

C'est, en tout cas l'occasion pour l'auteur de se livrer, sous couvert d'un récit facétieux, à une évocation critique de la société à une période que L Histoire a cependant retenu sous le nom de « Siècle d'Or ». Elle présente Lazarillo comme un jeune garçon sans expérience dont le seul et unique but est de manger mais qui finalement parvient à une certaine aisance matérielle. le texte s'inspire de la tradition orale populaire et s'inscrit dans un contexte satirique mettant en scène le mendiant, le prêtre avare et l'écuyer(variante de l'hidalgo) ridicule et famélique.

A titre personnel, j'ai toujours été extrêmement intéressé par cette période de l'histoire littéraire espagnole.

Quelques mots sur le roman picaresque.

Le roman picaresque est né en Espagne au XVI° siècle. Cela vient du mot espagnol :« picaro » qui signifie misérable, mais aussi futé, malicieux.
D'aucuns en font remonter l'origine à l'Antiquité et plus particulièrement à Apulée, écrivain d'origine berbère né probablement en 123 après JC et mort vers 170. Son oeuvre principale est « L'âne d'or » où le héros, un aristocrate nommé Lucius est transformé par accident en âne et connaît différentes aventures parfois burlesques mais aussi malheureuses.
Le roman picaresque se caractérise par une vision critique de la société et des moeurs de l'époque. Sa construction d'une grande liberté permet à l'auteur de faire se succéder sans grande logique des épisodes différents au sein d'un même récit. En ce sens, il diffère des genres littéraires traditionnels comme la tragédie ou le discours qui répondent à des règles de constructions très précises. La peinture sans complaisance de la société implique en effet une liberté totale d'expression. Il s'oppose également au gongorisme, très en vogue au temps des Habsbourg
Le picaro est toujours d'un rang social très bas, constamment aux prises avec la faim, la souffrance et la malchance. En ce sens, il est l'exact contraire du chevalier à la condition et à l'idéal plus élevés. le picaro est le type même de « l'anti-héros » qui vit en marge et ne recule devant rien pour améliorer sa condition, pourtant il échoue toujours dans cette entreprise. Quoiqu'il fasse, il restera toujours un déshérité !
Pour autant, le picaro qui entre pour survivre au service de différents personnages qui lui sont socialement supérieurs ne manque pas de critiquer son nouveau maître. Il y a donc dans sa démarche une dimension satirique incontestable et même moralisatrice puisque la conduite dévoyée d'un individu se termine souvent soit par un repentir soit par une punition. N'oublions pas non plus que ce genre littéraire s'épanouit à un moment connu pour être « l'âge d'or » de l'Espagne, ce qui en fait un témoignage exceptionnel du point de vue psychologique et sociologique.
Du point de vue style, le texte est souvent rédigé à la première personne ce qui peut faire passer, à tort cependant, le récit pour une autobiographie. Il évoque le parcours aventureux du héros, souvent obligé de changer de maître au gré des nécessités puisque sa seule préoccupation est de survivre, c'est à dire de manger, dans une société dont il semble exclu ou dans la quelle il a le plus grand mal à s 'insérer.

Ce genre littéraire a été illustré notamment par « La vie de Lazarillo deTormes » (1553), récit anonyme, par « Guzman de Alfarache » (publié en deux parties en 1599 et 1604) de Matéo Aleman, par « Las relaciones de la vida y aventuras del escudero Marcos de Obregon » (1618) de Vicente Espinel, par « El buscón » de Francisco de Quevedo. Alain-René Lesage [1668-1747] peut être considéré comme l'héritier français du roman picaresque avec « Gil Blas de Santillane »

© Hervé GAUTIER - Mars 2012.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          74
Ce court roman publié (probablement) en 1544 par un auteur anonyme est frappant à plus d'un titre :d'abord il inaugure un genre :le roman picaresque (récit à la première personne des tribulations d'un gueux ) . Et c'est en cela que réside aussi son originalité en un temps où chevalier et bergers sont les héros favoris il met en scène un pauvre qui est tout sauf un ange ! Lazarillo se retrouve par le malheur des temps à la rue alors qu'il a une dizaine d'années. Il va connaître une succession de sept maîtres qu'il décrit en autant de chapitres . le premier qui fait son éducation à la mendicité (avec brutalité et méchanceté mais l'enfant le lui rend bien) est un mendiant aveugle ,plusieurs autres sont ecclésiastiques tous plus ou moins corrompus. le seul pour qui il aura de la sympathie est un écuyer presque aussi pauvre que lui ,type parfait de l'hidalgo n'ayant que son « honneur » pour fortune. Ces expériences sont une très rude école qui lui permettra (avec aussi son inaltérable énergie) in fine de sortir de la misère . Une vision d'un cruel réalisme d'une société féroce aux misérables .
Commenter  J’apprécie          52
Lazarillo di Tormes est littéralement né dans le ruisseau. Sa mère ne pouvant subvenir à ses besoins, celui ci doit quitter le logis à la recherche d'une bonne fortune. Il est encore bien naïf, ses maîtres se chargent de lui mettre du plomb dans la cervelle. de biens tristes sires en vérité, tous grigous, ladres, madré et impecunieux, autant dire qu'il est à bonne école. A force d'orions, de déceptions et de mésaventures notre brave et sympathique héros saura s'élèver à la tâche insigne de crieur publique.

Cette oeuvre que voici, est présentée comme l'autobiographie du héros éponyme. Ce roman pour rire annonce la vogue des romans picaresques. le récit est enlevé, coloré, plein de bouffonnerie et de farce, légèrement irrévérencieux. Les derniers chapitres se succèdent un peu trop vite et la fin tombe un peu à plat. Un classique du siècle d'or à découvrir.


Commenter  J’apprécie          40
Petit roman picaresque de satire essentiellement religieuse datant du milieu du XVIème siècle, cette oeuvre, attribuée soit à Mendoza, Lope de Rueda ou encore un moine hiéronymite Fray Juan de Ortega, tire son origine en partie d'un personnage qui pourrait ressembler à Till l'Espiègle et des aventures du folklore espagnol et international. Il passe en revue divers types sociaux (le mendiant aveugle, le prêtre avare, l'écuyer famélique, le moine, le marchand d'indulgences...) et dresse dans un style ironique sous une apparente ingénuité une étude de moeurs réaliste. le succès sera immédiat avant de subir les foudres de l'Inquisition puis de renaître en Europe en connaissant plusieurs suites.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (277) Voir plus



Quiz Voir plus

Que de mystère..!

Dans quelle ville ce déroule l'histoire ?

Santa Mondega
Salvador
Paramaribo

11 questions
289 lecteurs ont répondu
Thème : Bourbon Kid, tome 1 : Le Livre sans nom de AnonymeCréer un quiz sur ce livre

{* *}