AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 109 notes
5
11 avis
4
9 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En refermant ce livre, j'ai éprouvé comme un besoin momentané de silence et de recueillement. Peut-être pas très compliqué à réaliser comme voeu, diriez-vous, par exemple, en ces temps de restrictions avérées et de claustration préconisée..!

Dans tous les cas, la lecture de DES JOURS D'UNE STUPÉFIANTE CLARTÉ m'a laissé un sentiment teinté de gravité et provoqué une certaine componction. Pour ce qui est donc de mes étoiles, l'exaltation que je recherche d'habitude en tant que lecteur (je n'y peux rien, l'Amérique Latine coule aussi dans mes veines !!) n'y serait pas, je crois, pour grand-chose.

Il y a pour moi, je ne vous cache pas, et probablement on s'en doute déjà, quelque chose de difficile à exprimer à propos de cette lecture que je situerais volontiers, à un niveau purement intuitif de l'état actuel de mon pauvre raisonnement, entre « La Route», de Corman McCarthy, et «La Pesanteur et la Grâce », de Simone Weil.

DES JOURS D'UNE STUPÉFIANTE CLARTÉ raconte, en toute simplicité stylistique et narrative, le «retour à la maison » du jeune Theo Kornefeld suite à la débâcle provoquée dans les camps de concentration ukrainiens par l'avancée progressive des troupes russes. Les déportés se retrouvant subitement libérés et livrés à eux-mêmes, errent en grande partie hébétés sur les routes d'une Europe centrale dont la réalité géographique reste ici accessoire, fondamentalement floue. Jonchées de débris de la guerre, étrangement dépourvues de traces de la civilisation moderne ou d'urbanité, ces dernières évoquent une sorte de no man's land propice aux chimères de toutes sortes, et où certains, égarés, décideront de s'installer à demeure...

L'expression « stupéfiante clarté » du titre m'intrigue. Quelle est cette stupéfiante clarté dans un récit qui s'apparenterait au départ à un témoignage sur les abominations terribles subies par le peuple juif pendant la Deuxième Guerre mondiale, et dont l'auteur lui-même avait personnellement pâti durant son enfance?

Certes, il fait plutôt beau pour la saison, devant Theo il y a le ciel qui «s'ouvrait dans une limpidité bleutée», même si , apprend-on , «la lumière se déversait à l'intérieur de son corps comme dans un récipient vide», mais de quoi s'agirait-il au juste sous ce titre très arcadien et bucolique ?
De l'éblouissement face à la liberté retrouvée ?
Du constat sidérant que rien ne serait plus pareil? Qu'il n'y aurait pas de retour possible, puisque «nos maisons sont perdues à jamais» ?

Aharon Appelfeld ne se reconnaissait pas lui-même comme un écrivain de la Shoah : «Je ne suis pas un écrivain de l'Holocauste et je n'écris pas sur cela, j'écris sur les hommes juifs».

DES JOURS D'UNE STUPÉFIANTE CLARTÉ est en principe une fiction dénuée de tout propos volontairement autobiographique, parsemée d'évocations d'une enfance enchantée auprès d'une mère aimante (la mère d'Aharon Appelfeld a été elle assassinée quand il avait 8 ans).
Un récit traversé tout au long par des rêves éveillés, par des visions nocturnes et situé plutôt à la limite de la fable métaphysique, voire de la parabole à connotation biblique.

«Et le soir fut». Theo rêve de sa mère. Il a 5 ans, ils sont dans un jardin public, sa mère distribue de miettes aux pigeons. Il lui demande si les pigeons nous ressemblent. «Bien-sûr, répond la mère (...) mais ils sont plus proches du ciel que nous (...) Parfois elle murmurait le mot «Dieu» sans rien lui demander (...)».

La mère de Theo, Yetti, femme charmante, versatile, enflammée, ne fréquentait plus les synagogues, préférant se recueillir dans les chapelles et dans les monastères où résonnaient les cantates de Bach.
Yetti pourrait en effet me faire penser à Simone Weil, ou en tout cas à ce que cette mystique moderne incarnait : une quête dépassant largement l'enfermement des religions instituées et par laquelle l'homme cherche à s'élever et à sublimer sa condition purement terrestre, bestiale.

Et puis il y a Madeleine, la femme blessée que Théo rencontrera sur la route, dont la foi inamovible en l'amour permet d'endurer toutes les souffrances qui lui sont infligées.

Quelle est donc cette stupéfiante clarté qui permettra in fine à Theo de rentrer chez lui et d'accepter que sa maison n'existera peut-être plus, ou que ses parents auront été massacrés ?

Serait-ce cette découverte de ce qui est «l'immuable» par rapport à ce qui est «purement éphémère», et qui permet de se reconstruire une nouvelle vie après une catastrophe d'une telle ampleur sans devoir enterrer son passé ?

Aharon Appelfeld a lui aussi changé de pays et adopté, pratiquement adulte déjà, une nouvelle langue, l'hébreu, par laquelle il serait ensuite consacré comme un des écrivains majeurs de la littérature israélienne contemporaine.
DES JOURS D'UNE STUPÉFIANTE CLARTÉ est son dernier ouvrage, publié peu avant sa disparition.
C'est épuré comme un dernier tableau de maître : quelques traits suffisent, peu de couleurs.

Dans son autobiographie «Histoire d'une vie», parue en 1999 il écrirait : «La mémoire, s'avère-t-il, a des racines profondément ancrées dans le corps. Il suffit parfois de l'odeur de la paille pourrie ou du cri d'un oiseau pour me transporter loin et à l'intérieur».

Commenter  J’apprécie          3912
Après la libération des camps, Theo Kornfeld, âgé de vingt ans, part sur les routes, seul, sans ses compagnons de déportation. Il a passé deux ans et demi dans le camp numéro 8, a vu mourir la plupart des hommes de son baraquement. Il doit la vie à ceux qui l'ont aidé tandis qu'il avait contracté le typhus. Maintenant, il rentre chez lui, à Sternberg, en Autriche. Il doit marcher, veiller à ne pas se perdre, ne pas revenir sur ses pas. Il plante des piquets çà et là pour en être certain. Il admire le paysage éblouissant qui s'offre à lui, s'arrête pour une contemplation volée à cette course contre la montre. « L'immense plaine s'étendait dans toute sa splendeur verte. Les ombres des bouleaux frémissaient sur le sol en silence. Une douce lumière de fin d'après-midi régnait, tel un cocon dans lequel l'on pouvait se blottir. » Sur le chemin, où errent de nombreux déportés, il ne cesse de faire des rencontres, notamment celle de Madeleine, survivante de la Shoah elle aussi, qui fut secrètement amoureuse de Martin, le père de Theo. C'est auprès de cette femme qu'il connaîtra peut-être un peu mieux ce père libraire si mystérieux.
D'autres déportés trouvent un sens à leur vie en distribuant du café et des sandwichs à ceux qui ont souffert de la faim et de la soif pendant plusieurs années. Offrir aux autres de quoi vivre, telle est maintenant leur mission. Avec certains, il discute, s'interroge, se dispute ou reste silencieux.
Et puis, Theo dort, souvent. Il tombe d'épuisement sans même s'en rendre compte et s'enfonce dans la profondeur des songes. Alors, il retrouve le visage de sa mère, Yetti, une très belle femme fantasque fascinée par la beauté des monastères chrétiens, notamment celui de Sankt Peter où elle contemple pendant des heures une icône de Jésus, oubliant momentanément son judaïsme. Elle admire aussi la musique de Bach, préférant initier son fils aux beautés du monde plutôt que de l'envoyer à l'école. « On ne peut pas se permettre de rater une belle vision que l'instant nous offre. » lui disait-elle souvent avant d'être déportée elle aussi.
Les personnages de Aharon Appelfeld évoluent entre veille et sommeil, divagations et rêves et si l' on ne perçoit pas toujours au premier abord le sens de leurs propos, tout laisse penser que ce qu'ils disent est essentiel. D'ailleurs, ces êtres semblant évoluer dans un monde onirique ont quelque chose de kafkaïen. Souvent rêve et réalité se confondent et l'on passe de l'un à l'autre au détour d'une phrase. C'est donc une traversée mystérieuse et énigmatique qu'il nous est donné de faire aux côtés de Theo.
Ce roman, à la fois poétique et philosophique, pose à travers les interrogations du personnage principal les grandes questions qui ne cessent de hanter le peuple juif : Pourquoi ? Quelle est notre faute ? Peut-on témoigner sur les camps et si oui, de quelle façon ? Ne vaut-il pas mieux se taire ? Faut-il « rester groupés » ou partir, s'éloigner du groupe ? Et si l'on s'éloigne, qui nous comprendra ? « Je ne comprends pas pourquoi les gens se rassemblent de nouveau. Ils n'ont pas appris la leçon ? » s'interroge Theo « Rester ensemble, toujours ? Toujours avec ceux dont la souffrance ne quitte pas le visage ? À ressasser ce qui s'est passé ? À accuser tantôt les autres, tantôt soi-même ? ».
Toutes ces questions reviennent à l'esprit du jeune Theo, de façon obsessionnelle, tandis qu'il progresse chaque jour un peu plus. Mais que va-t-il trouver en rentrant ? Ses parents déportés sont-ils encore vivants ? N'est-ce pas risqué de rentrer pour s'apercevoir que l'on est seul, qu'ils sont tous morts là-bas ?
« Nous devons accepter l'incompréhensible comme une part de nous-même… L'incompréhensible est plus fort que nous. On doit l'accepter, comme on accepte sa propre mort. » pense Madeleine. Terribles paroles… Peuvent-elles soulager ? Je ne sais pas...
Des jours d'une stupéfiante clarté a d'autant plus de force que l'on sait qu'il est le dernier livre de l'auteur, mort le 7 janvier 2018 à l'âge de 85 ans. En 1941, il avait été déporté enfant avec son père à la frontière ukrainienne dans un camp de travail de Transnistrie dont il s'était échappé en 1942, seul, à l'âge de dix ans. Il se cacha dans la forêt où il vécut pendant trois ans en mangeant tout ce qu'il pouvait trouver, fut hébergé par une prostituée et rejoignit une bande de voleurs de chevaux avant d'être enrôlé comme cuisinier par l'Armée Rouge. Après moult pérégrinations, il arrive en Palestine en 1946, à 13 ans. Il dira de son enfance qu'elle fut horrible, atroce, tout en précisant : « Je rends grâce à Dieu qu'ils n'aient pas pris l'enfant qui est en moi. » Il apprendra l'hébreu et enseignera à l'Université. Il retrouvera en 1957 son père en Israël. La littérature sera au coeur des travaux de l'auteur. Il pensait en effet qu'il était nécessaire de passer par la littérature pour dire la vérité parce qu'autrement, on ne le croirait pas… Stupéfiantes paroles.
Par ailleurs, la littérature lui permettait de combler les blancs et de lutter contre l'oubli. « Je n'écris pas des livres, j'écris la saga du peuple juif. » Un livre, toujours le même, comment peut-il en être autrement ?
Dans ce très beau roman testamentaire, dont l'écriture n'a de simplicité que les apparences, Theo semble être un double de l'auteur, porteur de ses doutes, de ses angoisses, du sentiment d'absurdité qui l'habite, un être pleurant la perte de la mère, amour absolu, dont il a été violemment privé.
Son personnage aura-t-il plus de chance que lui en retrouvant à la maison une mère et un père se tenant sur le seuil pour l'accueillir  et l'aimer ?
Quoi qu'il en soit, dorénavant, comme le dit un rescapé du désastre : « Malgré ce que nous avons éprouvé dans notre chair, nous nous battrons pour garder l'esprit lucide et la foi dans le bien. Et malgré la mort cruelle qui a voulu nous arracher nos parents et grands-parents, nous continuerons de vivre avec eux. Nous avons abattu la séparation entre la vie et la mort. » Peut-être le songe est-il le seul espace possible où les vivants et les morts se retrouvent et s'aiment…
Puissent-ils être heureux et rattraper un peu le temps perdu...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          320
1945, Théo, 20 ans quitte seul les camps de concentration laissant derrière lui ses compagnons. Il veut rentrer "chez lui" à Sternberg, en Autriche. Il avance, se souvient de son enfance, de sa mère fantasque, mystique, qui lui apprend la contemplation, s'arrête dans des camps de réfugiés, fait des rencontres. Madeleine blessée physiquement et moralement a bien connu le père de Théo. Grâce à elle, il découvre un être plus complexe qu'il ne le croyait car il a peu discuté avec lui, n'a pas cherché à le connaître.
Récit qui alterne veille, sommeil, rêves, souvenirs, questions existentielles, métaphysiques. Récit poétique et onirique, récit tragique qui traduit l'effondrement d'un monde, d'une culture, d'une civilisation mais aussi porteur d'espoir car la vie renait et que l'entraide entre les hommes a résisté à l'horreur. Récit d'apprentissage, initiatique, une marche géographique et intérieure. Théo apprend que les hommes sont doubles, que le monde est complexe, que le pouvoir du langage est limité et la contemplation transmise par sa mère lui est d'un grand secours.
Dernier roman d'Aharon Appelfeld mort en janvier 2018 dans lequel on retrouve son style, ses préoccupations.
Commenter  J’apprécie          140
Théo, vingt ans, vient de quitter le camp de concentration allemand où il était depuis des années, les Russes sont venus les délivrer.
Maintenant il a pris la route et va essayer de rejoindre sa petite ville d'Autriche pour peut-être retrouver sa famille.
Son père sans doute pas car il a été déporté comme lui.
Mais sa mère, d'une santé mentale fragile, est peut-être encore là-bas.
Quelques rencontres en chemin lui redonnent des habitudes sociales presque normales, bien que tous ses compagnons de route viennent comme lui de passer des années effrayantes dans les camps.


Depuis « Histoire d'une vie » qui m'avait fait connaître Appelfeld, je lis la plupart de ses ouvrages.
Beaucoup de poésie et de rêverie adoucissent quelque peu le propos toujours dramatique.
Je me souviens lui avoir entendu dire qu'il n'avait jamais réussi à écrire sur les camps eux-mêmes et sur la vie là-bas.
Dans tous ses livres cette période n'est évoquée qu'à travers les sensations qui persistent des mois et des années après.
Ainsi les sensations de faim et de soif qui ne le quitteront jamais.
Il est mort au début de l'année et ce livre est sans doute le dernier, à moins que l'on retrouve quelques textes non publiés.
Commenter  J’apprécie          140
Theo vient d'être libéré du camp n° 8 et il a pris la route, seul, laissant derrière lui ses compagnons de déportation. Son but est de marcher tout droit jusqu'à la petite ville d'où il venait pour retrouver ses parents, surtout sa mère, Yetti. Il a vingt ans.

Sur les routes, d'autres déportés errent, le plus souvent en groupe, désorientés, se nourrissant de vivres abandonnées par les soldats allemands, soignant ceux qui peuvent l'être, bricolant des abris de fortune. Théo ne se sent pas à l'aise avec les autres, il se reproche d'avoir abandonné ses camarades, alors qu'ils l'avaient aidé à survivre. Sans eux, il serait mort du thyphus.

Réfugié depuis quelques jours dans une cabane où il a trouvé tout ce qu'il lui faut, il accueille Madeleine, une femme couverte de plaies. Il se trouve qu'elle a bien connu son père. Il est heureux qu'elle lui raconte l'homme qu'il était. Obnubilé par sa mère, il est triste d'avoir méconnu cet homme bon et généreux.

Malgré son absence de forces physiques, Théo reprend la route et ses journées se déroulent entre rencontres et divagations. Toujours son esprit revient à sa mère, une femme à la beauté fracassante, fantasque et inconséquente, subjuguée par les églises et leurs chants. Elle n'aime rien tant que visiter des monastères et entraîner Théo dans des escapades soudaines et coûteuses. Il lui était viscéralement attaché, ébloui par ses fantaisies et son ascendant sur les autres.

Théo irrite les hommes qu'il rencontre en parlant de sa mère et de son amour des églises. Après ce que les Juifs viennent de vivre, on le prend pour un provocateur et il se croit poursuivi par un groupe qui voudrait le punir.

Livre posthume de l'auteur, c'est un des meilleurs que j'ai lus. Il y a le côté poignant des survivants, errant dans la campagne, ayant compris pour la plupart qu'ils ne retrouveraient personne et que le monde qu'ils avaient connu a sombré définitivement. Et il y a les souvenirs d'enfance de Théo avec sa mère, poétiques, ouverts sur le rêve et l'inconnu, revenant à une époque où tout était possible.

On retrouve bien sûr les thèmes favoris de l'auteur, sous un angle encore différent, dans une écriture magnifique. A découvrir absolument.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
Commenter  J’apprécie          51
C'est le récit d'un retour. La 2e guerre mondiale est terminée, et Théo se met en route, après avoir survécu à la déportation dans les camps de concentration. Il veut rejoindre son domicile à Sternberg en Autriche, retrouver sa mère, son père, et sa tante. le temps semble s'être arrêté pendant cette période de retour, les pensées elles vagabondent par contre sans cesse, au gré des rencontres ou moments de contemplation en chemin. Souvenirs de l'enfance surgissent, les voyages fréquents avec sa mère éprise de la beauté des petites églises, des icônes, des levers ou couchers de soleil. Réminiscences de l'extravagance de cette mère et de l'amour inconditionnel du père pour sa femme, jusqu'à accepter la ruine de sa librairie pour satisfaire ses envies d'escapades. Un roman d'une grande force d'évocation, de sensibilité d'un jeune homme qui ignore vers quel avenir il chemine, mais qui semble tenir debout grâce à un passé nourri d'affection et d'amour.
Commenter  J’apprécie          30
Aharon Appelfeld, une des voix les plus vibrantes et personnelles de la littérature israélienne, vient de nous quitter à l'âge de 85 ans. Marqué par sa déportation en Ukraine et son exil, il adopta comme voie d'écriture l'hébreu, langue adoptive. Auteur de plus de 40 livres (dont Histoire d'une vie, prix Médicis étranger), il nous laisse, avec "Des jours d'une stupéfiante clarté", un récit de reconstruction à travers l'Europe centrale. Theo, sorti des camps, y est bien décidé à retrouver sa maison.
Commenter  J’apprécie          30
Les portes du camp de concentration se sont ouvertes. Alors que ses camarades s'empiffrent et s'enivrent jusqu'à se rendre malades, Theo prend la route pour rentrer chez lui, un joli petit village autrichien.
Dans son périple, il redécouvre la beauté de la nature et rencontre des rescapés mais aussi les fantômes de ceux qui ont péri. Ils représentent toutes les facettes de l'humanité car, malgré la Shoah, la vie continue et les êtres sont les mêmes.
Alors qu'il renaît, les souvenirs affluent dans l'esprit de Theo Celui de sa mère, une femme sublimement belle mais fantasque et mystique qui vénère la musique de Bach (« une musique pure qui nourrissait l'âme pendant plusieurs jours »), les monastères et répète inlassablement à son fils : « tu te souviendras toujours des visions du matin ». Celui de son père, un libraire trop amoureux de sa femme et qui lui passe tous ses caprices.
Au fur et à mesure de son voyage, Theo mûrit et devient un adulte capable d'appréhender le monde dans toute sa complexité.
Conte philosophico-religieux teinté de poésie, « Des jours d'une stupéfiante clarté » est le dernier livre paru d'Aharon Appelfeld disparu au début de l'année.

EXTRAITS
- Maintenant seulement nous savons distinguer l'éphémère de l'immuable.
Il y a peu encore, il pensait que les collabos s'étaient eux-mêmes retranchés de la communauté des hommes. Ils avaient un visage différent. Ils seraient exécutés le jour de la libération. Et maintenant, à sa grande stupeur, ils lui apparaissaient comme des hommes.
- La vie ne vaut pas d'être vécue sans la musique de Bach.
- Mais la mère rétorquait que dans les synagogues il n'y avait ni sérénité, ni musique, ni images bouleversantes, le plafond était nu et le coeur ne pouvait s'exalter.
- Ils peuvent frapper nos corps, mais ils ne peuvent pas nous prendre notre amour de la littérature, de la musique et de la peinture.
- Au camp, on parlait une autre langue, une langue réduite, on n'utilisait que les mots essentiels, voire plus de mots du tout. Les silences entre les mots étaient leur vrai langage.
Lien : http://papivore.net/autres-l..
Commenter  J’apprécie          10
Les thèmes habituels de l'auteur, la contemplation, l'échappée, poussés au paroxysme.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (251) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}