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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Je traîne « Elsa » ce recueil de poème d'Aragon depuis 1967, je l'avais même offert en 69 à une jeune amie, qui le trouvant chargé de souvenirs tristes, me le rendit avec élégance par la poste !
Sa relecture m'a laissé comme un parfum d'autrefois. Son style très classique, est tissé toutefois de fulgurances, " le temps est femme il a besoin qu'on le courtise".

Le 5 Novembre 1928, Aragon rencontre Elsa Triolet (de son vrai nom de jeune fille Elsa Kagan) au bar de la Coupole à Montparnasse. L'écrivain, déjà connu, va dès lors consacrer son oeuvre à celle qui deviendra sa femme en 1939.

Ce recueil Elsa paru en 1959, où Aragon mêle poésies, textes en prose et même une courte pièce de théâtre , est un chant d'amour à Elsa Triolet, un monument d'amour, où chaque mot échangé devient par magie, une déclaration, une intimité , une connivence, voire un abandon.
Elsa est sa muse. "Quand je dis tout bas la beauté du monde, je parle de toi. " Mais elle est plus que cela, elle est celle qui incarne la poésie d'Aragon.

Aragon célèbre le génie d'Elsa l'écrivain, à travers le thème de la rose « La Rose du premier de l'an ». Aragon suggère «  Roses à crédit » d'Elsa Triolet. Pour Aragon, Elsa sublime la rose, au point de la réinventer, " la rose des doigts adorants" , Aragon la mène à l'autel de l'amour, à la croyance en la vie partagée, à sa transcendance. Jusqu'à la fureur de vivre, à la fureur d'aimer.

Elsa et Aragon formeront un couple légendaire. Aucun amour ne fut plus chanté et plus affiché que celui de ces deux écrivains, partageant les mêmes convictions.
Respirons ces mots odorants, et portons les, " avant de fermer nos yeux à la lumière".
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D'abord il y a l'amour. Elsa, belle comme la rose. Aragon reconnait l'influence du poète iranien Saadi. Moi j'ai fait le rapprochement avec le premier poème de « le jardinier d'amour » de Tagore …

Dans cet amour, il y a de la jalousie :

« Tu rêves les yeux larges ouverts
Que se passe-t-il donc que j'ignore
Devant toi dans l'imaginaire
Cet empire à toi ce pays sans porte
Et pour moi sans passeport »

Ou encore :

«Toi sur toi le soleil le jeune soleil d'hiver qui te caresse
Ah jusqu'au bout de l'année
Je serai jaloux du soleil et de tes pensées »

C'est un amour qui hésite entre servitude:

« Je suis le pauvre qui n'a point accès à ta suite
A peine entendra-t-il au loin l'avalanche de l'orchestre
Il n'entrera jamais dans la salle du Grand Opéra »

et domination :

« L'homme n'est heureux que de faire plier
Capituler ce qu'il adore »

A tout le moins, l'amour pour Elsa est complexe :

« L'amour de toi qui te ressemble
C'est l'enfer et le ciel mêlés
Le feu léger comme les cendres
Éteint aussitôt que volé »

Mais sous ces images lyriques, se cache un gouffre d'angoisse à cause du Temps qui toujours nous fuit tandis que les rêves continuent de briller :

« Mon ciel au fond des yeux demeure
Plein d'étoiles d'autrefois
La lassitude du semeur
N'éteint que ses bras et sa voix »

Une angoisse aussi provoquée par l'impossibilité de dire cet amour, puissant et ravageur :

« Je ne regrette rien qu'avoir
La bouche pleine de mots tus
Et dressé trop peu de statues
À ta mémoire »

Ou encore :

« Je vais te dire un grand secret Toute parole
À ma lèvre est une pauvresse qui mendie
Une misère pour tes mains une chose qui noircit sous ton regard
Et c'est pourquoi je dis souvent que je t'aime
Faute d'un cristal assez clair d'une phrase que tu mettrais à ton cou
Ne t'offense pas de mon parler vulgaire Il est
L'eau simple qui fait ce bruit désagréable dans le feu »


Le poème Elsa, c'est aussi une forme particulière: du rythme et des punchlines très modernes, une construction déroutante, poème entrecoupé par une scène de théâtre, ou peut-être une résurgence de la réalité dans l'imaginaire, dans l'acte créatif. Poème ensuite interrompu par un long monologue du poète se regardant écrivant et par là même s'écrivant écrivant, dans une espèce d'exercice hypnotique …

Un poème à lire d'une traite, au contraire d'autres recueils plus propices au picorement. Ici, il faut le lire de bout en bout et entrevoir une structure, et peut-être deviner une signification dans la chronologie des formes …
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Je n'aime pas écrire sur la poésie, car je me sens maladroit pour décrire mes impressions quand je lis une oeuvre poétique.
Pourtant, je vais faire cet effort pour Elsa, car c'est sans doute à mon sens une des plus belles oeuvres de la poésie. Elsa, ou le culte de l'amour porté à son sommet ! Aragon nous emmène sans prétention mais avec un talent immense par sa prose démesurée et infinie dans les vertiges des émotions, nous fait connaitre les joies et les angoisses d'un homme amoureux.
Toutefois, je ne vais pas aller bien plus loin dans cette critique, car il me semble que ce type d'oeuvre ne peut pas être critiqué : comment vouloir porter un regard objectif sur le sujet peut être le moins objectif du monde qu'est l'amour ?
Un oeuvre dont l'unique sujet est l'amour, soit on est sensible à ce message d'amour, soit on ne l'est pas !
Alors je vais être lapidaire, et me contenter d'un unique mot pour donner mon sentiment sur Elsa : MAGNIFIQUE !
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Aujourd'hui, voici quelques mots sur ce recueil d'Aragon qui m'accompagne depuis pas mal d'années.
C'est Elsa Triolet, sa femme qu'il aimait d'un amour fou, qui a inspiré ces poèmes superbes. Je vous encourage tous et toutes à les lire et à en faire l'expérience. C'est incroyablement beau, inspirant et d'une force rare. Jugez plutôt par vous-même. Voici un extrait de poème, pp. 18 - 19:

(...)
Mais que dit-il celui pour la première fois qui voit le jour des
autres
Par miracle de chirurgie
Qu'est-ce que mon âme a dit quand tu l'as dépouillée ainsi de
sa gaine
Quand tu l'as modelée à ta semblance
Quand j'ai su dans tes bras que j'étais un être humain
Quand j'ai cessé de feindre et de ricaner pour être moi-même
au toucher de ta main
Prenez ces livres de mon âme ouvrez-les partout n'importe où
Brisez-les pour mieux en comprendre
Et le parfum et le secret
Coupez d'un doigt brutal les pages
Froissez-les et déchirez-les
On n'en retiendra qu'une chose
Un seul murmure un seul refrain
Un regard que rien ne repose
Un long merci qui balbutie
Ce bonheur comme une prairie
Enfant-Dieu mon idolâtrie
L'Avé sans fin des litanies
Ma perpétuelle insomnie
Ma floraison mon embellie
Ô ma raison ô ma folie
Mon mois de mai ma mélodie
Mon paradis mon incendie

Mon univers Elsa ma vie

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🌹 « Mais l'âme dans tout cela mais l'âme »
(P.17)

Et vous lecteurs ? Que faites-vous de votre âme ? Qui êtes-vous ? le fruit d'un amour indicible, indéfinissable ? Une nuit d'amour faite chair ? Avez-vous aussi l'air absent d'une mère, l'intransigeance d'un père ? N'êtes vous que ressemblance physique, mimétisme inévitable ? Ou êtes-vous autre ? Êtes-vous plus ? Chérissez-vous cette âme de vos élans d'amour, y mettez-vous du coeur à l'ouvrage, écoutez vous cette voix intérieure dont vous seul(e) êtes maître(sse)?

🌹 « Je vais te dire un grand secret J'ai peur
Peur de ce qui t'accompagne au soir vers les fenêtres
Des gestes que tu fais des mots qu'on ne dit pas
J'ai peur du temps rapide et lent j'ai peur de toi
Je vais te dire un grand secret Ferme les portes
Il est plus facile de mourir que d'aimer
C'est pourquoi je me donne le mal de vivre »

🌹 On dit qu'il y a les mots d'une part. Les sentiments de l'autre. Dire son amour n'est pas chose aisée : on se laisse tantôt dompter par ses émotions, tantôt avoir par la maladresse de ne pas savoir dire. On essaie pourtant, il faut essayer, l'écrire, le dire, il faut que l'autre entende ce qui se passe à l'intérieur, quand le rouge emporte tout, le rouge de l'amour de la passion, et qu'il échoue plus haut, sur les joues.

🌹 Paul Éluard aimait Elsa Triolet. Jamais je n'ai lu déclaration plus belle. Je ne sais pas si cela existe encore, cette virtuosité, ce génie. Chaque page est un écrin qui renferme une infinité de diamants purs. Je voudrais que l'on m'aime ainsi, comme Paul aimait sa douce et tendre Elsa.
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Il n'est à mon sens pas une femme qui ne rêve qu'on lui adresse de pareils vers. Sans chichis, Aragon a composé de superbes poèmes. Avant d'avoir lu Elsa, je n'aimais pas la poésie mais, comme on dit, "ça c'était avant".
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Enorme coup de coeur. L'amour qu'Aragon porte à Elsa est indéniable, passionné, grandissant. de ce recueil émane une grande émotion, une émotion à couper le souffle. le temps semble se suspendre à la lecture de ces vers, l'Univers ne plus comprendre qu'Elsa. Les mots d'Aragon sont accessibles et pourtant si riches, tout simplement magnifique.
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Ce fut un immense bonheur de lire Elsa, de murmurer ses vers, de ressentir l'amour par les mots d'Aragon (amour décliné sous différentes formes), son entièreté, sa violence, son abandon. Cela faisait longtemps qu'il était sur mon étagère, mais je n'avais pas encore été en mesure de l'apprécier : c'est chose faite, et j'espère le feuilleter encore régulièrement.
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