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Citations sur Le Paysan de Paris (44)

Tout le bizarre de l’homme, et ce qu’il y a en lui de vagabond, et d’égaré, sans doute pourrait-il tenir dans ces deux syllabes : jardin.
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La réalité est l'absence apparente de contradictions. Le merveilleux, c'est la contradiction qui apparaît dans le réel.
L'amour est un état de confusion du réel et du merveilleux. Dans cet état, les contradictions de l'être apparaissent comme réellement essentielles à l'être. Où le merveilleux perd ses droits commence l'abstrait.
Le fantastique, l'au-delà, le rêve, la survie, le paradis, l'enfer, la poésie, autant de mots pour signifier le concret.
Il n'est d'amour que du concret.
[...]
Poussez à sa limite extrême l'idée de destruction des personnes, et dépassez-là.
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ce jardin, duquel ils ont retenu le grand pont des Suicides où se tuaient avant qu'on ne le munit d'une grille même des passants qui n'en avaient pas pris le parti mais que l'abîme tout à coup tentait
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J'ai connu un homme qui aimait les éponges. Je n'ai pas l'habitude d'employer ce verbe au sens faible. Cet homme aimait donc les éponges. Il en avait de toutes tailles, de tous calibres. Des roses, des safranées, des purpurines. Il en teignait. Et il en avait de si tendres, qu'il ne pouvait se défendre de les mordre. Les plus belles parfois il les déchirait dans son délire, et il pleurait vraiment sur leurs splendeurs éparses.
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Enfin nous allions détruire l'ennui, devant nous s'ouvrait une chasse miraculeuse, un terrain d'expériences, où il n'était pas possible que nous n'eussions mille surprises, et qui sait? une grande révélation qui transformerait la vie et le destin.
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Extrait du Passage de l'Opéra
Je me suis souvent arrêté au seuil de ces boutiques interdites aux hommes et j'ai vu se dérouler les cheveux dans leurs grottes. Serpents, serpents, vous me fascinez toujours. Dans le passage de l'Opéra, je contemplais ainsi un jour les anneaux lents et purs d'un python de blondeur. Et brusquement, pour la première fois de ma vie, j'étais saisi de cette idée que les hommes n'ont trouvé qu'un terme de comparaison à ce qui est blond : comme les blés, et l'on a cru tout dire. Les blés, malheureux, mais n'avez-vous jamais regardé les fougères ? J'ai mordu tout un an dans des cheveux de topaze, des cheveux d'hystérie. Blond comme l'hystérie, blond comme le ciel, blond comme la fatigue, blond comme le baiser. Sur la palette des blondeurs, je mettrai l'élégance des automobiles, l'odeur des sainsfoins, le silence des matinées, les perplexités de l'attente, les ravages des frôlements. Qu'il est blond le bruit de la pluie, qu'il est blond le chant des miroirs ! (...) C'est une espèce de reflet de femme sur les pierres, une ombre paradoxale des caresses dans l'air, un souffle de défaite de la raison. Blonds comme le règne de l'étreinte, les cheveux se dissolvaient donc dans la boutique du passage.
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Femme tu prends pourtant la place de toute forme. A peine j'oubliais un peu cet abandon, et jusqu'aux nonchalances noires que tu aimes, que te voici encore, et tout meurt à tes pas. A tes pas sur le ciel une ombre m'enveloppe. A tes pas vers la nuit je perds éperdûment le souvenir du jour. Charmante substituée, tu es le résumé d'un monde merveilleux, du monde naturel, et c'est toi qui renais quand je ferme les yeux. Tu es le mur et sa trouée. Tu es l'horizon et la présence. L'échelle et les barreaux de fer. L'éclipse totale.La lumière. Le miracle : et pouvez-vous penser à ce qui n'est pas le miracle, quand le miracle est là dans sa robe nocturne ? Ainsi l'univers peu à peu pour moi s'efface, fond, tandis que de ses profondeurs s'élève un fantôme adorable, monte une grande femme enfin profilée, qui apparait partout sans rien qui m'en sépare dans le plus ferme aspect d'un monde finissant... Montagnes, vous ne serez jamais que le lontain de cette femme... Voici que je ne suis plus qu'une goutte de pluie sur sa peau, la rosée... Passe à travers, passe à travers mes paumes, eau pareille aux larmes, femme sans limites, dont je suis entièrement baigné. Passe à travers mon ciel, mon silence, mes voiles
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C'est pour moi un sujet d'étonnement toujours renouvelé que de voir avec quel dédain, quelle indifférence de leurs plaisirs les hommes négligent d'en étendre les domaines. Ils me font l'effet de ces gens qui ne se lavent que les mains et le visage, quand ils croient devoir limiter en eux les zones de la volupté. Si certains d'entre eux goûtent des charmes de hasard, on ne les voit pas se préoccuper de les reproduire. Aucun système, aucun essai de codification du plaisir. C'est à ne pas comprendre comment ils sont encore susceptibles de temps à autre d'avoir ce qu'ils nomment si drôlement des vices. lls ne font pas l'éducation de leur cuir chevelu, et leurs coifleurs perdent avec nonchalance l'occasion de procurer à ces ignorants des agréments qu'il leur serait si facile d'accorder. Je ne crois pas qu'on ait jamais enseigné cette géographie du plaisir qui serait dans la vie un singulier appoint contre l'ennui. Personne ne s'est occupé d'assigner ses limites au frisson, ses domaines à la caresse, sa patrie à la volupté. Des localisations grossières, voilà tout ce que l'homme a dégagé de l'expérience individuelle. Un jour peut-être les savants se partageront-ils le corps humain pour y étudier les méandres du plaisir : ils trouveront cette étude aussi digne qu'une autre d'absorber l'activité d'un homme. Ils en publieront les atlas, dont il faudra recommander l'attentive lecture aux garçons coiffeurs.
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Braves gens qui m'écoutez, je tiens mes renseignements du ciel. Les secrets de chacun, comme celui du langage et celui de l'amour, me sont chaque nuit révélés, et il y a des nuits en plein jour. Vous passez près de moi, vos vêtements s'envolent, vos livres de caisse s'ouvrent à la page des dissimulations et fraudes, votre alcôve est dévoilée, et votre coeur! Votre coeur comme un papillon-sphinx au soleil, votre coeur comme un navire sur un atoll, votre coeur comme une boussole affolée par un petit morceau de plomb, comme la lessive qui sèche au vent, comme l'appel des chevaux, comme le millet jeté aux oiseaux, comme un journal du soir qu'on a fini de lire! Votre coeur est une charade que tout le monde connaît. Ne craignez donc rien pour moi-même, pour votre réputation, et que j'entre chez la marchande de mouchoirs.
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Aurai-je longtemps le sentiment du merveilleux quotidien ? Je le vois qui se perd dans chaque homme qui avance dans sa propre vie comme dans un chemin de mieux en mieux pavé, qui avance dans l’habitude du monde avec une aisance croissante, qui se défait progressivement du goût et de la perception de l’insolite. C’est ce que, désespérément, je ne pourrai jamais savoir.
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