En prenant le train à sept heures et quelques, il avait le temps de passer chez lui avant de se rendre au travail ; non sans avoir goûté aux délices, disait-il, d’un coït matinal avec une femme qui, au lit, ne connaissait pas de limites.
Je me suis vite convaincu que le prétendu bonheur de Pattarsouille était le fruit d’une trêve que lui avaient accordée ses troubles dus au stress post-traumatique. Ses sourires, peut-être comme ceux des photographies de vacances, lui permettaient de cacher un noyau secret d’amertume.
Certes, il est vrai qu’un être, quand il sent sa fin prochaine, visionne instinctivement sa vie entière. Je l’ai lu et entendu plus d’une fois. Je croyais qu’il s’agissait d’une bêtise, mais je commence à penser le contraire.
J’avais un besoin urgent de connaître une opinion qui ne soit pas la mienne, or il est, aujourd’hui, mon seul ami. La réaction de Pattarsouille mérite d’être qualifiée d’euphorique. Et moi qui croyais qu’il allait être horrifié et qu’il essaierait de m’en dissuader par tous les moyens !
À une certaine époque, je m’identifiais aux limaces. Non parce qu’elles sont laides et visqueuses, ou parce que j’ai eu une sale journée, mais parce que ces bestioles ont une drôle de façon de se déplacer dans l’existence, caractérisée par l’indolence et la monotonie.