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Citations sur Oiseaux de passage (35)

Les martinets ne reviendront pas avant le printemps prochain.Ils m’ont laissé seul avec toute la masse humaine qui m’étouffe et m’exaspère.Quelle belle philosophie existentielle : sortir d’un œuf,sillonner l’air en quête de nourriture, voir le monde de très haut sans être tourmenté par des questions matérielles,n’être obligé de parler à personne,ne payer ni les impôts ni la facture d’électricité, ne pas se prendre pour le roi de la création, ne pas s’inventer des concepts prétentieux comme l’éternité, la justice,l’honneur,et mourir quand le temps est venu,sans assistance médicale ni honneurs funèbres.
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Je me suis rappelé le début de L'Étranger, de Camus : "Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas."
J'avais à tout prix besoin de phrases, d'apophtegmes, de citations, pour éclairer mes ténèbres nouvelles d'orphelin total.
Je jurerai que la mort d'un père, au moins par les temps qui courent (peut-être pas dans le passé, quand la famille dépendait d'un patriarche nourrisseur), est plus facile à supporter que celle d'une mère. Je parle en mon nom propre. Je ne suis pas un spécialiste en comportements humains, même si j'ai vu certaines choses et en ai appris d'autres. La mort du père frappe l'extérieur ; on doit soudain assumer des responsabilités, prendre des décisions qui n'étaient pas de son ressort jusqu'alors ; occuper, en somme la place du défunt. Une mère est irremplaçable. La mort de la mère ravage l'intérieur et laisse désemparé, nu, comme un nouveau-né, même si on a comme moi plus de 50 ans. (P.275)
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Aujourd'hui, pour devenir maire, président, ou plus simplement leader, tu as besoin de l'accord de ceux sur lesquels tu devras imposer ta loi. Tu dois être gentil, leur passer la pommade, leur lécher le cul, répandre mensonges et promesses à tout bout de champ. Aujourd'hui, ce sont les faibles qui sont aux commandes. On ne va pas loin, si on étale son excellence, du caractère, de la volonté, un langage cultivé, des connaissances profondes, tout ce qui te plaisait tant. Si tu essaies de vivre en accord avec tes idées, si tu t'accroches à la rectitude morale ou à la cohérence idéologique, on se méfiera de toi, tu deviendras suspect, on croira que tu veux te distinguer, on te prendra pour un arrogant et un élitiste. La vie n'est plus une lutte, papa, comme à ton époque. Maintenant, tout le monde se frotte à tout le monde, tout le monde barbotte dans un bourbier immonde d'intérêts personnels, de morale lâche, de combines troubles, de narcissisme et de médiocrité. Aujourd'hui, tout le monde veut être petit et populaire. De nos jours, ce qui prévaut, c'est la condition rampante et la froide viscosité des limaces. Moi-même, papa, si je n'étais pas aussi fatigué, aussi terriblement et définitivement fatigué, je pourrais envisager une carrière politique. Je remplis toutes les conditions requises, vu que je ne me distingue dans aucun domaine et que je ne crois à rien. (P.505)
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Telle est la maturité: se résigner à faire, jour après jour, jusqu'à la retraite et même au-delà, ce qui ne nous plaît pas. Par convenance, par nécessité, par diplomatie; mais surtout par lâcheté, vite transformée en habitude. Si on n'y prend pas garde, on finit par voter pour le parti qu'on détestait tellement.
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Ma mère, elle aussi, détestait mon père, ce que je comprends. Lui aussi se détestait, d’où sa propension à la violence. Ils nous ont donné un drôle d’exemple, à mon frère et à moi-même ! Ils salopent notre éducation, ils nous brisent intérieurement et espèrent qu’ensuite on sera droits, reconnaissants, affectueux, épanouis.

(Actes Sud, p.7)
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En réalité, maman ne se rappelait pas que papa était mort. Que lui était-il arrivé ? Un accident ? Je la sondai jusqu’au fond des yeux. Je n’y vis pas la moindre trace de simulation. Mon impression, c’est que maman continuait d’exister avec ses traits, son corps menu, son dos voûté et cette fixité sans culpabilité dans les pupilles, nous l’avions perdue pour toujours. Cette vieille femme n’était plus ma mère ; au mieux l’enveloppe d’une ancienne mère, la chrysalide desséchée et vide d’un papillon humain qui s’était envolé depuis longtemps et qui était près d’achever son cycle vital.
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Quand j’étais petit, je croyais que c’était maman la méchante. Aujourd’hui, j’essaie de compenser cette erreur par l’affection et les visites. Une demi-erreur, car maman est loin de mériter le titre de sainte. À sa décharge, il faut reconnaître qu’elle était souvent sur la défensive. Mais parfois, experte dans l’art de dissimuler, elle fut l’agresseuse, même si ses actions ne semblaient pas violentes.
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Papa, je l'ai surtout haï après sa mort. Avant, je n'osais pas, même en secret, car je le soupçonnais de pouvoir lire dans mes pensées. J'étais trop occupé à observer une distance prudente en raison de la crainte qu'il m'inspirait, même si ce n'était pas celle qu'inspire un tyran dont on peut attendre toutes sortes de cruautés, mais la sensation d'infériorité et d'échec que j'éprouvais en sa présence. Cette sensation abrasive s'intensifiait quand il avait un geste bienveillant à mon égard. J'étais alors accablé par l'idée qu'il me prenait pour un farceur qui aurait usurpé sans l'avoir mérité un sourire de lui, une petite tape d'approbation ou quelques mots cordiaux. J'éprouvais à l'égard de papa une crainte émaillée d'admiration, peut-être même d'affection. Avant que nous l'ayons enterré, je ne mesurais pas combien il avait été nuisible pour moi. [...] Il se passe la chose habituelle ; on perd un membre de sa famille et on est triste de l'avoir laissé partir sans lui dire combien on le haïssait ou l'aimait, ou les deux à la fois, alternativement ; désolé, papa, mais je n'ai pas eu le cran de me planter devant toi un jour de poser la main sur ton épaule et de te dire, d'une voix sereine et ferme, les yeux dans les yeux, que tu étais un drôle de type, mi-dieu, mi-porc. (P.155)
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Je ne suis pas catholique, je ne suis pas marxiste, je ne suis rien, juste un corps dont les jours sont comptés, comme tout le monde. Je crois en certaines choses qui me réjouissent , quotidiennes et visibles. Je crois en certaines choses comme l'eau et la lumière. Je crois en l'amitié de son seul ami et aux martinets qui, en dépit de l'air pollué et du bruit, arrivent à tire-d'aile dans la ville, même si je soupçonne qu'il y en a de moins en moins, au fil des années.
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J’avais la sensation qu’ils l’aimaient plus qu’ils ne m’aimaient. Pire encore, qu’ils l’aimaient, lui, mais pas moi, ou qu’ils s’occupaient de lui et qu’ils m’avaient abandonné. À tout moment je pouvais être renversé par une voiture ou une moto, et eux, sans avoir remarqué l’accident, poursuivraient leur chemin sans se douter de rien. L’idée du désintérêt qu’ils manifestaient à mon égard m’était douloureuse.
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