PIPEAU ET COMPAGNIE.
Dans cette mini-série des
Légendes de Troy - L'heure de la gargouille est sans doute l'un des meilleurs.
Arleston, toujours fidèle au poste, a fixé cet album aux origines du monde de Troy, bien avant le désormais célèbre Lanfeust et même bien avant toute magie.
Certes, l'histoire est une reprise du célèbre joueur de flûte de la ville de Hamelin (dont la version la plus connue est certainement celle des
Frères Grimm, mais qui se souvient que
Johann Wolfgang von Goethe ou encore
Prosper Mérimée en rédigèrent leur propre interprétation, et qu'ils sont loin d'être les seuls ?), mais la transposition dans le monde farfelu et, cette fois, très sexué de Troy est plutôt bien réussie, toute chose égale par ailleurs.
Cette fois, le jeune joueur de pipeau est un barbare - toute ressemblance avec Conan le barbare n'est sans doute pas fortuite -, pacifique tant qu'on ne vient pas lui chercher noise, pas d'une grande subtilité mais ayant fort bien - et fort heureusement - retenu les enseignement de tonton Füthü. S'il n'est pas d'une intelligence des plus brillantes il est en revanche malin et ne s'en laisse pas compter. Quant à son style musical, c'est plus les tambours du Bronx qu'une sonate pour flûte à bec de Johann Sebastien Bach... Mais l'effet est garanti : Les gargouilles (qui remplacent très avantageusement les rats) sont hypnotisées... de même que toutes les donzelles - pas franchement effarouchées - de la place (l'album n'est décidément PAS pour les enfants).
En ce qui concerne le dessin de
Didier Cassegrain, il change littéralement l'univers habituel de Troy, achevant de lui conférer ce fort aspect BD adulte. Les décors font un savant mélange d'architecture stambouliote avec ses dômes à la Ste Sophie, et d'architecture militaire chinoise médiévale. Quant aux personnages, entre notre Barbare percussionniste et des habitants aux modes vestimentaires variées (du moyen-âge au siècle des lumières, sans oublier les tenues légères, très légères de ces demoiselles), c'est peu d'ajouter qu'ils sont tous hauts en couleur ! A condition d'en apprécier le style, les cases sont tout autant réussies que séduisantes.
Au final, le résultat est un peu bref, parfois facile, mais assez convaincant. Un bon album, globalement, et qui s'épargne cette hésitation récurrente, souvent néfaste, dans l'univers de Troy de ne savoir réellement choisir entre BD jeunesse tout public et BD résolument adulte.