Voilà un Spécial-Police qui se présente comme très sulfureux, surtout avec la lecture du quatrième de couverture : « Oui, je suis ce que l'on appelle l'héroïne du drame de Nanchard (…) d'abord, je n'ai pas treize ans, j'ai dix-huit ans, alors que j'en parais onze. Je suis quand même bien mignonne. Mais infiniment perverse. Vous ne pouvez pas vous figurer à quel point. » Quand on fait la relation avec l'illustration de Gourdon, on se dit que l'artiste a eu peur et a vieilli la narratrice. Mais l'auteur, dès le début, met les choses au point : « Je suis une hérédo-alcoolique. Quand j'ai été conçue, mes géniteurs étaient déjà complètement cuits. » Nous voilà donc dans un drame de la misère ! Sylvaine, dite Sissi, découvre que ses parents ivres se sont entre-tués à coups de bouteilles. Comme souvent dans les coups durs, elle est prise en charge par une voisine prostituée. On lui trouve quand même une grand-mère en montagne chez laquelle on l'expédie. L'école du hameau a une classe unique avec cinq élèves. Sissi ment sur son âge et dit qu'elle a onze ans. La maîtresse la choisit comme aide. Mais tout se gâte à la rentrée où la maîtresse a un nouveau poste. Georgette, une nouvelle institutrice non formée pédagogiquement mais très bien formée physiquement prend le poste et se décharge de sa fonction sur Sissi la plus grande… le lecteur doit faire des efforts pour accepter le postulat de cette narratrice, enfant d'alcooliques non développée, qui se fait passer pour une élève de CM mais qui a en fait l'âge de la maîtresse ! du coup, les approches d'un brave garçon de dix-huit ans sont encouragées dans la paille par notre narratrice qui en a vu de belles par les fentes de cloison chez la voisine prostituée. A lire entre les lignes, dans les blancs, on peut comprendre qu'elle est trop étroite pour la pénétration mais qu'elle est douée pour… (la fellation, la masturbation, la sodomie ?). En tout cas, ses partenaires seront ravis ! A part ces détails abominables, le livre tourne autour de cette fainéante de Georgette, qui fume en classe en faisant sa correspondance, fait la sieste, se lève tard tandis que Sissi la narratrice s'active à faire lire les petits et donne des idées de leçons. Jusqu'à l'arrivée annoncée d'un inspecteur ! N'oublions pas que
Dominique Arly fut instituteur : il sait de quoi il parle. L'inspecteur qui arrive en 404 est pas mal du tout et très patient. Sissi a fait apprendre par coeur des exercices, l'inspecteur demande à parler à Georgette et voilà tous les gosses en récré tandis que l'inspecteur et Georgette (toujours en lisant de travers la confession de Sissi) s'envoient en l'air dans le logement de fonction adjacent ! Comme nous sommes dans un Spécial-Police, il va bien falloir que quelque chose de terrible survienne, avec l'arrivée d'un professeur de gymnastique incompétent qui se joint à l'institutrice et à l'inspecteur batifolant de le logement de fonction depuis plusieurs jours. le « Drame de Nanchard » a lieu et, par une pirouette, on comprend que Gourdon n'a pas représenté la narratrice mais l'institutrice ! Voilà un roman inclassable, très dynamique, peu policier tenant sur une narratrice viciée par l'auteur.