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Citations sur Moi qui ai souri le premier (56)

L’autre – un hypothétique partenaire et un ancrage à deux dans un quotidien – m’a toujours paru de trop. Gosse, j’avais déjà cette sensation, même vis-à-vis de mes parents. Leur tendresse m’étouffait. Toute présence trop marquée à mes côtés me lassait. J’avais le besoin fou d’un espace que moi seul occuperais. L’autre, quel qu’il soit, quelle que soit notre relation, nos liens, finissait par me paraître une entrave à ma vie. Je préfère donc ma solitude.
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Des hommes enlevaient des garçons, enlevaient des filles dont on découvrait la charogne des jours plus tard. Les journaux étalaient en première page ce genre de crimes. La peur se rappela à moi, me barbouilla de moiteur. Le souffle me manquait. Mais je ne pris pas mes jambes à mon cou. Je pensai à Marc et refusai que son souvenir pourrisse la nouvelle occasion qui m’était donnée d’aimer.
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J’avais aimé. J’avais été forcé. Je n’oublierais rien. Le visage de Marc s’estompa. Son corps perdit forme. Mes rêves mêmes ne le croisèrent plus. Je ne regrettai pas sa beauté. Ne subsista de lui que la brutalité avec laquelle il m’avait soumis à sa volonté. C’est là, en moi, jusqu’à ce jour, tandis que j’écris.   Mon inscription à l’école libre, puis mon immersion dans la routine des cours ne provoquèrent pas de fracture avec le quotidien du lycée.
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Sa beauté, constatais-je, s’était même affirmée. Je continuais à le désirer. Je le désirais et je désirais le posséder. Je n’étais pas né pour l’indifférence. Il continuait ainsi à m’être supérieur, à me lier à lui. Ce qui m’épargna une dangereuse et stérile fixation, ce furent les autres garçons évoluant dans la cour du lycée.
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Ainsi je me débrouillai pour que mon corps me soit invisible. Quelles furent alors mes pensées ? Qu’ai-je projeté sur l’avenir ? Une vengeance ? Un suicide ? Ai-je minimisé l’acte ou l’ai-je élargi jusqu’à l’effroi, la rage, le désespoir ?
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Je n’étais plus sa chose, semblait-il. Il me considérait maintenant avec un calme ému. Je m’étais rhabillé dans un boudoir, et c’est dans une salle de bains que je me redéshabillais. J’enjambais la baignoire. Il observait ma nudité, mon entière nudité, et je rougissais comme jamais et j’aurais voulu que ma nudité soit une hache. Il me rejoignit.
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Je me taisais. Je me tairais. Je me suis tu. Je de­­vins ce qu’il s’imaginait que j’étais : chose à pren­dre, bloc de silence, chose à renvoyer dans ses pénates, et ne fais plus chier. Je finis par promettre que je ne dirais rien. Je me tairais, parce que je n’aurais pas le courage de parler de mon corps et de son corps à lui et de ce à quoi celui-ci avait obligé celui-là. C’est bien, t’es un brave gars, merci, je t’aime bien.
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J’avais la certitude qu’avant moi il avait eu d’autres proies. De ses charmes, de son autorité il connaissait toutes les ressources, l’influence et la rouerie, toute la puissance. Il se connaissait assez bien lui-même, supposai-je. Il n’a pas d’âme, me dirais-je un jour proche. C’était l’ultime époque où quelques individus attribuaient encore une âme à leur prochain.   Il me bâillonna de sa paume. On puait la sueur. Corps devenus sueur. Nos sueurs s’étaient mêlées. Brusquement je sentis son sexe contre mon cul, sa poussée en moi, je hurlais, il me disait, crie, c’est bon de crier, mon chéri, les petites putes crient, les fils à maman crient, il me prenait, il avait ôté sa paume de ma bouche, crie, crie, ne te gêne pas, il n’y a personne pour t’entendre, la fameuse tante du dessus n’existe pas, espèce de naïf. Il entrait plus profond en moi, je ruais pour me dessouder de lui, le désarçonner, la douleur m’insufflant l’énergie de l’abréger, j’étais une victime, j’étais une définition sans nuance, il me possédait, il aimait ça, il aimait mon affolement et ma douleur, mes tortillements de ver, ça faisait mal, j’allais croire que tous les sexes font mal, sont source de douleur, expriment la volonté de faire mal.
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Il m’immobilisait. Il ne m’embrasserait plus. Je cédai. Je touchai son sexe. C’était ce que j’avais voulu, non ? C’était ce qu’il voulait, non ? Oui, mais pas sous l’empire d’une violence qui le galvanisait. Me désirait-il encore vraiment ? Y avait-il encore du désir là-dedans ? Il ne m’aimait pas. Non, il ne m’aimait pas. Une de ses jambes recouvrait la mienne. Tu ne sers à rien.
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C’était cela caresser. Avec une inflexible douceur. Sa bouche bientôt fut à mon cou, lécheuse, aspirant ma peau, ma chair, tout ce qui m’appartenait. Il m’embrassait. C’était cela, embrasser. Non, protesta-t-il, quand je m’écartai de lui ou tentai de. Il s’empara de ma main et la porta à sa cuisse. Comme ça, me dit-il. Et plus haut. Je ne poursuivis pas la progression lorsqu’il relâcha sa pression, ce qui le mit en rogne.
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