Élève et disciple de Rossetti, Edward Burne-Jones paraît dominer et dépasser les règles, peut-être trop contraignantes, de la confrérie préraphaélite. Celle-ci, fondée en 1848, se proposait de rénover les thèmes et les modes d'expression de l'art anglais très soumis à l'emprise de la Royal Academy. Des peintres tels que Millais ou Rossetti exigeaient un "retour à la nature" qui, seul, disaient-ils, pouvait apporter à l'art les bases d'un renouveau durable. Malgré cette prise de position, ces peintres conservent comme sources d'inspiration les classiques : histoire, littérature et religion. Inspirés presque exclusivement par les oeuvres des primitifs italiens, ces artistes se situaient à l' opposé de Turner et aux "ouvertures" fantastiques proposées par Blake ou Fussli. Burne-Jones fut la figure la plus importante de la dernière période du mouvement.
Les sources d'inspiration de Burne-Jones sont littéraires (Malory, Chaucer, Morris), mais un courant fantastique qui lui est propre semble soutenir son oeuvre et en constituer l'architecture secrète. Des ruptures de sens subites qui font basculer ses personnages dans une immobilité hiératique (L'Enchantement de Merlin , 1874 ; L'Échelle dorée , 1880,
Tate Gallery, Londres) ne sont pas sans évoquer la théorie de la "belle inertie" prônée par
Gustave Moreau.