Depuis le temps que
Pierre Assouline inonde la blogosphère de ses chroniques pédantes et dégoulinantes de suffisance, on attendait avec impatience de lire l'un de ses écrits, qui devaient sans nul doute être bien supérieurs à tous les romans qu'il renvoie régulièrement aux limbes dont ils n'auraient jamais dû sortir, selon lui. Eh bien, précisément, c'est loin d'être le cas. Disons-le franchement : ce roman est complètement raté. L'intrigue tient sur un post-it et a dû être rédigée entre Châtelet et République, les personnages sont stéréotypés et prévisibles (en plus d'être tous excessivement odieux et déplaisants, enfermés dans leurs préjugés ou au contraire pétris de bonnes intentions), les dialogues d'une banalité et d'une stupidité effrayantes (florilège de thèmes abordés lors des conversations mondaines du dîner : l'immigration, la religion, l'excision, les rapports entre le Proche-Orient et l'Occident...), sans parler du style, horripilant. Oui,
Pierre Assouline a visiblement dévoré le Littré, et il adore nous montrer l'étendue de son vocabulaire et sa maîtrise de la syntaxe en allongeant délibérément ses phrases ou au contraire en les hachant à la
Duras, s'imaginant sans doute que c'est là ce qu'on appelle "avoir du style". de même, répéter les bons mots de
Churchill ou de
Guitry donne certainement l'air brillant en société, mais les recopier dans son roman ne donne pas plus d'esprit à ses personnages, qui en sont cruellement dépourvus, malgré leur brillante carte de visite, puisqu'ils sont pour la plupart issus de
Sciences Po ou de l'ENS (enfin, entre gens de la "haute", on dit visiblement "la rue d'Ulm", ça fait plus chic). En bref, si l'on s'attend à de l'humour caustique ou à une satire virulente de l'élite parisienne, on est immanquablement déçu, sans doute parce que
Pierre Assouline est lui-même trop proche de ce genre de cercles prétendument intellectuels pour en brosser un portrait décapant. (la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
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