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Sur la terre afghane elle est Iranienne, et sur la terre iranienne une Afghane. Aliyeh Ataei nous raconte la vie de ces frontaliers, des êtres privés d'identité qui marchent sur le fil du rasoir sur cette frontière séparant l'Afghanistan de l'Iran. Ici tout se négocie, les marchandises, les combustibles, l'opium et les hommes.

À travers neuf récits intimes et poignants, de 1986 à 2017, Aliyeh Ataei nous fait partager le quotidien de gens, souvent des femmes, blessés et meurtris à la frontière entre l'Iran et l'Afghanistan, tous partagent le même sang et le même sort. Des sans patrie c'est-à-dire sans toit. Des exilés de la deuxième génération qui parlent à peine leur propre langue. Ils ont un besoin fort d'appartenance géographique, on ne peut vivre indéfiniment dans un non-lieu. L'auteur avec sensibilité et réalisme sort de l'ombre ces jeunes filles, ces épouses, ces mères marquées à jamais par les stigmates des guerres entre Russes, Moudjahidines, Talibans et Américains et par les pratiques d'asservissement et d'exploitation des femmes et des domestiques.
Ce récit a été pour moi une révélation, tant j'ignorais la vie de ces gens déchirés entre deux pays.
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Née dans la zone frontière entre l'Iran et l'Afghanistan, deux pays qui autrefois n'en faisaient qu'un et liés par la langue persane, Aliyeh Ataei vit et écrit à Téhéran mais sa nationalité est double, alors que sa famille est dispersée entre les deux nations. La frontière des oubliés, qu'elle décrit comme son livre le plus personnel (les autres n'ont pas encore été traduits en français), raconte certains événements de sa vie, mais c'est le "nous" qui importe, pour désigner ceux qui, en Iran, en Afghanistan ou, souvent, aux abords de la frontière qui les sépare, ont souffert ou souffrent encore de la violence des temps, comme s'ils portaient en eux le gène de la douleur. D'une plume calme et tranchante, l'écrivaine raconte en 9 récits des événements qui l'ont touché de près, comme la maladie de son père, mais aussi les conséquences des guerres, entre l'Iran et l'Irak et en Afghanistan, avec les régimes de terreur successifs incarnés par les communistes, les moudjahidines et les talibans. Et toujours la frontière qui hante son existence et sa mémoire, avec ses réfugiés, et qui lui rappellent sans cesse ce que exil et identité peuvent encore signifier dans cette région vouée au malheur.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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La frontière des oubliés de Aliyeh Ataei nous raconte l'histoire de ces réfugiés qui demeure sur la mince ligne Iran-Afghanistan. L'autrice elle-même réfugiée nous parle en neuf nouvelles son vécu. Elle parle de la guerre ou son père a été atteint d'épilepsie après avoir participé à la guerre Iran-Irak. Elle parle des invasions de scorpions bruns ou environ quatre vingt enfants en sont morts. Elle nous parle de l'Iran et l'Afghanistan qui fut jadis un même pays avec la même langue. Elle nous parle des hommes qui pour un oui ou un non font la guerre comme une malédiction, elle nous parle de l'invasion russe et elle nous parle des Talibans. le prologue du livre en dit beaucoup sur l'état des lieux en Iran avec le massacre de ses soeurs qui encore reçoivent des tirs à balles réelles. Une belle plume avec des mots puissants. Elle écrit de Téhéran et je m'incline face à son courage.
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De là où nous sommes, ces neuf récits, quelque réalité qu'ils présentent, ne peuvent que nous atterrer tant le chaos et la misère dans lesquels vivent ces populations à la frontière Iran - Afghanistan nous semblent inimaginables. A juste titre, le terme oubliés est de circonstance, il s'agit d'un no-man's land oublié des droits de l'Homme dont on évite de parler ! Cependant, comme l'auteure l'a dit, la culture persane justifie la volonté des habitants de ces régions à rester sur place. L'auteure parle d'une situation qu'elle connaît, elle expose les faits sans pathos et c'est d'autant plus poignant, voire inquiétant.
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La frontière des oubliés, comme son nom l'indique, rappelle à travers neuf nouvelles les liens étroits entre l'Iran et l'Afghanistan, qui furent longtemps un seul et même territoire. L'auteur, Aliyeh Ataei, fait partie de ceux qui vivent de part et d'autre de la frontière, et subissent les soubresauts politiques des deux pays persans, tiraillés entre l'appel de Téhéran et celui d'Hérat.

On découvre à travers ces nouvelles, toutes profondément déprimantes et souvent violentes, à l'image des années de guerres incessantes en Afghanistan, comment le père de l'auteur fut atteint d'épilepsie après avoir participé à la guerre Iran-Irak, les craintes de certains envers les "communistes" et la mise au ban d'une famille entière, assassinée car suspecte, le racisme des Iraniens envers les Afghans, le cynisme d'un passeur qui permet à des émigrés de s'entasser par dizaines pour traverser la frontière, la mort et la guerre omniprésentes, même chez les enfants, ou encore l'absence criante des hommes, décimés par la guerre.

Une vision subtile d'une frontière bien souvent oubliée des Occidentaux, racontée avec une plume poétique aux accents tragiques et déchirants. Une belle découverte, mais une lecture difficilement supportable par la douleur et la souffrance qu'elle évoque à chaque chapitre.

Pour ceux que la lecture aurait intéressés et qui souhaiteraient en savoir plus sur l'auteur, France Culture a réalisé un entretien avec l'auteur sur son livre : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/signes-des-temps/echos-de-femmes-d-iran-et-d-afghanistan-entretien-avec-la-romanciere-aliyeh-ataei-6852591
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J'ai découvert Aliyeh Ataei grâce à l'Intime Festival de Namur, cette jeune femme m'avait émue en nous racontant son premier livre traduit en français. Je viens enfin de le lire en prévision d'une nouvelle rencontre à la foire du livre de Bruxelles.

A travers neuf récits très personnels, elle nous brosse le portrait de ses compatriotes comme elle exilés. Elle est née à la frontière irano-afghane, entre deux terres, deux pays qui avaient le même territoire, qui étaient unis par la même langue. Difficile d'avoir une identité propre lorsque se mêlent l'amour et la haine, le sentiment d'avoir un corps Afghan qui est proscrit en Iran, l'âme Iranienne bannie en Afghanistan.

Difficile pour ce peuple meurtri par les guerres (les russes, les Moudjahdines, les américains, les talibans) de trouver leur identité. Difficile pour les exilés de trouver leur place, elle a quitté sa terre mais comme beaucoup d'exilés de la seconde génération se retrouve sans pays, beaucoup d'exilés ne maîtrisent même plus leur langue persane.

Partant de son vécu, elle nous raconte neuf récits de 1986 à 2017 (1365 à 1396 dans le calendrier persan) pour nous faire comprendre la réalité de ce peuple frontalier, leurs sacrifices, leurs souffrances, leurs réalités, leurs luttes et espoirs.

On comprend l'asservissement du peuple, des femmes en particulier, elle écrit pour la liberté des femmes. Un témoignage indispensable qui nous fait comprendre ce qui se passe réellement là-bas, le déchirement d'un peuple qui perd son identité.

Le récit est magnifiquement écrit, la langue est très belle, touchante, intense. A l'aide de métaphores, elle nous fait comprendre les conséquences de la guerre (particulièrement le chapitre relatant l'invasion de scorpions bruns). C'est intelligent, les mots sont vraiment bien choisis. Un témoignage essentiel intense qui secoue et bouleverse.

Ma note : ♥♥♥♥♥
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La frontière des oubliés, ces kilomètres de terre entre l'Iran et l'Afghanistan, cette cicatrice qui laisse « son peuple » sans identité, sans terre natale.

« Quel exilé n'est pas hanté par le désir de retrouver son chez soi, même misérable? »

C'est de là que vient l'autrice Aliyeh Ataei et elle expose à travers neufs récits tirés de sa vie, des portraits qui nous percutent de plein fouet parce que l'exil est leur point commun. Être exilé c'est appartenir à une terre qui rejette ses autochtones, qui les pousse à traverser ses frontières pour assurer leur survie. La faucheuse a mis son ombre dans l'enfance de Aliyeh Ataei, elle a vu trop tôt du sang.

Aujourd'hui elle vit a Teheran et quand elle regarde l'Afghanistan elle sait que le peuple l'appelle pour unir leur force pour tenter de reconstruire un pays maintes fois en guerre, qui a été tiraillé entre les communistes, les Talibans et les Moudjahidines. Mais le gêne de la douleur est en elle, celui de ses ancêtres, il est criard et alerte. Et il y a la mémoire traumatique, inaltérable même sur plusieurs générations. Est-ce que l'exil permettrait aux femmes de rompre le marqueur génétique du « mal-être existentiel »?

Elle parle de cette « grande famille du malheur » composé d'un peuple iranien et afghan. Celle dont le quotidien est rythmé par une forme de dualité. Évidemment l'identité est au coeur de ces neufs récits quand bien même toutes les personnes qui ont croisé le chemin de l'autrice n'ont commises aucune faute, elles paient le prix de l'Histoire encore aujourd'hui.

Dans une langue à vif, dominée par la sincérité, Aliyeh Ataei nous livre un récit nécessaire.

« Après quarante ans de guerre plus personne ne se soucie des causes du malheur; seul importe de sauver l'honneur. »
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Un témoignage passionnant, éclairé et intime sur l'identité, les frontières et l'exil. A travers les mots justes de l'auteur de nombreux personnages prennent vie à travers histoires de famille, grands évènements historiques et petits obstacles du quotidien, entre l'Iran, l'Afghanistan et leurs régions frontalières. Il n'est ici pas question de leçon de morale ou d'histoire, mais un partage de la douleur et de la violence à travers plusieurs générations.
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La frontière des oubliés est une suite chronologique de neuf histoires, écrites par Aliyeh ATAEI, écrivaine née dans une région frontalière entre l'Iran et l'Afghanistan.
Ses parents ont afghans, réfugiés en Iran, où elle vit. Sa famille vit des deux côtés de la frontière.
Ses nouvelles parlent d'exil et de violence, des femmes et du peu de valeur qu'à une vie humaine dans certains coins du globe...
L'écriture, ainsi que les deux préfaces, sont très poignantes.

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Une livre sur la notion de frontière, d'exil et d'identité dans des pays en guerre à la frontière entre l'Afghanistan et l'Iran. Un livre inspiré de la vie de l'auteure construit sur une série de vignettes de vie.
Un livre qui vous imprègne par l'intensité du style d'écriture, des faits relatés, des vérités mentionnées et des questions posées.
Je suis tombé sur ce livre par hasard à la médiathèque de ma ville et je le recommande fortement.
J'espère la traduction d'un autre livre de Aliyeh Ataei, femme et voix iranienne d'origine afghane.
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