Plus de dix ans avant l’écriture d’Aurélia, dans une lettre qu’il écrit en 1841 à Mme Dumas, Gérard de Nerval se revendique voyant avant Arthur Rimbaud, malade sans l’être avant Antonin Artaud et rêveur éveillé avant Robert Desnos. Excusez du peu en si peu de lignes.
Dans cette même lettre il a cette phrase magnifique : il y a ici des médecins et des commissaires qui veillent à ce qu’on n’étende pas le champ de la poésie aux dépens de la voie publique. Quelle lucidité pour un malade ! Et quel constat désespérant. Mais il n’est pas récent. Déjà Platon avait chassé les poètes de la cité. Pour Nerval la poésie et le rêve sont intimement liés et, à un même degré, font partie de la vie.