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sur 1713 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout le monde connaît Florence Aubenas, journaliste d'investigation, ex-otage en Irak, baroudeuse intervenant sur tous les points chauds de la planète : Rwanda, Kosovo, Algérie, Afghanistan, Irak, et dernièrement, Syrie. On l'imagine comme une sorte de Lara Croft au regard vif et aux nerfs d'acier, traquant le scoop au péril de sa vie, dans les endroits les plus improbables et le plus dangereux du globe. Ce livre relate une enquête de Florence Aubenas. Sa méthode : l'infiltration. Sa mission : devenir « invisible ». Son point de largage : Ouistreham. Ses armes : le balai télescopique, la serpillière de la mort, la cireuse-shampooineuse à trois vitesses. Florence – Lara Croft – Aubenas, ses pschitt-pschitt lave-vitres solidement fixés au ceinturon, est prête pour sa nouvelle aventure !
Le débarquement de notre héroïne a lieu non loin des plages de Normandie, à Cabourg, où nous affrontons d'emblée M. et Mme Museau, deux monstres du premier niveau. La menace est sérieuse, mais Florence-Lara s'en sort plutôt bien : « Je n'ai jamais eu l'intention de travailler chez M. et Mme Museau. Je ne veux pas entrer au service de particuliers… ». Un premier combat gagné par abandon face à l'ennemi. Pas très glorieux pour un début ! Mais rapidement, les niveaux suivants vont s'enchaîner : investir une agence d'intérim à Caen, et, il y a de quoi refroidir, partir à la conquête du Pôle (du Pôle Emploi, bien sûr).
Vous l'avez compris, on suit Tomb Raider Florence dans son parcours de combattante à tomber raide… de fatigue (et j'arrête là la métaphore) en immersion dans le monde des « invisibles ». Vous savez, ces gens que vous croisez le soir au bureau, passant l'aspirateur, donnant un dernier coup de chiffon en essayant de ne pas trop déplacer les dossiers éparpillés autour de votre PC. Après avoir lu ce livre, peut-être ne regarderez-vous plus ces invisibles de la même façon.
Florence Aubenas la journaliste médiatique dans le rôle de d'Aubenas Florence, l'invisible, la précaire, la travailleuse pauvre, même nom, même prénom, même date de naissance (car elle a conservé ses papiers), il est inconcevable qu'elle n'ait pas été démasquée, c'est dire à quel point les invisibles échappent au regard.
Florence Aubenas – la journaliste – parvient à éviter les principaux écueils de l'exercice. Elle témoigne et son récit reste factuel, littéraire, sensible et parfois même poétique. Elle évacue toute analyse pesante et froide, courbe du chômage, débat sociétal, conclusion macroéconomique, toute tentative d'explication de la « crise » et de ses conséquences. Elle a voulu parler de la crise d'une façon différente. Elle évite la condescendance et le militantisme. Sans moquerie ni flatterie, avec beaucoup de pudeur, juste ce qu'il faut d'humour et d'autodérision, elle assume son rôle à fond et jusqu'au bout (elle s'est fixé comme objectif d'obtenir un CDI, qui mettra fin à son reportage).
Bien sûr, on pourra toujours lui reprocher que tout ça n'est pas vécu « pour de vrai », qu'elle n'appartient pas à cette « France d'en bas », à ces « Français qui se lèvent tôt », qu'elle ne peut donc ressentir comme eux les affres du chômage et l'incertitude de la vie précaire. Mais elle ne veut que mettre en lumière, sur le devant de la scène, cette population invisible, et sa sincérité et sa lucidité sur les limites de l'exercice ne font aucun doute.
Lorsqu'elle dévoilera son identité et son double jeu, la relation intime qu'elle aura pu nouer avec ses « collègues » et « amis » volera en éclat. Elle retarde et redoute ce moment. Ceux-ci se sentiront-ils trahis et trompés ? Il semble que non, le livre a été parfaitement accepté, et avec fierté, par les protagonistes du récit, et le succès remporté (250.000 exemplaires vendus et, parmi les lecteurs, beaucoup de non-lecteurs) est sans doute la meilleure démonstration de la légitimité et de la pertinence de sa démarche.
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On les appelle les travailleurs précaires, les premiers de cordée ou de corvée, c'est selon..., les "sans-dents", expression qui a mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux. En tout cas, ils sont dans une invisibilité sociale sur laquelle le mouvement des "gilets jaunes" a permis de lever le voile. Une dizaine d'années avant, Florence Aubenas, dans le quai de Ouistreham, leur a donné la parole, à travers un récit témoignage plein de vie et de rires mais aussi de bruit et de fureur.
Pour ce faire, elle a partagé l'existence d'agents de nettoyage dans la région de Caen, région sinistrée sur le plan économique depuis la crise de 2008 et durement éprouvée par le chômage. Elle s'est fait passer pour une bachelière sans qualification professionnelle et sans ressources depuis qu'elle s'est fait plaquer par son compagnon.
Outre le fait que son récit est extrêmement bien documenté sur le plan des fermetures d'usines et des luttes sociales de cette région, sa plume gouailleuse s'en donne à coeur joie dès qu'il s'agit d'épingler l"usine à gaz" qu'est devenu Pôle Emploi, avec quelques épisodes désopilants ou tragi-comiques qui laissent pourtant percevoir, sans pathos ni misérabilisme, l'état d'exaspération et/ou de désespoir de femmes ou d'hommes à bout de souffle et de ressources.
Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce livre, c'est la galerie de personnages que Florence Aubenas nous donne l'occasion d'approcher au gré des contrats intérimaires qu'elle va décrocher, après avoir affronté comme tous les autres le parcours du combattant, depuis Pôle Emploi jusqu'à l'agence de nettoyage qui va leur permettre de décrocher non pas un emploi mais de "faire des heures". On va la suivre elle et ses compagnes d'infortune dans le nettoyage du ferry qui vient d'Angleterre, sous la houlette de Mauricette qui mène ses troupes avec la dureté d'un contremaître dans les champs de coton de Louisiane ! Car ne pas perdre une seconde est le maître-mot dans ce genre de travail. Et tant pis si le temps imparti au départ est dépassé : il ne sera pas payé... C'est ce qui arrivera à Florence et ses colistières au camping du Cheval Blanc, où elles seront régulièrement en dépassement d'horaires d'une ou deux heures. C'est à prendre ou à laisser comme l'explique avec résignation Mme Tourlaville avec laquelle Florence va travailler un certain temps. Il vaut mieux également ravaler son amour-propre et accepter de s'entendre dire qu'on est là "pour nettoyer la merde" ! Certaines comme Marilou se résignent et se réfugient dans un avenir fantasmatique avec une belle voiture, un emploi stable et des enfants... Des rêves bien modestes qui les aident à tenir le coup jusqu'au jour où elles craquent, démissionnent ou se suicident...
Deux portraits de femmes sont pourtant en rupture avec ce schéma. Celui de Victoria qui a créé sur le plan syndical la section des travailleurs précaires mais qui a finalement abdiqué devant le sexisme et le rejet qu'elle a senti dans ceux que l'on considère comme "l'aristocratie ouvrière". Celui de Françoise aussi qui "fait carrière" dans le ménage sans honte comme d'autres font carrière dans la finance !
Ce récit a été pour moi captivant car il donne chair à des données statistiques que l'on connaît sans appréhender vraiment ce que c'est que de "finir la semaine avec 8 euros" ou d'attendre de pouvoir se faire arracher toutes les dents à l'hôpital pour pouvoir se faire placer un appareil intégral complètement remboursé...
Florence Aubenas a cessé son enquête le jour où son objectif a été atteint : obtenir un CDI. Elle a écrit en avant-propos "A Caen j'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver pour écrire ce livre".
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Beaucoup connaissent l'origine de ce livre. Je la rappelle quand même…pour les autres.
En 2009, c'est la Crise majuscule, souvenez-vous, crise économique et sociale faisant suite à une crise boursière, mais en réalité, l'amplification d'un phénomène de déclassement de notre pays, comme d'ailleurs beaucoup de pays du monde « occidental ».
Florence Aubenas, grande journaliste à Libération puis au Nouvel Observateur, connue comme une des otages retenues en Irak en 2005, forme le projet d'essayer d'appréhender cette crise, dont tout le monde parle, de « l'intérieur », c'est-à-dire au sein du monde des travailleurs précaires, par une initiative courageuse et non dénuée de risques, car on imagine les difficultés d'une telle démarche: devenir elle-même, pour quelque temps, et c'est là bien entendu le biais, travailleuse précaire. Une démarche différente de celle des travailleurs précaires Joseph Ponthus, ou Thierry Metz, dont c'est toute la vie.

Sous le prétexte de prendre un congé sabbatique, elle prend un petit studio à Caen, ville où elle n'a pas d'attaches et espère ne pas être reconnue…Et se met à la recherche d'un emploi. A Pôle Emploi, elle se présente comme n'ayant qu'un bac littéraire, aucune qualification ni expérience professionnelle, auparavant « femme au foyer » et maintenant contrainte à travailler, car elle vient de divorcer et qu'elle est sans ressources.

Après quelques semaines d'attente infructueuse, elle va trouver « des heures » de femme de ménage, comme on dit dans ce monde des précaires, enchaîner des contrats de quelques heures, à des horaires insensés, par exemple 5h du matin, puis midi, puis 20h, etc…. Et parmi ses affectations, celle qui est considérée comme la pire, le nettoyage TGV des locaux, cabines, sanitaires et autres du ferry Ouistreham-Portsmouth lors de sa courte escale sur le Quai de Ouistreham, qui donne son titre au livre.
Elle rejoint ainsi la cohorte des personnels de nettoyage, majoritairement des femmes, qui vivent au jour le jour.

Ce que j'ai retenu de ce livre qui prend aux tripes, c'est d'abord l'incroyable souffrance que génère ce travail. Souffrance physique, car, ou bien il faut faire à toute vitesse le nettoyage d'un ferry après que sortent les passagers, et avant que d'autres n'arrivent; ou bien il faut faire un travail impossible à faire dans l'horaire imparti… et payé, et l'on fait des heures supplémentaires, …non payées. Travail épuisant dans lequel Florence Aubenas, dans les premiers temps, a beaucoup de difficulté à suivre le rythme des « habituées ». Travail tellement épuisant que ces femmes (elles sont en écrasante majorité) ne peuvent jamais travailler 35 heures, tout au plus 20 heures, étant donné les horaires de travail, leur fragmentation, les déplacements entre différents lieux.

Et puis, il y a la souffrance psychologique liée à la surveillance au mieux dénuée de bienveillance, au pire de méchanceté, des petites et petits chef (fe) s qui les encadrent, le mépris et l'indifférence des grands chefs qui exploitent les travailleuses et travailleurs, les payant souvent au dessous du SMIC, et puis le fait de devenir invisible, « transparente » comme se qualifie Florence Aubenas, quand elle est amenée à faire le ménage alors que les employés d'une entreprise sont présents.

Et la précarité , ça se traduit aussi par les restrictions sur tout : alimentation, pas de visite chez le médecin, le dentiste, fins de mois où il ne reste que 8 euros pour terminer la semaine, pas de vacances, etc..

Le fonctionnement de Pôle Emploi n'est pas épargné. Personnels stressés, n'ayant pas le temps de s'occuper de chacune et chacun, étant donné le nombre de dossiers qu'ils ont à gérer, politique du chiffre avec tous les artifices visant à montrer que le chômage recule, stages à Pôle Emploi sans intérêt, sauf celui d'y être présent, car sinon, on risque d'être radié.
Celui des syndicats est aussi évoqué sans ménagement: un monde d'hommes, plutôt privilégiés, soucieux surtout des faire des coups, de faire parler d'eux, oublieux des soucis du quotidien des précaires. Victoria une retraitée de 70 ans rencontrée par Florence lors d'une manifestation, raconte comment elle avait essayé de monter une section des précaires et tous les obstacles, et le mépris de ses camarades syndicalistes hommes.

Mais de ce monde d'un drôle de travail, mais d'un travail pas drôle, Florence Aubenas nous dresse des portraits saisissants, magnifiques, de chacune et chacun, des jalousies et des haines, malheureusement, mais surtout de toutes celles et ceux avec qui une solidarité, voire une amitié, s'installe. Sont évoquées factuellement, avec beaucoup de vérité, sans sentimentalisme, les aspirations, les souvenirs, les peurs, la honte parfois de toutes ces femmes, et quelques hommes. Je me souviendrai des Victoria, Françoise, Marguerite, Marilou, Laeticia, Madame Tourlaville, femme plus âgée, dont on apprend un jour « qu'elle est disparue définitivement »; et aussi de la belle transsexuelle « Mimi », de Philippe, un peu dragueur, du petit Germain. Et puis des âmes bienveillantes dans les agences d'intérim, Madame Fauveau, ou Madame Astrid dans une entreprise de formation travaillant pour Pôle Emploi.

Et enfin, je voudrais mentionner la description de l'atmosphère de cette région sinistrée, elle n'est pas la seule, avec ces usines disparues, Moulinex, la SCM, et dont elle est amenée à parcourir les friches industrielles.

Florence Aubenas est journaliste avant tout, et si elle décrit de façon juste et avec acuité ce qu'elle a vécu et vu, et qu'elle veut éviter tout sentimentalisme, j'ai regretté la sobriété de l'épilogue, consacré à ses retrouvailles un an après avec ses anciennes « collègues », trop court.
Et bien entendu, il n'y a pas de considérations générales sur l'état sociologique de la France en 2009, sur la politique de l'emploi, ce n'est pas le but.

J'ai voulu savoir comment c'était maintenant, en allant sur le site Internet de l'Observatoire des Inégalités.
J'y ai appris que le taux d'emploi précaire a légèrement décru à partir de 2017, pour s'établir actuellement à 15,3% des emplois, mais que ce sont toujours les jeunes de 18-25 ans, souvent sans qualification, qui représentent la majorité, puisque le pourcentage d'emploi précaire dans cette tranche d'âge est de 55,5%!!!
L'écart entre les femmes et les hommes s'est réduit, ce qui est une bonne nouvelle.
Mais l'Observatoire pointe du doigt tous ces jeunes non comptabilisés, dont le nombre est difficile à évaluer et qui ont un statut d'auto- entrepreneur, ou de micro- entrepreneur, tous ces « uberisés » que nous voyons rouler en vélo dans nos villes. Je ne sais si un livre leur a été consacré, si un ou une journaliste a vécu leur situation, comme l'a fait Florence Aubenas en 2009 dans le monde des femmes de ménage..

Mais je m'égare, j'oublie de dire en conclusion combien ce livre est fort, sonne juste, un livre dans lequel on ne voit pas l'emploi précaire, on le vit.

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La journaliste Florence Aubenas débarque à Caen avec un CV indiquant un baccalauréat et 20 ans de femme au foyer. Elle sera disponible et acceptera n'importe quelle offre ( hors particuliers), l'expérience se terminera le jour où elle obtiendra un C.D.I.
Initiative courageuse mais visiblement , vu le nombre et la teneur des critiques, discutable. Ce livre, très facile à lire, jamais ennuyeux est le journal de bord de l'aventure : pas de plan défini donc mais des scènes, des journées... Pas trop de "moi je ", Florence Aubenas laisse une place importante aux expériences de ses "camarades" d'infortune. Par contre, je suis comme vous, un peu perplexe...j'aurais été curieux de voir le CV de Florence Aubenas, difficile pour elle de masquer une éducation d'un autre milieu, une certaine prestance, une culture... Gêné aussi parce que son expérience, même si les conditions de travail sont déplorables, démontre une certaine facilité à décrocher le fameux sésame. Est-ce que ça se passe vraiment comme ça pour quelqu'un issu d'un milieu "défavorisé", avec des enfants ?
Autre chose : Florence Aubenas ne signera pas le C.D.I. pour ne pas en priver quelqu'un qui en aurait plus besoin qu'elle, bien, mais toutes ces heures qu'elle a faîtes ?
Allez, un dernier reproche, j'aurais aimé connaître l'après révélation...beaucoup trop succinct !! Pressée de boucler le livre ?
À côté de ça, ce livre démontre qu'il existe encore une certaine solidarité parmi ces gens, Florence Aubenas empruntera une voiture du jour au lendemain à des "amis d"amis", que malgré un dénuement extrême ils savent encore partager, que le syndicalisme ne signifie plus rien pour eux, ils semblent assez désabusés...
Malgré mes réserves, je ne regrette absolument pas cette lecture, ce livre à au moins le mérite de pousser à la réflexion sur un grave problème de société. Merci madame Aubenas.
3,5/5
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Florence Aubenas fait une immersion dans le job de femme de ménage à temps très partiel non choisi et cite les employeurs : "Les femmes sont plus rentables à 20 heures qu'à 40 heures de ménage. Il ne faut pas leur donner plus. de toute manière, elles n'y arriveront pas physiquement".

Il n'y a pas d'intitulé à ce livre dont le sujet n'est pas des plus attractifs, ni des plus réjouissants : récit journalistique, chronique, roman ?

En tout cas, une jolie écriture imagée - voir citation -. La journaliste réussit à sublimer le gris-noir voire le noir-noir du quotidien des agents d'entretien et à presque nous détourner du propos sociologique de la précarité.
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Un livre déjà puissant, mais une adaptation exceptionnelle
le livre de Florence Aubenas, d'une sobriété, d'une modestie, et d'une immense empathie m'avait déjà énormément plu. Ce qui y est dit est y donne très largement matière à réfléchir sur notre société. Un livre qui avait fait date et on le comprend.
Mais je dois dire, et c'est la raison de cette critique tardive par rapport à ma lecture, que le film d'Emmanuel Carrère est vraiment exceptionnel, et sans doute encore supérieur, ce qui n'est pas un mince compliment. D'une justesse constante, et incarné de manière phénoménale à la fois par Juliette Binoche et des comédiens et comédiennes non professionnelles...
Un film d'une grande puissance qui donne envie de se replonger dans le livre...
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En 2009,la journaliste Florence Aubenas décide de s'immerger dans le monde des demandeurs d'emploi et nous fait un récit poignant de son parcours du combattant pour décrocher un contrat à durée indéterminée de femme de ménage.Inscrite au Pôle emploi de Caen ,elle va découvrir les emplois précaires, à des heures matinales ou tardives ,sans jamais se plaindre ,toujours entourée d'autres personnes comme elle qui court toute la journée pour quelques heures de travail .Un reportage très juste sur le monde du travail.
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Un témoignage glaçant, lucide et nécessaire sur les travailleurs pauvres. Florence Aubenas, journaliste d'investigation est allée postuler en Normandie en tant qu'agent d'entretien en faisant croire qu'elle n'avait que le bac. Entre exploitation à la limite de l'esclavagisme moderne, humiliation, petits contrats précaires, galères diverses et salaire de misère, la journaliste relate le quotidien malheureux de la catégorie sociale la moins bien lotie et qui a perdu l'espoir que leur situation s'améliore un jour.
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Au début de ma lecture, je m'attendais à ce que ce soit la journaliste qui raconte et surtout qui commente ce qu'elle était en train de vivre, puisqu'elle avait choisi délibérément de faire cette expérience. Or Florence Aubenas ne le fait pas. Elle se contente de raconter, de témoigner et de faire parler les personnes qu'elle rencontre. Des commentaires auraient été forcement des jugements : C'est là toute la pudeur dont fait preuve l'auteur de ne pas donner son sentiment.
Peut être le fera t elle à l'occasion des "retombées" de la sortie de ce livre et je suivrai ces discussions. Ce récit est sobre, les personnages attachants et vrais !
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Une plongée dans la crise économique des années 2000, du côté des travailleurs précaires, les sans-diplômes. L'autrice se fait passer pour une femme sans diplôme mais n'ayant jamais travaillé car femme au foyer. Elle change également d'apparence. Après une inscription à Pôle Emploi et une formation de femme de ménage, elle va se trouver accumuler les petits jobs, de nettoyage, notamment sur un ferry depuis Ouistreham, l'emploi réputé le plus difficile.
Le livre pourrait paraître daté puisque nous parlons plus aujourd'hui de plein emploi que de crise mais ce ne sont pas les mêmes personnes qui sont concernées car si les diplômés peuvent aujourd'hui choisir leur emploi, ce n'est toujours pas le cas des sans diplômes.
Le livre pourrait paraître indigeste, vu le sujet ; en fait, les rencontres faites et quelques scènes très cocasses en font une description de la société d'en bas très juste.
Elle rencontre la difficulté de trouver un emploi sans voiture et les scènes avec la voiture prêtée sont très drôles !
Cette phrase résume bien ses propos "on travaille tout le temps, sans avoir vraiment de travail, on gagne de l'argent sans vraiment gagner notre vie".
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