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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Résolument orientées vers les auteurs hispaniques, la maison d'édition Asphalte nous a permis de découvrir des auteurs détonants comme l'espagnol Carlos Zanón (J'ai été Johnny Thunder), le chilien Boris Quercia (Les Rues de Santiago - Tant de Chiens) et le brésilien Edyr Augusto qui a pris l'habitude de situer ses romans dans l'état du Pará où il vit. Trop de sorties, trop de nouveautés et autres mauvaises excuses, il aura fallu attendre le quatrième opus de l'auteur, intitulé Pssica, pour que je découvre l'univers extrêmement violent d'Augusto Edyr qui dépeint la corruption qui gangrène cette région où règne un climat de déshérence sociale laissant la place à des situations d'une insoutenable abjection.

Après avoir filmé leurs ébats, le petit ami de Janilice a décidé de diffuser la vidéo qui se retrouve sur tous les portables des camarades d'école de la jeune fille. Un scandale que ses parents ont de la peine à supporter, raison pour laquelle ils expédient la belle adolescente, à peine âgée de 14 ans, chez sa tante à Belém. Mais la colère fait rapidement place au désarroi lorsqu'ils apprennent que Janilice s'est fait kidnapper dans la rue, en plein jour. Aux portes de la région amazonienne, l'événement est loin d'être isolé. Les forçats de la jungle sont avides de chairs fraîches qui alimentent les bordels. Ne pouvant compter sur les autorités locales corrompues, le père de Janilice supplie Amadeu, un flic retraité, de se lancer à la recherche de la jeune fille. de Belém à Cayenne, débute alors un périple halluciné aux confins de la jungle amazonienne dans laquelle on croise des pirates du fleuve barbares, des garimpeiros brutaux et des macros cruels qui végètent dans un environnement où la vie humaine n'a que bien peu de prix.

Ce qu'il y a de déroutant avec un romans comme Pssica, c'est que l'auteur ne s'embarrasse d'aucune fioriture aussi bien dans le texte que dans sa mise en forme à l'instar des dialogues qui s'enchaînent sans le moindre saut de page en procurant ainsi une sensation de fulgurance encore bien plus intense pour un ouvrage dépourvu du moindre temps mort. Afin d'achever le lecteur, il faut prendre en compte le fait que Pssica est exempt de toute espèce de transition et se dispense de descriptifs servant à magnifier un environnement pourtant peu ordinaire, dans lequel évoluent des personnages aux destinées plus qu'aléatoires. On se retrouve ainsi avec un texte au travers duquel émane une violence quotidienne, d'une rare cruauté puisqu'elle touche particulièrement des enfants asservis à la concupiscence d'adultes dépourvus du moindre scrupule. Âpres et sans fard, les sévices que dépeint Edyr Augusto suscitent un sentiment de malaise parce qu'ils s'inscrivent dans un réalisme qui fait frémir. Mais loin d'être esthétique ou complaisante, la crudité des scène ne fait que souligner la thématique abordée par l'auteur en dépeignant la corruption institutionnalisée dans une région où l'absence de règles et de contrôles qu'ils soient formels ou informels ne font que renforcer ce sentiment de sauvagerie qui règne tout au long d'un récit sans concession. Ainsi les actes brutaux, qui s'enchaînent tout au long de cet ouvrage à l'écriture sèche et dépouillée, ne deviennent plus qu'une espèce de résultante mettant en lumière cet univers sans foi ni loi où l'expression « loi de la jungle » s'éloigne de son sens figuratif pour prendre une dimension plus littérale.

Avec Pssica, nous suivons donc le parcours de Janilice dont le destin prend la forme d'une espèce de malédiction (Pssica) donnant ainsi son titre au roman. Comme une colonne vertébrale dramatique, les péripéties de la jeune adolescente, soumise aux affres des viols à répétition, de la prostitution forcée et dont la tragique beauté va attiser toutes les convoitises, révèlent les sombres desseins des autres protagonistes du roman qui, tour à tour, semblent comme envoûtés à la simple vue de cette jeune fille au charme ravageur. C'est un peu le cas pour Amadeu, cet ancien flic qui s'engage sans grande conviction dans un périple aux résultats incertains, mais dont les recherches vont virer à l'obsession à mesure qu'il remonte les travées du fleuve qui s'enfonce dans la jungle. Ancien militaire angolais, Manoel Toreirhos pensait avoir trouvé refuge au fin fond de cette forêt équatoriale jusqu'à ce qu'il croise le chemin de Preá, membre d'une bande de pirates qui sévissent dans l'estuaire. Une escalade de vengeances poussent les deux hommes à se confronter dans une succession de règlements de comptes qui virent aux carnages en laissant sur le carreau un bon nombre de leurs compères respectifs. Dans ce monde cruel où chacun rend justice à sa manière, les destins s'entremêlent au gré de rebondissements dont les circonstances aussi brutales qu'abruptes remettent en cause tous les parcours des différents acteurs du roman.

A l'image d'une fièvre malsaine, qui brouille l'esprit, Pssica ensorcellera le lecteur pour l'emmener dans cet univers de violence qui agit comme une véritable catharsis afin d'offrir une possibilité de rédemption qui se révélera bien aléatoire. Puissant, troublant et déroutant.



Edyr Augusto : Pssica (Pssica). Editions Asphaltes 2017. Traduit du portugais (Brésil) par Diniz Galhos.

A lire en écoutant : Até o Fim de Madame Saatan. Album : 11 Anos Naas Missào. Doutromundo Musica 2011.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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La pssica, c'est la malédiction. Et c'est peu dire que les personnages que met en scène Edyr Augusto dans ce roman sont maudits. Janalice, collégienne envoyée vivre chez sa tante, à Belém, après que ses parents ont découvert qu'une vidéo intime la mettant en scène avec son petit ami a été diffusée sur les réseaux sociaux, est enlevée et tombe entre les mains de trafiquants d'humains. Manoel Tourinhos, a fui l'Angola et a refait sa vie sur une île du delta de l'Amazone jusqu'à ce que des pirates décident de braquer son commerce et mutilent et tuent sa femme. Preá monte dans la hiérarchie des pirates du delta, mais dans un monde de prédateurs, il est compliqué de garder sa place et son statut. Amadeu quant à lui, est un policier à la retraite, ami du père de Janalice. Pour rendre service il va enquêter sans grande conviction au départ sur sa disparition… jusqu'à ce que son désir de la retrouver finisse par devenir une obsession, au risque de se perdre lui-même.
Comme Edyr Augusto, qui, dès les premières lignes, lance son roman bille en tête, nous n'irons pas par quatre chemins : Pssica est un livre d'une violence extrême, sans temps mort, souvent dérangeant et, si l'on peut regretter une dernière partie sans doute trop vite expédiée, dont la relative brièveté (138 pages auxquelles est adjointe une postface perspicace de Daniel Galera) renforce encore le caractère débridé : « un récit qui ne se donne même pas la peine de démarrer avant d'accélérer » dit à raison Galera. Pour autant, comme dans les précédents romans d'Edyr Augusto, aussi inconfortable soit-elle, la violence de Pssica n'est ni gratuite, ni une manière de voyeurisme et elle tient autant aux actes décrits qu'à l'écriture en rafale de l'auteur.
De tout cela il ressort, comme de Belém, Moscow et Nid de vipères, une description sans fard de la violence sociale qui règne là. de la manière dont la corruption qui gangrène monde politique et administration a fini par imposer un nouvel ordre social que la population a dû se résigner à accepter car, là où l'État n'est plus présent, c'est ce nouvel ordre qui semble assurer aux yeux des gens un semblant d'espoir d'avoir quelque chose sur la table le lendemain. Augusto, sans se faire lénifiant, par la simple et crue description des avanies qui s'abattent sur ses personnages, laisse deviner les ressorts de cet état de fait, la précarité de l'équilibre qui se met en place et la manière dont tout peut basculer l'espace d'un instant. Et encore une fois il montre comment ce sont les plus pauvres et les femmes qui paient le plus lourd tribut, simples marchandises dans monde totalement dérégularisé dont profite par ailleurs le riche voisin. Les pages consacrées à la Guyane française sont d'ailleurs tout aussi violentes que celles qui se déroulent au Brésil et, là encore, représentent une charge salutaire.
Une fois encore Edyr Augusto impressionne par la brutalité de son écriture et la rage qui émane de ses histoires. Féroce et engagé, Pssica vous laisse groggy.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Aux confins de Brésil et de la Guyane, l'extrême violence des échanges en milieu équatorial corrompu par l'avidité et la misère.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/02/04/note-de-lecture-pssica-edyr-augusto/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Dés les premières lignes l'auteur posent les choses. Les parents d'une adolescente découvrent la réalisation d'une sex-tape et décide d'exiler leur fille chez sa tante. Elle sera enlevée et livrée à un réseau de prostitution. On suit parallèlement la quête de vengeance d'un commerçant, dont la femme a été sauvagement assassinée ; et les atermoiements d'un chef de gang. La violence est omniprésente et nous est livrée sans filtre et de manière extrêmement crue. Pour autant elles servent véritablement l'histoire, les personnages et la dénonciation d'un certain nombre de crimes et la corruption. J'ai beaucoup aimé les personnages, dont les lignes de moralité ont véritablement explosé. On est happé dés les premières lignes de ce roman qui ne vous lâche plus.
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Un roman puissant. Des phrases percutantes et une violence qui semble autant naturelle que sans limite. le récit m'a porté jusqu'à la dernière page et même au-delà quand on a fini le livre mais qu'on arrive pas à le lâcher !
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