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Citations sur Au pays des choses dernières (Le voyage d'Anna Blume) (36)

Un pas, puis un autre pas, puis encore un autre : telle est la règle d'or. Si tu ne peux même pas arriver à faire ça, alors autant te coucher tout de suite sur place et t'ordonner à toi-même de cesser de respirer.
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Nous sommes si nombreux à être redevenus comme des enfants. Ce n’est pas que nous le voulions, comprends-tu, ni qu’aucun de nous en soit réellement conscient. Mais lorsque l’espérance s’est enfuie, lorsqu’on découvre qu’on a même cessé d’espérer que l’espérance soit possible, on a tendance à remplir les espaces vides par des rêves, des petites pensées enfantines et des histoires qui aident à tenir.
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Comment parler à quelqu'un d'avions, par exemple, s'il ne sait pas ce qu'est un avion ? C'est un processus lent, mais inéluctable, d'effacement. Les mots ont tendance à durer un peu plus que les choses, mais ils finissent aussi par s'évanouir en même temps que les images qu'ils évoquaient jadis. Des catégories entières d'objets disparaissent - les pots de fleurs, par exemple, ou les filtres de cigarette, ou les élastiques - et pendant quelque temps on peut reconnaître ces mots même si on ne peut se rappeler ce qu'ils signifient. Mais ensuite, petit à petit, les mots deviennent uniquement des sons, une distribution aléatoire de palatales et de fricatives, une tempête de phonèmes qui tourbillonnent, jusqu'à ce qu'enfin le tout s'effondre en charabia.
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L'une après l'autre j'ai essayé de laisser tomber mes attaches, de me dessaisir de toutes les choses qui avaient eu pour moi quelque importance. Mon intention était d'arriver à l'indifférence, une indifférence si puissante et si sublime qu'elle me protégerait de toute agression ultérieure.
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Contrairement à ce qu'on pourrait supposer, les faits ne sont pas réversibles. Ce n'est pas parce que tu as pu entrer que tu seras capable de sortir. Les entrées ne deviennent pas des sorties, et il n'y a rien pour garantir que la porte que tu as franchie il y a un moment sera encore là quand tu retourneras pour la chercher à nouveau. C'est ainsi que ça marche dans la ville. Chaque fois que tu crois connaître la réponse à une question, tu découvres que la question n'a pas de sens.
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La lumière se comporte de telle façon que les couleurs se déforment de plus en plus à mesure qu'on s'approche d'elles. Même les ombres sont agitées, secouées par des pulsations fiévreuses et fantasques sur leurs contours.
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De jour comme de nuit , il fallait des bougies quand on se rendait dans les rayons. Les livres étaient situés au coeur du bâtiment, et il n’y avait donc de fenêtres dans aucun des murs. Comme l’électricité était coupée depuis longtemps, nous n’avions d’autre solution que de transporter notre éclairage. A une époque, disait-on, il y avait eu plus d’un million de volumes dans la Bibliothèque nationale. Ce nombre avait été fortement réduit avant mon arrivée, mais il en restait encore des centaines de mille, et c’était une avalanche imprimée ahurissante. Il y avait des livres posés droit sur leur étagère tandis que d’autres jonchaient chaotiquement le plancher et que d’autres étaient encore amoncelés en tas désordonnés. Il y avait bien un règlement de la bibliothèque – et il était rigoureusement appliqué – qui interdisait de sortir les livres hors du bâtiment, mais un grand nombre d’entre eux avaient néanmoins été dérobés et vendus au marché noir. De toute façon, on pouvait se poser la question si la bibliothèque en était encore une. Le système de classement avait été complètement chamboulé , et, avec tant de volumes déplacés, il était virtuellement impossible de trouver un ouvrage qu’on aurait précisément recherché. Si on considère qu’il y avait sept étages de rayonnages, dire qu’un livre n’était pas à sa place revenait à déclarer qu’il avait cessé d’exister. Même s’il était physiquement présents dans ces locaux, le fait était que personne ne le retrouverait jamais. J’ai fait la chasse à un certain nombre de vieux registres municipaux que voulait Sam, mais la plupart de mes incursions dans ces locaux n’avaient d’autre but que de ramasser des livres au hasard. Je n’aimais pas beaucoup me trouver là, car je ne savais jamais sur qui je pouvais tomber et je devais respirer cette humidité froide avec son odeur de pourriture moisie. J’entassais autant d’ouvrages que je pouvais sous mes deux bras et je remontais dans notre chambre. Les livres nous ont servi à nous chauffer pendant cet hiver. En l’absence de tout autre combustible, nous les brûlions dans le poêle en font pour faire de la chaleur. Je sais que cela a l’air épouvantable, mais nous n’avions vraiment pas le choix. C’était soit cela, soit mourir de froid. L’ironie de la chose ne m’échappe pas – passer tous ces mois à travailler à un livre en même temps que nous brûlions des centaines d’autres ouvrages pour nous tenir chaud. Ce qu’il y a de curieux, c’est que je n’en ai jamais éprouvé de regret. Pour être franche, je crois que j’avais en fait du plaisir à jeter ces livres dans les flammes. Peut-être cela libérait-il quelque colère secrète en moi ; ou peut-être était-ce simplement une façon de reconnaître que ce qui leur arrivait n’avait pas d’importance. Le monde auquel ils avaient appartenu était révolu, et au moins ils étaient à présent utilisés à quelque chose.
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Ce n'était d'abord qu'une affaire de corps, des membres pressés et emmêlés, une débauche de désirs réfrénés. La sensation de défoulement était immense, et pendant les quelques jours suivants nous nous sommes rués l'un sur l'autre jusqu'à l'épuisement. Puis le rythme est retombé, comme il devait le faire, et petit à petit, pendant les semaines qui ont suivi, nous sommes en fait tombés amoureux. Je ne parle pas seulement de la tendresse ou du confort d'une vie partagée. Nous sommes tombés profondément et irrévocablement amoureux.
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Ne rien vouloir, me disais-je continuellement, ne rien avoir ne rien être. Je ne pouvais imaginer de solution plus parfaite que celle-là. A la fin, je n'étais pas loin de vivre une existence de pierre.
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Rien ne se fend ici plus facilement que le cœur.
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