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sur 453 notes
Jai découvert Isabelle Autissier avec "le naufrage de Venise" et j'ai été happée par son talent d'écrivaine. "Oublier Klara" m'a bouleversée en me plongeant dans cette Russie impitoyable qui fait encore la une aujourd'hui. Je l'ai terminé hier et le soir passait sur Arte "L'ombre de Staline" qui mettait un point final à ma lecture.
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Mourmansk, au nord du cercle polaire. A un peu plus de 70 ans, Rubin s'éteint. Il a été un capitaine de pêche renommé et respecté. Il a un fils, Iouri, qui a fuit sa famille et son pays des années plus tôt pour mener sa carrière universitaire aux Etats-Unis. Et puis Iouri apprend que son père est mourant et qu'il demande à le voir. Il hésite car il garde le souvenir d'un père violent et destructeur. Finalement, il s'envole pour Mourmansk. Sur son lit d'hôpital, Rubin lui parle de Klara, sa grand-mère et lui révèle qu'elle a été emmenée au goulag du temps du stalinisme. Avant de mourir, il voudrait comprendre pourquoi elle a été capturée et ce qu'elle est devenue. Alors Iouri s'empare de cette mission. Débute une longue enquête qui le conduit vers les rivages de son enfance.

« Oublier Klara » est un superbe roman d'Isabelle Autissier, dans la lignée de « Soudain, seuls ». Il comporte plusieurs dimensions, mêlant des éléments de l'Histoire de la Russie du temps du stalinisme et des répressions aussi violentes qu'arbitraires à d'autres éléments plus intimes, relevant de l'histoire d'une famille et du poids que la disparition brutale de Klara va avoir sur son fils, Rubin, puis sur son petit-fils, Iouri.

En toile de fond, une autre dimension se fait jour, celle de la nature que célèbre l'auteur. Elle dépeint avec brio et émotion la nature sauvage, hostile et pourtant belle de la toundra du Grand Nord, des oiseaux qui en rayent les cieux, de l'alternance des nuits sans fin que les couleurs désertent et des jours infinis, d'une chatoyance oubliée. La nature, c'est aussi celle que saccage l'homme dans ses activités de pêche. Et quand l'auteur conte la fascination de Rubin pour le contenu des chaluts qui se déverse sur le pont, la description est si saisissante que l'on est presque tout aussi subjugué que lui.

En écho à cette nature âpre, se tiennent les hommes et la noirceur de leur âme. Au long de son enquête, Iouri remonte le fil de son enfance rude et solitaire et celle de son père, en contrepoint. Et l'on comprend que ce qui soude et en même temps désunit les deux hommes, c'est la disparition de Klara. Iouri va exhumer des secrets qui racontent sa famille et ses secrets, leur donnant sens, à rebours. le procédé utilisé par l'auteur est intéressant en ce qu'il mêle trois arcs narratifs – Iouri, Rubin et Klara – qui donnent consistance et complexité à l'intrigue. Quand vient la voix de Klara, en toute fin, portée par l'écriture aux marges d'un livre de géographie, le roman familial peut enfin s'écrire et tisser la toile de ses signifiants.

Un roman poignant, d'une beauté sauvage. Une ode à la nature et à l'homme malgré ses parts d'ombre.
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Roman "facile", histoire dure. Bon bain de rappel dans l'univers stalinien, dans l'URSS post-stalienne et dans la Russie contemporaine.

Avec Isabelle Autissier, on ne se promène pas dans une forêt tropicale : mettez vos pelisses et vos cirés et embarquez pour la mer de Kara, la presqu'île de Mourmansk et autres lieux frigorifiés. Confrontez-vous, comme il convient souvent en début de roman, à une énigme et partez à la recherche d'une réponse. La question ? Pour quelle raison Klara, la grand-mère de Iouri, a-t-elle été condamnée au Goulag et quel a été son destin ?

Ce qu'il y a d'agréable chez Isabelle Autissier, c'est son style simple, cette manière, sans presque y toucher, de bien faire sentir la bonté de certains de ses personnages (mise en relief par contraste avec un milieu de vie très rude) et aussi, de manière plus visible, l'admiration qu'elle a pour les êtres humains qui s'accrochent à la vie dans des circonstances exceptionnelles (on se souvient de "Soudain seuls" et de "L'amant de Patagonie"), admiration qu'elle sait faire partager.

Un autre aspect attachant de l'auteure est l'émerveillement que lui inspire la nature (dans ce roman : les oiseaux) et aux peuples premiers (ici les Nénètses, éleveurs de rennes).

Un bon moment de lecture et la confirmation d'une femme qui maîtrise l'art de raconter des histoires en faisant partager le respect que lui inspire la lutte pour la vie.
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L'histoire se passe en Russie au nord du cercle polaire. Iouri est appelé au chevet de son père, Rubin, mourant qu'il n'a pas vu depuis 23 ans. Les rapports père-fils ayant toujours été très difficiles. La mère de Rubin, Klara, a disparu lorsque ce dernier était encore enfant, arrêtée par la police stalinienne. À l'aube de sa mort, Rubin, profondément marqué par cet abandon, souhaite que Iouri enquête sur le passé de Klara.
Cette autrice était pour moi une découverte. J'ai adoré sa façon d'écrire sur la nature, sur la pêche,... ses descriptions et ses personnages. Certains passages sont violents et parfois difficiles à supporter mais ne sont que le reflet du contexte de la petite histoire dans la grande histoire, qui plus est dans un environnement particulièrement rude. Très beau roman, facile à lire dans un beau style, agréable et travaillé. Lorsque je l'ai lu, j'ai eu l'impression d'entendre Isabelle Autissier, la navigatrice, s'exprimer. Une personne simple, entière et profondément humaine.
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C'est une histoire bouleversante est chaotique d'une famille russe sur trois générations, la quête improbable du petit-fils qui tente de retrouver les traces de l'histoire atypique de sa grand-mère disparue avant sa naissance . On remonte le temps à travers le destin des personnages qui se racontent à tour de rôle, l'auteur nous décrit avec finesse et précision le destin de cette famille russe qui a souffert sous le joug de Staline qui a connu  la faim ,la peur , les restrictions elle nous raconte le froid, la misère, la mer, les oiseaux nous emmène dans un voyage en terre inconnue c'est une merveilleuse promenade que nous offre  Isabelle Autissier je suis conquise  bravo
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Je découvre l'auteure et vais sans aucun doute lire ses autres romans ! Oublier Klara est un texte fort qui nous fait vibrer et voyager dans le temps (époque de Staline, du Goulag) et l'espace (Etats-Unis mais surtout URSS).
Une quête pour un homme de 46 ans qui va découvrir tout un pan de son passé et mieux comprendre son père.
Un récit à trois voix (celles de Iouri, protagoniste, de son père, Rubin et de sa grand-mère, Klara) dans lequel la petite histoire rejoint la grande Histoire pour notre plus grand bonheur. Un texte très bien écrit, qui nous touche énormément de par les thématiques de la déportation et du Goulag mais aussi grâce à la façon dont cette histoire est racontée. Un roman que je recommande sans hésiter !
Merci à NetGalley et aux Editions Stock pour cette belle découverte ! #OublierKlara #NetGalleyFrance
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De l'URSS de Staline à la Russie de Poutine, 3 générations : Klara – Robin – Iouri, d'une famille broyée par le système disciplinaire du parti communiste de l'union soviétique.

Cela commence au début des années 50... Klara, une chercheuse scientifique est arrêtée pour haute trahison, dénoncée par des proches mais aussi par son mari Anton. Son fils Robin, encore enfant, est témoin de cette arrestation. Il ne reverra jamais plus sa mère. Cet événement va faire de lui un être dur, impitoyable qui, plus tard, n'aura aucune manifestation affectueuse ni la moindre mansuétude pour son fils Iouri... - ou : comment un événement avilissant peut se répercuter dans le temps, entraînant une cascade de comportements meurtrissants jusqu'à commettre des crimes de sang qui, s'ils demeurent impunis, marquent à jamais leurs esprits tourmentés...

Klara est-elle oubliée comme l'indique, sous la forme suggestive, le titre du roman d'Isabelle Autissier ? Il semble bien que ce soit le contraire, elle ne quitte jamais la pensée de ses descendants, jusqu'à l'obsession.

Au cours de la lecture, on n'a qu'une envie : la retrouver, savoir quel fut son sort après son arrestation, découvrir les raisons de celle-ci... sa descendance va être marquée du sceau de l'infamie et, dans l'URSS stalinienne, c'est une existence âpre endurcie par les humiliations qui condamne le père et le fils à la mise à l'écart, à l'indignité, et à la honte... ce sont pourtant ces conditions punitives qui vont forger la personnalité de Robin qui deviendra patron de chalutier, un capitaine d'excellente renommée mais aussi redoutable meneur d'hommes à Moumansk...

L'auteure est une femme marin. Isabelle Autissier est la première femme qui a fait le tour du monde à la voile en solitaire... elle a en outre un don et beaucoup de talent pour l'écriture... quand elle nous entraîne dans l'océan Arctique, à bord du chalutier de Robin où son fils Iouri est mousse, les parties de pèche périlleuses, dans cet univers brumeux, glacé, gris, tempétueux, deviennent des scènes d'un réalisme si puissant qu'à notre tour, accroché au chalut nous tirons à nous en arracher les bras, tanguant jusqu'à en vomir, avec la peur de voler par dessus-bord...

Dans ce flot des pages, Klara, régulièrement, refait surface, c'est à petite dose que l'on découvre qui elle est et ce qu'elle devient loin des siens...

Iouri a une passion pour les oiseaux, lui aussi deviendra un éminent scientifique, leur vol magnifié dans ses yeux et dans son âme, tout au cours de son enfance et adolescence, lui fera découvrir ce qu'est la liberté. Sa vie il la réalisera sous son aile bienveillante. Il ira au bout de sa quête et, sans jamais la voir ni la revoir, il rencontrera Klara, connaîtra son mystère imprégné d'une immense force intérieure... une forteresse entièrement libre dans la forteresse qui emprisonne et qui broie...

Un immense moment de lecture !...
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Après avoir déjà lu « Soudain, seuls » d'Isabelle Autissier, j'ai acheté et lu « Oublier Klara ». Dans ce roman, si on retrouve les thèmes proches de l'auteure-navigatrice, la mer, la pêche, la préservation de la nature, il y a aussi tout un fond historique très intéressant au coeur de l'intrigue.
Iouri a quitté la Russie en 1994 pour construire sa vie aux Etats-Unis, avec son compagnon Stephan et sa passion intacte pour l'ornithologie. Iouri est le fils de Rubin et le petit-fils de Klara. S'il revient à Mourmansk, c'est parce que son père Rubin est mourant. La relation entre le père et le fils est tendue, froide…Mais ce que Iouri ne savait pas en revenant dans sa ville natale, c'est que les dernières paroles de son père allaient le projeter sur les traces de son passé.
Dans cette famille à la communication inexistante, Iouri a grandi entouré de secrets et de non-dits, entre une mère distante et un père brutal. Il découvre donc que sa grand-mère Klara, géologue émérite, a été arrêtée et envoyée au goulag pour trahison. C'est l'histoire de cette grand-mère qu'il va reconstituer au prix de nombreuses démarches. Cette quête va lui faire découvrir plusieurs pans du passé et l'aider à mieux comprendre son père et ce qui a forgé son caractère.
Isabelle Autissier a une belle plume et nous fait voyager dans une autre époque. le récit est très intéressant et prenant, ponctué de passages quasi poétiques sur la mer, la pêche. Elle décrit également parfaitement les sentiments et rend bien compte des interactions entre les personnages. Très beau récit, lecture très agréable que je recommande à tous ceux qui aiment les récits « de famille » qui suivent plusieurs générations et aussi à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire récente de la Russie.

Un seul bémol, tout petit…dû à l'éditeur : la seule chose qui ait gâché un peu ma lecture, c'est la présence de nombreuses fautes, quelques coquilles certes, mais surtout des fautes de conjugaison assez exaspérantes !
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J'ai toujours apprécié l'écriture d'Isabelle Autissier ("Soudain, seuls" était bluffant d'intensité) et je suis cette fois encore sous le charme.
Le sujet est grave, les paysages sont hostiles, mais on s'attache très vite à ce fils qui cherche la vérité. Un très beau roman lu avec avidité et que je conseille sans hésiter.
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Oublier Klara, c'est une histoire de famille. Yuri, exilé en amérique, revient en Russie quand il reçoit une lettre qui indique que son père est mourant. Bien qu'il n'ait pas de liens affectifs avec lui car son enfance a été très difficile, il revient pour écouter les derniers mots de son père. On revient alors sur le bâteau de pêche de Rubin (le père de Yuri), entre la chute de l'empirte soviétique, la mort de Staline, les quotas de pêche impossibles à atteindre, la peur, la faim, l'âpreté de la vie. On passe d'une période à une autre, de Rubin à Yuri, les périodes se mélangent mais on remet les choses en place sans problème, le livre est très clair et très bien écrit. On remonte également à Klara, la grand-mère, le point d'interrogation du roman, grande scientifique arrêtée dans les années 50 à Mourmansk par les hommes en noir, personne n'a jamais su pourquoi. Ce sera la quête de Yuri. Pour ses recherches sur la radioactivité ? Pour des activités autres dont on ne sait rien ? le livre raconte aussi les errements de Yuri, et comment tous ses secrets ont façonné la famille qui reste aujourd'hui : la dureté de Rubin, son goût de la liberté, un homme abîmé et déchiré. Un beau livre qui se lit très bien.
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