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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre raconte le destin d'un compositeur juif, qui n'a plus le droit d'écrire de la musique, et que l'on a cantonné dans un bureau, pour recopier des documents, en double exemplaire, d'un modèle déjà lui-même en double exemplaire et ceci sans fin, le travail abrutissant par excellence. A son arrivée au ghetto, on en a profité pour lui dérober toutes les partitions qu'il avait emportées avec lui, dernières preuves de son existence.

Pour tromper l'ennui, il récupère des petits bouts de papier, sur lesquels il écrit ce qui lui passe par la tête : ce qui se passe dans le ghetto, ce qu'il voit ou simplement ses pensées du moment.

Il arrive à s'évader et fait une rencontre hallucinante, une vieille dame, et son chien, un molosse baveux qui reconnaît les juifs grâce à son flair ! sur les murs de la petite maison, des tableaux, plutôt hideux peints par son petit-fils et signés… A. Hitler

Hélios Azoulay a choisi l'humour au dixième degré pour dire l'indicible, tournant en dérision aussi bien les nazis que les juifs eux-mêmes ce qui nous donne des réflexions très intéressantes, voire fulgurantes.

Le récit se découpe en deux parties principales ; dans la première, il nous raconte l'histoire du musicien, sa vie dans le ghetto et dans ma deuxième, il nous propose un récit constitué par la juxtaposition de tout ce qu'il a pu écrire sur les petits papiers, sans ponctuation, les uns à la suite des autres, tel un journal intime.

Derrière la figure de style, j'ai l'impression que se cache en fait la folie qui permet de survivre dans le ghetto, en attendant la mort, alors que circulent les cercueils, et ordres vociférés par les nazis. Comme si la pensée était en train de se désagréger, la relation au temps, au présent, au passé qui n'est plus à l'avenir qui n'existera peut-être jamais.

Qu'est-ce qui nous reste quand on sait que la mort est proche ? des souvenirs d'enfance, des moments heureux, les souffrances, le sourire de la mère, l'absence du père ?

Le titre est évocateur : qu'est-ce qui s'éteint ? La vie ? La lumière du jour ou celle de la conscience ?

L'écriture est belle, rythmée comme une composition musicale, sans agressivité, on ne pense pas à Wagner (clin d'oeil à l'auteur), c'est plus léger (Mozart?) et en même temps percutant (Beethoven?), jamais triste, donc on oubliera Chopin et voilà que je me laisse emporter par mes préférences musicales…

C'est arithmétique. On n'aime pas Wagner parce que c'est grand, on aime Wagner parce que c'est gros. Parce que c'est de l'accumulation.

Il y a des livres, comme ça, dont on sait d'avance qu'il va vous bouleverser, jusqu'au fond de l'âme ; bien qu'il n'ait que 136 pages à peine, c'est un uppercut, qui mêle l'humour, le pouvoir de la pensée dans l'enfermement, la manière dont on tutoie la folie pour ne pas sombrer…

Ce livre est un OVNI, d'une puissance énorme qui traite d'une manière on ne peut plus originale, avec de l'humour, de la poésie, d'un sujet tellement fort, monstrueux ; c'est une façon d'aborder la manière dont les nazis ont traité les juifs, tout à fait inédite et qui fait réfléchir tout autant que les livres que j'ai pu lire jusqu'ici.

La rencontre avec la grand-mère d'Hitler est truculente et va rester longtemps dans ma mémoire !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Rocher qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur que j'ai maintenant, bien sûr envie de connaître davantage, car il a déjà pas mal de livres à son actif.

#Justeavantdéteindre #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un jeune compositeur juif est parqué avec des milliers d'autres coreligionnaires dans un ghetto, où privé de musique il va écrire sur des petits bouts de papier des fragments de phrase, reflets de ce qu'il voit :
« C'est comme une discipline. Dès que j'ai mon maigre bout de papier, j'affole mes yeux jusqu'à ce qu'un détail m'arrête. Et je note. Ce que je vois, ce que j'ai devant moi, ce que mes yeux attrapent, ce qu'il me reste entre les dents. Des petites phrases.
J'écris debout.
Il n'y a pas de détails, il n'y a que des preuves. J'en ai les poches pleines. »

Il va s'évader, et cette évasion donne lieu à une scène épique, dans la maison d'une vieille dame un peu étrange. Il sera repris et déporté.
La dernière partie du livre est la transcription des « preuves » qu'il avait notées. Phrases courtes, souvent émouvantes, souvent poétiques, parfois burlesques, parfois à la limite de l'absurde, toujours fulgurantes.

Ah les mots. Que les miens vont être impuissants à traduire ce que j'ai ressenti à la lecture de ceux de l'auteur., ils m'ont fait passer en 136 pages par toute une palette de sentiments. J'ai souri, et même éclaté de rire une fois alors que le cadre est tragique :
« Il fait si glacé. Je me serais volontiers coupé le nez pour le mettre au chaud dans ma poche »
J'ai eu les larmes aux yeux, parfois. J'ai été émue, souvent.
J'ai surtout admiré le talent de l'auteur à mettre des images derrière les mots, à jouer avec les mots. Son texte est parfois si proche de la poésie. Dans cet enfer sur terre, ce ghetto d'où l'espoir est absent, les mots restent un ultime rempart contre la barbarie. Ce livre leur est un hommage formidable. Et un énorme coup de coeur pour moi.
Merci infiniment aux éditions du Rocher sans lesquelles je n'aurai probablement jamais ouvert ce livre #Justeavantdéteindre #NetGalleyFrance.
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Fragments d'une vie écourtée ! Peu de phrases, peu de mots, peu de ponctuation ! Celle d'un jeune musicien praguois parqué dans un ghetto juif, puis déporté.

Empêché de composer, il écrit sur tous les petits bouts de papier qu'il peut trouver. Il écrit sa vie, ses envies, ses souvenirs, ses peurs et sa folie aussi parfois, blessé par ce qu'il voit ! Sa rencontre pendant son évasion est-elle réelle ou issue de cette folie qui peut le sauvegarder de l'horrible réalité ?

Pas de structure dans ce texte, ce qui le rend blessant, poignant, incisif et malaisant mais c'est un texte qui reflète le désir d'un homme de rester un homme !

Encore plus difficile à chroniquer, il n'y a aucun jugement à porter !

#Justeavantdéteindre #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021

Challenge RIQUIQUI 2021
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La première chose que l'on remarque dans ce livre c'est l'écriture tantôt poétique, tantôt cynique voire assassine qui nous entraîne au coeur de l'Histoire et de la barbarie. Les chapitres sont courts et les mots couchés sur le papier sont parfois succincts, quelques phrases, quelques pages. On navigue entre moments de folie et raison, entre rêve et réalité, entre abattement et regain de vie.

C'est un livre inqualifiable et atypique. C'est grinçant et parfois loufoque (Le narrateur rencontre la grand-mère d'Hitler...) comme pour palier à l'horreur du moment. On passe du rire, au sourire, à la colère, au dégoût. J'ai aimé le pouvoir de la musique et de l'écriture face à l'ignominie. C'est certain c'est un roman qui qui touche et remue grâce à l'originalité d'écriture d'Hélios Azoulay! (...)
Lien : http://auchapitre.canalblog...
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Ce roman très court se divise en deux parties. La première relate à travers une écriture très travaillée et un style grinçant le départ, l'arrivée et le quotidien dans le ghetto juif de Prague d'un compositeur. Très vite, il travaille dans l'administration, ce qui lui permet de récupérer des petits morceaux de papier, sur lesquels il écrira ce qu'il observe et  ressent. Il parvient ensuite à s'échapper et après une longue marche, une rencontre des plus inattendues se produit!
C'est cynique, drôle, absurde et très réussi (ou comment rire de l'horreur absolue!).
La deuxième partie est la découverte des inscriptions portées sur les petits bouts de papier qu'il récupérait dans son bureau. C'est très poétique et teinté de tristesse car l'on sait que l'issue de cette situation est funeste.
J'ai été très touchée par cette lecture dont le style est plutôt inhabituel, entre humour grinçant et poésie, mais sert tout à fait ce projet de dénonciation de la barbarie humaine, de l'Holocauste.
.Ce texte est très beau et il mérite d'être découvert. Je vous encourage à le lire!
Je l'ai lu en version dématérialisée mais il n'est pas impossible que je m'achète la version papier!
Je remercie Netgalleyfrance et les éditions du Rocher pour cette très belle découverte.
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Très jolie découverte pour moi : ce roman est comme un long poème qui nous emmène aux côtés d'un musicien juif qui doit faire face à l'horreur de la déportation.
Les chapitres sont très courts, certains sonnent comme de la poésie : le musicien privé de son piano compose sa vie sur de petits bouts de papier qu'il récupère. " Un lambeau étroit comme une île,où je peux écrire quelques mots.Ce que je vois,(...) ce que mes yeux attrapent (...)" .Pas de misérabilisme cependant, on rit souvent, l'auteur ne recule pas devant le burlesque, comme la rencontre improbable avec la grand mère d'Hitler ! le récit est aussi celui de sa vie, de son enfance qu'il voit se dérouler dans ses souvenirs.
Dans la dernière partie "fin et au delà" on retrouve la poésie des petits papiers, tantôt tragique "il était devenu fou et négociait avec le mur qui l'empêchait de passer", tantôt savoureuse (et tragique aussi) "il a léché sa cuillère,il l'a sucée ,il l'a regardée en se demandant si ça ne vaudrait pas le coup de l'avaler". Et émouvante "elle me regarde avec les yeux d'un poisson qui vient de comprendre que l'aquarium se vide"...Tout est dit!
Et moi je dis merci à Babelio et aux Editions du Rocher de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
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Cette lecture est une expérience unique où le jugement n'a aucunement sa place, où seul, les mots et leurs pouvoirs vous transportent dans cette cruelle intimité.


JUSTE AVANT D'ÉTEINDRE est un roman court, très court, où les émotions explosent au son des mots .


JUSTE AVANT D'ÉTEINDRE est un roman qui se lit à voix haute, qui se crie dans le silence des pages blanches et noires, qui cavale au rythme des phrases syncopées, qui se vit, qui se sent. Il dégage de ce roman une certaine architecture des mots et des émotions. Une étrange osmose qui trouve sa beauté dans la douleur, l'innommable, l'incongru et ces petits papiers, liens magiques, sensoriels.


JUSTE AVANT D'ÉTEINDRE est un roman d'une splendeur éblouissante. Hélios Azoulay aborde la déportation, les camps de concentration et extermination, et ces femmes, ces hommes, ces enfants, ces vieillards à l'espoir famélique, étrangement féerique.


La structure unique et atypique du texte rend l'ensemble explosif parfois burlesque et surtout douloureux.


Sortir de cette lecture indemne est mission impossible. Les mots vous collent, impriment vos rétines et laissent cette trace tatouée dans votre coeur et vos tripes. A jamais.


Une puissance solaire et exceptionnelle !
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Cette lecture fut un gros coup de coeur pour moi, et comme le dit si bien les éditions du rocher, ce livre est un uppercut !

Je l'ai lu en quelques heures tant ce livre est percutant. le narrateur est un compositeur juif qui va être déporté lors de la Seconde guerre mondiale. Cette personne reste énigmatique à nos yeux, nous savons simplement que c'est un compositeur. Mais ce qu'il va vivre, va nous rapprocher de lui. Lors de son arrivée au ghetto, ses partitions, et tout ce qu'il lui appartenait vient de lui être enlevé. Il va alors devoir trouver une parade pour combler l'ennui, mais aussi pour continuer ce qui reste cher à ses yeux : composer, sans que cela ne soit forcément de la musique.

Ainsi, dans une première partie, nous allons le suivre découvrir cet horrible univers… Et dans un second temps, nous allons le suivre composer de différentes façons. Ce récit est très original tant par le fond que par la forme même si c'est surtout par la forme.

Le style littéraire de l'auteur est complètement unique. le style est très poétique, ce qui peut sembler être contradictoire avec le sujet évoqué, mais ici absolument pas. Je trouve que le côté poétique de ce roman, le rend d'autant plus poignant, plus humain.

J'ai trouvé ce récit beau, poignant, mais surtout, percutant ! Un livre à lire 😉
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J'ai trouvé ce roman très beau ❤️

C'est l'histoire bouleversante d'un musicien juif ne pouvant plus ni jouer ni composer de la musique et qui comble sa souffrance par l'écriture…..
Écriture tantôt poétique, tantôt incisive, parfois drôle, remplie de tristesse, frisant la folie…..

L'histoire est tellement forte, l'auteur réussit à faire passer tellement d'émotions dans un si court roman. L'écriture est originale, parfois minimaliste mais c'est justement sa force, la force des mots et de l'émotion……
L'écriture comme seule issue pour échapper à la folie et à l'horreur des ghettos, des camps de concentration, à toutes les humiliations que la guerre a fait subir à tous les juifs.

Très émouvant ❤️
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