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EAN : 9782268105727
136 pages
Les Editions du Rocher (25/08/2021)
3.72/5   30 notes
Résumé :
« Si quelqu'un m'a vu ici, il racontera peut-être un homme en train de courir après une pauvre feuille de papier que le vent s'amuse à exiler. Je les ramasse toutes. Je les déchire minutieusement, et j'en garde un petit fragment. Un lambeau étroit comme une île, où je peux écrire quelques mots.
Ce que je vois, ce que j'ai devant moi, ce que mes yeux attrapent, ce qu'il me reste entre les dents. Des petites phrases.
J'écris debout.
Il n'y a pas d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre raconte le destin d'un compositeur juif, qui n'a plus le droit d'écrire de la musique, et que l'on a cantonné dans un bureau, pour recopier des documents, en double exemplaire, d'un modèle déjà lui-même en double exemplaire et ceci sans fin, le travail abrutissant par excellence. A son arrivée au ghetto, on en a profité pour lui dérober toutes les partitions qu'il avait emportées avec lui, dernières preuves de son existence.

Pour tromper l'ennui, il récupère des petits bouts de papier, sur lesquels il écrit ce qui lui passe par la tête : ce qui se passe dans le ghetto, ce qu'il voit ou simplement ses pensées du moment.

Il arrive à s'évader et fait une rencontre hallucinante, une vieille dame, et son chien, un molosse baveux qui reconnaît les juifs grâce à son flair ! sur les murs de la petite maison, des tableaux, plutôt hideux peints par son petit-fils et signés… A. Hitler

Hélios Azoulay a choisi l'humour au dixième degré pour dire l'indicible, tournant en dérision aussi bien les nazis que les juifs eux-mêmes ce qui nous donne des réflexions très intéressantes, voire fulgurantes.

Le récit se découpe en deux parties principales ; dans la première, il nous raconte l'histoire du musicien, sa vie dans le ghetto et dans ma deuxième, il nous propose un récit constitué par la juxtaposition de tout ce qu'il a pu écrire sur les petits papiers, sans ponctuation, les uns à la suite des autres, tel un journal intime.

Derrière la figure de style, j'ai l'impression que se cache en fait la folie qui permet de survivre dans le ghetto, en attendant la mort, alors que circulent les cercueils, et ordres vociférés par les nazis. Comme si la pensée était en train de se désagréger, la relation au temps, au présent, au passé qui n'est plus à l'avenir qui n'existera peut-être jamais.

Qu'est-ce qui nous reste quand on sait que la mort est proche ? des souvenirs d'enfance, des moments heureux, les souffrances, le sourire de la mère, l'absence du père ?

Le titre est évocateur : qu'est-ce qui s'éteint ? La vie ? La lumière du jour ou celle de la conscience ?

L'écriture est belle, rythmée comme une composition musicale, sans agressivité, on ne pense pas à Wagner (clin d'oeil à l'auteur), c'est plus léger (Mozart?) et en même temps percutant (Beethoven?), jamais triste, donc on oubliera Chopin et voilà que je me laisse emporter par mes préférences musicales…

C'est arithmétique. On n'aime pas Wagner parce que c'est grand, on aime Wagner parce que c'est gros. Parce que c'est de l'accumulation.

Il y a des livres, comme ça, dont on sait d'avance qu'il va vous bouleverser, jusqu'au fond de l'âme ; bien qu'il n'ait que 136 pages à peine, c'est un uppercut, qui mêle l'humour, le pouvoir de la pensée dans l'enfermement, la manière dont on tutoie la folie pour ne pas sombrer…

Ce livre est un OVNI, d'une puissance énorme qui traite d'une manière on ne peut plus originale, avec de l'humour, de la poésie, d'un sujet tellement fort, monstrueux ; c'est une façon d'aborder la manière dont les nazis ont traité les juifs, tout à fait inédite et qui fait réfléchir tout autant que les livres que j'ai pu lire jusqu'ici.

La rencontre avec la grand-mère d'Hitler est truculente et va rester longtemps dans ma mémoire !

Un grand merci à NetGalley et aux éditions du Rocher qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur que j'ai maintenant, bien sûr envie de connaître davantage, car il a déjà pas mal de livres à son actif.

#Justeavantdéteindre #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un jeune compositeur juif est parqué avec des milliers d'autres coreligionnaires dans un ghetto, où privé de musique il va écrire sur des petits bouts de papier des fragments de phrase, reflets de ce qu'il voit :
« C'est comme une discipline. Dès que j'ai mon maigre bout de papier, j'affole mes yeux jusqu'à ce qu'un détail m'arrête. Et je note. Ce que je vois, ce que j'ai devant moi, ce que mes yeux attrapent, ce qu'il me reste entre les dents. Des petites phrases.
J'écris debout.
Il n'y a pas de détails, il n'y a que des preuves. J'en ai les poches pleines. »

Il va s'évader, et cette évasion donne lieu à une scène épique, dans la maison d'une vieille dame un peu étrange. Il sera repris et déporté.
La dernière partie du livre est la transcription des « preuves » qu'il avait notées. Phrases courtes, souvent émouvantes, souvent poétiques, parfois burlesques, parfois à la limite de l'absurde, toujours fulgurantes.

Ah les mots. Que les miens vont être impuissants à traduire ce que j'ai ressenti à la lecture de ceux de l'auteur., ils m'ont fait passer en 136 pages par toute une palette de sentiments. J'ai souri, et même éclaté de rire une fois alors que le cadre est tragique :
« Il fait si glacé. Je me serais volontiers coupé le nez pour le mettre au chaud dans ma poche »
J'ai eu les larmes aux yeux, parfois. J'ai été émue, souvent.
J'ai surtout admiré le talent de l'auteur à mettre des images derrière les mots, à jouer avec les mots. Son texte est parfois si proche de la poésie. Dans cet enfer sur terre, ce ghetto d'où l'espoir est absent, les mots restent un ultime rempart contre la barbarie. Ce livre leur est un hommage formidable. Et un énorme coup de coeur pour moi.
Merci infiniment aux éditions du Rocher sans lesquelles je n'aurai probablement jamais ouvert ce livre #Justeavantdéteindre #NetGalleyFrance.
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Fragments d'une vie écourtée ! Peu de phrases, peu de mots, peu de ponctuation ! Celle d'un jeune musicien praguois parqué dans un ghetto juif, puis déporté.

Empêché de composer, il écrit sur tous les petits bouts de papier qu'il peut trouver. Il écrit sa vie, ses envies, ses souvenirs, ses peurs et sa folie aussi parfois, blessé par ce qu'il voit ! Sa rencontre pendant son évasion est-elle réelle ou issue de cette folie qui peut le sauvegarder de l'horrible réalité ?

Pas de structure dans ce texte, ce qui le rend blessant, poignant, incisif et malaisant mais c'est un texte qui reflète le désir d'un homme de rester un homme !

Encore plus difficile à chroniquer, il n'y a aucun jugement à porter !

#Justeavantdéteindre #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021

Challenge RIQUIQUI 2021
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Le narrateur compositeur nous raconte son arrivée et son quotidien dans un ghetto surveillé par les nazis ; son évasion, sa rencontre improbable avec la grand-mère d'Hitler, sa capture. Privé de musique il récupère des fragments de papier pour écrire quelques mots, il note ce qu'il voit, ce qu'il voit devant lui, des petites phrases, sans détails, juste des preuves. le journal de ses yeux, comme des photos sans appareil photo. Dans une seconde partie le lecteur découvre ces bribes de textes, comme des témoignages livrés tels quel.

J'ai beaucoup aimé l'originalité de ce roman et la qualité de l'écriture. Une vision du ghetto de l'intérieur, de l'intérieur de l'âme d'un déporté, la lecture n'est pas toujours facile, c'est poétique, puissant, troublant.
Merci aux éditions du Rocher pour leur confiance. Justeavantdéteindre #NetGalleyFrance
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La première chose que l'on remarque dans ce livre c'est l'écriture tantôt poétique, tantôt cynique voire assassine qui nous entraîne au coeur de l'Histoire et de la barbarie. Les chapitres sont courts et les mots couchés sur le papier sont parfois succincts, quelques phrases, quelques pages. On navigue entre moments de folie et raison, entre rêve et réalité, entre abattement et regain de vie.

C'est un livre inqualifiable et atypique. C'est grinçant et parfois loufoque (Le narrateur rencontre la grand-mère d'Hitler...) comme pour palier à l'horreur du moment. On passe du rire, au sourire, à la colère, au dégoût. J'ai aimé le pouvoir de la musique et de l'écriture face à l'ignominie. C'est certain c'est un roman qui qui touche et remue grâce à l'originalité d'écriture d'Hélios Azoulay! (...)
Lien : http://auchapitre.canalblog...
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Un matin, j'avais fait remarquer à Papa que quand on pleure, les larmes partent de l'œil, font un petit arc de cercle, et finissent sur la commissure des lèvres. Et que c'est drôle d'imaginer que les larmes arrosent pile l'endroit précis de la bouche qui sert à sourire.
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Les poteaux télégraphiques qui longent la chaussée sont comme de grandes barres de mesure. Et ces mesures sont surchargée de toutes nos peurs. Et de tellement de tout, tout est tellement entassé, les enfants, les mères, les pères, les vieux. Chacun se piétine dans l’autre. Chaque sac pèse une vie, chaque valise pèse tout ce qu’on a dû abandonner.
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Tu sais, j’ai un peu vieilli mais je n’ai pas grandi, c’est impossible de grandir. J’ai toujours l’âge que j’avais quand je suis entré dans cette cuisine et que j’ai vu la chaise renversée. (…) Le monsieur du dessus, c'est lui qui t'a fait descendre. Moi, j'ai pris ta main. Et puis quand tu étais par terre, j'ai pleuré et j'ai crié. J'ai crié. J'ai crié Papa, Papa. Mais Papa n'était plus là. Maman, je n'ai pas grandi. Maman je vais mourir peut-être, tu sais. Et je serais toujours le petit garçon qui rentrait de son cours de piano. Maman je veux oublier. Maman je veux tout oublier. Maman je vais peut-être mourir mais Maman, c'est toujours toi qui meurs.
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Inutile d’essayer de savoir, inutile d’imaginer, autant se battre contre le brouillard en le giflant à coups d’éventail.
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Là, je me suis dit que si les allemands en plus de vérifier nos bites, étaient scrupuleux au point de se mettre à compter nos couilles, on avait peut-être une chance de gagner la guerre.
Je n'ai pas osé regarder mais je priais pour qu'un de mes camarades n'en ait qu'une. Parce que tatillons comme sont les nazis, il suffirait d'une couille en moins pour faire vaciller leur conception du monde, et toute leur philosophie ancestralement binaire, qui n'a jamais su compter que jusqu’à deux.
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Videos de Hélios Azoulay (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélios Azoulay
VLEEL 251 Rencontre littéraire Hélios Azoulay Pour Tommy, Juste avant d'éteindre, éditions du Rocher
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