AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782360140589
Snorgleux (22/09/2017)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Dans une petite ville du Midwest, un homme imposant et défiguré descend du Bus et s’installe au motel. Son apparence effraie les habitants - personne ne le connaît - à moins que ? Impossible à dire, car il semble ne pas avoir de visage. Ses intentions sont inconnues, jusqu'à ce qu'il s’occupe d’un shérif corrompu qui deale avec le gang local de marchands d'armes racistes. Il passe alors du statut de monstre à celui de héros … jusqu’à ce que ses vraies intentions rem... >Voir plus
Que lire après American MonsterVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2016, écrits par Brian Azzarello, dessinés, encrés et mis en couleurs par Juan Doe, vraisemblablement le tout à l'infographie.

Dans la banlieue d'une petite ville du Midwest, Marjorie, une épouse, va répondre à un coup de sonnette en soirée, donné à la porte de leur grande demeure isolée. Elle est assommée par le visiteur, puis c'est le tour de Gerald, son mari. Les 2 sont enlevés. le même soir, dans la station-service du coin, Kris, Cam et Artie voient arriver un individu à la forte carrure et à la chair du visage toute brûlée et mal cicatrisée. Il demande où il peut trouver un mécanicien pour son véhicule en panne (mais Omar a déjà fini sa journée), où il peut trouver une chambre d'hôtel, et, avant, de quoi se restaurer. Il se rend au diner qu'on lui a indiqué, prend une bière tout en lisant le journal. Son esprit vagabonde et se souvient d'une opération militaire officieuse. L'homme paye en tirant des billets d'une grosse liasse, alors que les journaux titrent sur un cambriolage dans la région.

Non loin de là, les adolescents du quartier ont investi l'aire de jeu pour enfants, et Snow, l'une d'elle, montre ses seins pour de l'argent à un individu surnommé Seesaw Man (l'homme à bascule). Puis ils vont contempler l'homme à la peau brulée à travers la devanture du diner. À l'écart de la ville, Felix Black parle affaire avec le couple enlevé, en particulier trafic d'armes. le lendemain, l'agent Gary Downs vient interroger Theodore Montclare (le grand brûlé) dans sa chambre d'hôtel. Pendant ce temps-là, le shérif Winston Virdi s'est arrêté en bord d'autoroute à côté du cadavre d'un chien. Snow quitte la demeure maternelle pour se rendre au lycée, en prenant soin de traiter sa mère de mauvais parent. Josh, le partenaire en affaires de Felix Black, est froidement abattu sur une route secondaire déserte.

L'attention du lecteur est tout de suite attirée par le nom du scénariste : Brian Azzarello. Il est l'auteur d'un polar noir qui a marqué l'histoire des comics : les 100 épisodes de 100 Bullets, dessinés par Eduardo Risso. le lecteur observe que American Monster est une série dont l'auteur détient les droits, mettant en scène des criminels et trafiquants dans une région faiblement peuplée des États-Unis. Il est impossible de résister à la promesse d'un récit glauque et noir où les affrontements se règlent à coups de poing et de feu, entre gangsters appliquant leur propre loi. Effectivement, le scénariste utilise les conventions du genre. Theodore Montclare est un individu à la forte carrure dont le lecteur devine tout de suite qu'il règle une partie de ses problèmes par la force. Sa première remémoration de l'opération militaire clandestine sous-entend une vengeance contre les individus à cause de qui il est devenu un grand brûlé. Les individus faisant la loi dans la région se livrent au juteux trafic illégal d'armes à feu, jusqu'à des lance-roquettes, et les acheteurs semblent prêts à fomenter une sédition, à imposer leur loi dans cet endroit qui ne compte qu'un shérif et son assistant. Ce dernier entretient encore l'illusion qu'il peut trouver les coupables des crimes et les punir, que ce soit Theodore Montclare pour son comportement louche, ou l'auteur de l'exécution sommaire du chien de Felix Black.

Brian Azzarello montre aussi des individus livrés à eux-mêmes dans une structure sociale déliquescente. Les adultes qui se répartissent en 2 camps : les individus sans avenir qui végètent dans des emplois fonctionnels, sans espoir d'évolution, les criminels qui ont décidé de prendre les choses en main pour faire des affaires juteuses mais dangereuses. le scénariste s'y entend pour décrire un environnement propice à ces affaires, du fait de la faible densité de population, ce qui permet d'être tranquille dans le milieu naturel des environs de la ville, sans avoir à craindre d'être dérangé par des curieux ou par les représentants de la loi. Ces derniers sont bien présents, mais fonctionnant comme des policiers normaux, ne se doutant pas de l'existence d'un trafic, gérant donc le quotidien et les événements banals. Il sait montrer des employés satisfaits de leur sort, sans ambition, comme les responsables de la station-service, des adolescents désoeuvrés et désargentés (avec les petits arrangements comme de se laisser caresser pour de l'argent), un meneur charismatique qui croit à ses propos religieux choisis pour servir son intérêt, des trafiquants abusant de leur force et de leurs armes pour faire régner la loi du plus fort. Il n'oublie pas la tension qui naît des coups dans le dos et des rapports de force malsains. le lecteur s'attache progressivement à ces individus déjà tous cyniques et désabusés (même les plus jeunes) aimant blesser les autres au moins verbalement pour se sentir exister, ou au moins pour les rabaisser à leur niveau.

Dans ce cloaque social, les personnages peuvent avoir le dessus un instant, et se retrouver en position d'infériorité la page suivante. Brian Azzarello n'oublie pas de développer une intrigue qui forme l'épine dorsale du récit : la vengeance de Theodore Montclare, et qui permet de découvrir les activités peu recommandables des autres personnages. le lecteur doit donc faire preuve d'un minimum de participation active pour assembler les pièces du puzzle et établir les liens entre les différents personnages, à commencer par les parents de Snow. Son attention est récompensée par quelques pépites comme les participants à une veillée qui entonnent les paroles de la chanson Enter Sandman de Metallica, les adolescents en train de jouer à Call of Duty, ou le pari couru d'avance sur ce que prendra Artie au petit déjeuner, ou encore l'inscription infamante écrite au feutre sur le front de Candy. En outre Brian Azzarello n'a rien perdu de ses talents de provocateur.

Juan Doe (étrange patronyme évoquant John Doe, le nom donné aux anonymes) réalise des dessins un peu froid. Il ne représente pas beaucoup de détails sur les visages des protagonistes, mais leur donne des formes différentes, et des tenues vestimentaires spécifiques, permettant de les reconnaître du premier coup d'oeil, qu'il s'agisse des moustaches de Felix Black, du visage empâté de Candy, de la peau brûlée de Theodore Montclare, du collier de barbe d'Omar, etc. Il inclut sans sourciller les éléments graphiques les plus incongrus, comme le bonnet informe de Candy, ou les 2 S sur le dos de Felix Black, en l'honneur des soldats allemands de sinistre mémoire. Il utilise des traits de contour souvent très fins, ce qui donne une apparence un peu fragile à certaines formes, même celles des armoires à glace.

Malgré ce choix un peu déstabilisant pour détourer les formes, il réalise des dessins descriptifs qui transportent le lecteur dans des lieux concrets. Ce dernier peut apprécier l'aménagement intérieur de la grande pièce à vivre de la riche demeure de Marjorie & Gerald, ou la piscine de la luxueuse demeure du fournisseur de Felix Black, l'aménagement fonctionnel de la station-service et celui du diner; le dépouillement de celui de la chambre de Snow, la charpente apparente des pièces de la maison de Felix Black, la disposition des meubles pour la veillée funéraire au bar, etc. Dans un premier temps, le lecteur reste partagé entre un bon niveau d'immersion, mais une impression de personnages et de décors factices.

Au fur et à mesure des séquences, il y en a plusieurs qui marquent durablement d'un point de vue visuel. Juan Doe capture avec exactitude l'attitude de ces grands adolescents squattant les jeux des petits, faute d'un autre endroit où se poser. de retour dans le diner, il rend visuelle la tension qui monte entre Theodore Montclare et un autre client parce que ce dernier a voulu lui offrir une bière pour son statut de vétéran et que le premier trouve que ce n'est pas à la hauteur de ce qu'il a sacrifié. le lecteur éprouve l'impression de se retrouver aux côtés du shérif et de son adjoint, avec leur voiture arrêtée au beau milieu de nulle part sur le bas -côté de l'autoroute pour regarder le cadavre d'un chien, situation improbable, déconnectée du quotidien. Plus loin, il ressent toute l'assurance de celui qui se fait appeler révérend Jimmy, alors qu'il donne une interview à la lisière de la forêt à Lucy et un caméraman, pour exposer ses théories religieuses douteuses. le lecteur se retrouve totalement pris au dépourvu par la détresse visible de Candy, et la manière dont Seesaw Man l'accueille, à la fois attentionné, mais aussi manipulateur. Cette séquence ne portant pas de jugement moral clair, ce qui la rend encore plus déstabilisante et troublante.

D'un côté, le lecteur savoure d'avance une nouvelle histoire située dans l'Amérique profonde racontée par Brian Azzarello ; de l'autre côté il sait en son for intérieur qu'il y a peu de chance de découvrir un récit aussi intense. Il faut un petit moment pour ressentir les qualités des dessins de Juan Doe, le temps de s'adapter aux caractéristiques de ses dessins, avant de constater la qualité du niveau d'immersion dans les lieux et la proximité avec les personnages. le lecteur espère alors que ce récit aura une suite car les prémisses de cette intrigue sont très prometteuses.
Commenter  J’apprécie          30
Au Etats Unis un homme débarque dans une petite ville. Son apparence effraie tout le monde. Il semble vouloir retrouver certaines personnes et peut-être se venger. Difficile pour moi de comprendre tout ce qui se passe dans ce premier tome. Il y a beaucoup de personnages dont je n'ai pas toujours compris les relations. Peut-être faut-il lire le second tome pour tout comprendre.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
Bedeo
27 novembre 2017
Il faut du temps pour s’habituer aux dessins mais le découpage s’avère précis et extrêmement cinématographique. Le travail sur les couleurs et les contrastes font penser au Sin city de Frank Miller. On retrouve d’ailleurs une vraie filiation entre les deux œuvres.
Lire la critique sur le site : Bedeo

Videos de Brian Azzarello (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Brian Azzarello
J'ai rencontré Brian Azzarello
autres livres classés : polar noirVoir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}