Germain Pilon se rattache aux sculpteurs de France, il faut souligner tout de suite l'influence dominante du Primatice sur son développement, et ce n'est pas ce qui chez lui nous séduit le plus aujourd'hui. Il suffit d'examiner les stucs de la chambre de la duchesse d'Étampes, à Fontainebleau, ces sveltes femmes aux membres étirés, aux gestes maniérés, et d'v comparer les Vierges de Pilon pour se rendre compte de la difficulté qu'eut celui-ci, tout au long de sa carrière, à se soustraire à cette fascination.
Toute la seconde partie de sa vie fut, en effet, occupée par un genre d’activité qui lui valut un poste important et une fortune définitivement assise. Il exerça une influence prépondérante sur l’art de la médaille et sur l’art monétaire de son temps, imitant en cela son confrère Michel Colombe, le sculpteur de Louis XII, qui, lors du passage du roi à Tours, offrait à Sa Majesté une médaille de sa main « avec, d’un costé, sa face, et, de l’autre, le porc espy et les armes de la ville ».
Voici l'un des plus grands sculpteurs de France, et le premier en date de nos classiques, après Jean Goujon. Le cours de sa vie emplit, à dix ans près, la seconde moitié du XVIe siècle. On peut épiloguer sur cette date. Elle marque une des périodes les plus troublées de notre histoire politique. La France subit alors une de ces crises aiguës où sa vie fut en péril.
L'oeuvre de Pilon, croirait-on, doit apporter à la postérité l'esquisse farouche et grandiose des tourments du siècle. Il n'en est rien, et il faut couper court d'abord à tout romantisme. A qui l'étudié, nul mystère ne s'offre à l'analyse. C'est un jardin bien planté, ce n'est pas la selva oscura, ni un bois sacré.