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Un livre à lire sans se presser, en prenant des notes pour pouvoir suivre son raisonnement. Son analyse est tellement fine et complexe, qu'il faut s'habituer à faire des pauses, comme des points d'étape.
Son objectif est l'analyse de l'image poétique (attention il ne s'agit pas de l'oeuvre poétique qui s'apparente à une composition d'images). Il considère que le raisonnement scientifique n'est pas adapté et suffisant pour cela, car l'image poétique vient de l'âme. Une notion qui se différencie de l'esprit. L'analyse psychologique ou psychanalytique n'est donc pas opérationnelle. Gaston Bachelard considère, comme René Char, que le poète est celui qui est capable de créer des images qui déclencheront en nous, lecteurs, un retentissement, parce que ses images touchent à notre primitivité, à nos origines.
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Un voyage au cœur de l'être, dans l'indicible ; là où les concepts demeurent impuissants à cerner certains flottements d'une réalité qui nous échappe, qui se laisse deviner, et que les poètes seuls ont la capacité d'approcher au détour de l'image qui surgit grâce à la rêverie. Une rêverie qui semble bien antérieure à la mémoire.
C‘est donc le royaume de l'imaginaire tel qu'il se laisse appréhender sans a priori à travers la poésie que Bachelard aborde dans un langage simple, clair et fluide.
À lire et à relire à satiété.
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Notre imagination se structure autour de contraires tels que le haut et le bas, le dehors et le dedans, le minuscule et l'immense, l'être concentré en boule et la vaste extériorité : Bachelard nous donne à le voir par l'exposition de nombreuses images développées par les poètes, les philosophes et les écrivains. le texte s'apparente à une séduisante rêverie où la réalité n'a pas la pesanteur de la matière, mais la légèreté vive et mobile de l'imagination.
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La poésie est un monde, et, qui dit monde dit espace dans lequel évolue ce monde.
" L'image poétique n'est pas l'écho du passé, C'est plutôt l'inverse : par l'éclat d'une image, le passé lointain résonne d'échos". Bachelard étudie la phénoménologie de l'espace poétique. Quelles sont ces images que voit, entend et nous dit le poète ? Par quel chemin ces images résonnent elles en nous comme images universelles? Comment ce dedans de l'être peut il être extraordinairement si proche du dehors connu, su, ressenti de tous ? Cave, grenier, porte, lampe, coquille, armoire, nid. Comment mais aussi pourquoi ces objets, ces espaces réels et présents appartiennent ils si fortement au monde imaginaire, à l'espace de la rêverie ? L'esprit est espace et c'est par nos sens, notre perception, que nous voyons le réel. Existe t il réellement une frontière entre ces deux mondes, le réel et l'imaginaire? " le poème tisse le réel et l'irréel". Un livre essentiel pour ceux qui se rendent au terre poétique, mais également pour ceux qui y vivent intensément. le dehors n'est que la résonance du dedans.
"L'être est tour à tour condensation qui se disperse en éclatant et dispersion qui reflue vers un centre".

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Gaston Bachelard: La poétique de l'espace (1957)
Ce livre au titre grandiose apporte des surprises. Sur la forme d'abord. L'inventeur de l'obstacle épistémologique ne fait pas table rase. Il a lu les poètes connus ou oubliés. Ses citations sont innombrables et il donne aussi la parole à d'anonymes philosophes, analystes, phénoménologues et topo-analystes (le maître de maison?). Ses digressions font appel à des ouvrages antérieurs ou à écrire, ou à des chapitres à venir. Il a le verbe facile et le sens de la formule : "dans l'enseignement oral, animé par la joie d'enseigner, parfois, la parole pense. En écrivant un livre, il faut tout de même réfléchir" (p. 21). Surprise sur le fond ensuite. Il titre sur l'espace mais décrit des refuges intimes, de confinement croissant: la maison, l'armoire, le nid, la coquille. Il y pratique l'auto-ironie: l'image de la coquille/maison "appartient à l'indestructible bazar de l'imagination humaine".

Mais quel est son analyse de l'image et de l'espace en poésie, et qu'apporte la phénoménologie? Quel est le rôle de la "conscience rêveuse"? Les longues paraphrases surprennent quand on a appris de Valéry que l'essence de la poésie est "la capture et la réduction des choses difficiles à dire". Deux chapitres donnent un mode d'emploi plutôt qu'une explication, l'avant-dernier ("La dialectique du dedans et du dehors"), et l'introduction que j'ai lue avant et après le texte selon mon habitude. "Il faut être présent, présent dans l'image, dans la minute de l'image" (page 1). "Le poète ne me confère pas le passé de son image et cependant son image prend tout de suite racine en moi" (p. 2). "L'image, dans sa simplicité, n'a pas besoin d'un savoir. Elle est le bien d'une conscience naïve. En son expression, elle est jeune langage. le poète, en la nouveauté de ses images, est toujours origine de langage" (p. 4). "De telles images sont instables. Dès qu'on quitte l'expression telle qu'elle est, telle que l'écrivain nous l'offre en totale spontanéité, on risque de retomber au sens plat et de venir s'ennuyer dans une lecture qui ne sait pas condenser l'intimité de l'image" (p. 204). Il n'y a pas de thèse ni de démonstration, mais un constat: le "retentissement" est une résonance. le poète est radicalement libre. Il offre sa création au lecteur qui le/la reconnaît.
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J'ai découvert Bachelard parce qu'il était cité par Pierre Dubois, un scénariste de BD, et puis j'ai entendu sa voix chevrotante à l'accent bourguignon dans une rediffusion radiophonique où il parlait déjà de rêverie.
Sur la couverture du bouquin figure la trogne barbue au regard quasi mélancolique du vieux bonhomme, il ressemble à une sorte de Merlin pensif...Je suis a priori déjà sous le charme.
Il s'avère ensuite que ce livre semble magique, quasi providentiel, puisqu'on me l'a offert cette année, en plein confinement, alors que mes grands parents venaient de mourir. Je ne dis pas ça pour faire pleurer dans les chaumières, mais il m'a particulièrement aidé à faire le deuil. Rien de funeste dans le propos de cet essai, bien au contraire, il nous rappelle juste une manière de contempler les choses, de vivre dans l'espace poétique en nous mettant en retrait en tant que sujet, en suspendant notre jugement, notre raison, nous invitant à une sorte de lâcher-prise esthétique, une "autre perception" du monde, plus spontanée et profonde à la fois. Pas besoin d'être philosophe, ni même phénoménologue pour connaître le fameux "retentissement" qu'une image poétique peut occasionner au plus profond de soi. C'est très apaisant.
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Bachelard poursuit dans cet essai son analyse des structures de notre imaginaire en s'appuyant sur ses innombrables lectures et en nous fournissant ainsi , outre de fécondes sources de réflexion , d'infinies pistes de découvertes littéraires.
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Une approche phénoménologique de l'image poétique de l'espace (les thèmes étudiés sont la maison, les tiroirs, le nid, etc.) , avec des exemples d'oeuvres à l'appui. L'auteur distingue bien explicitement cette approche de la méthode psychanalitique, laquelle s'attache au passé, au vécu personnel par rapport à l'image; ici, il s'agit simplement de prendre l'image en tant que telle, et de se laisser aller au plaisir de la rêverie (c'est ce que j'ai compris en tout cas), et de voir que l'image rêvée est plus riche que l'image vue, étudiée, etc. Très intéressant, mais la lecture est un peu ardue.
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Une plongée tellement magnifique dans l'univers de l'intime ! Les écrits de BACHELARD sont merveilleux. Il y a tellement de poésie cachée dans chaque recoins chez cet auteur ! La coquille, la cabane, la maison, la miniature, comment les poètes et les mots parviennent à nous faire ressentir ces sensations ? Pourquoi aimons nous nous cacher ? Nous sentons nous transporté dans un univers bien plus large lorsque nous nous immergeons dans un grenier, une cave ?
Tellement de sujets magnifiés par les écrits des poèmes et des poètes cités dans cet ouvrage !
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Un texte très joli, parfois un peu provocateur, en tout cas aussi inspiré par la poésie qu'il devait l'être. Bachelard parle ici de phénoménologie, à un sens d'autant plus souple pour l'époque qu'il ne l'oppose pas à la métaphysique (pas plus qu'il n'a privilégié l'idéalisme, le rationalisme, l'empirisme ou le matérialisme en épistémologie). Son but, on l'aura compris, n'est pas d'accéder à l'origine psychologique ou psychanalytique des images poétiques. C'est de saisir le sens de l'image poétique dans sa propre créativité, dans toute sa profondeur. Cela exige un transfert incessant entre le poème et la philosophie mais un tel transfert n'est pas sur le mode de la simple analogie : car le poète délivre de l'être. Cet essai est avant tout une ontologie poétique. Car aucun mot n'est à sous-estimer.
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