Ma mauvaise impression de ce livre provient sans doute en partie de son état et de la somme à débourser. de plus, pour le lecteur francophone, c'est une édition bilingue, qui ne représente donc qu'une cinquantaine de pages de poésie, dont une partie était déjà parue en 1968 aux éditions Seghers. le choix, qui est de traduire un recueil de 1916, est cependant plus cohérent que celui des anthologies et les diacritiques roumains sont dans l'ensemble respectés. le texte diffère de mon édition roumaine de 1992, donc postcommuniste, et comporte quelques poèmes en plus. Sans la moindre note sur le texte, difficile à décrypter. de même, pas de présentation de l'auteur, alors que dans l'édition de 1968,
Nicolae Manolescu dressait un parallèle pertinent entre Bacovia et
Verlaine, peut-être un peu long, mais c'était le principe de la collection. En prenant le dernier vers d'un de mes poèmes préférés, « Decor », édition de 1992 : « În parc ninsoarea cade rar », ce qui correspond à la traduction : « Dans le parc, tombe la neige, légère ». J'aurais tendance à dire qu'il tombe un peu de neige, mais la traduction de la poésie de manière générale comporte souvent une large part d'adaptation, ce qui est évidemment problématique quand, comme moi (ou
Marianne Lederer), on est avant tout attaché au sens. Pour preuve, dans l'édition de 1968, le poème a simplement été traduit sans ce dernier vers, coupé. Mais le problème se complique avec dans ce livre de 1998 : « În parc ninsoarea cade iar », ce qui signifie « La neige tombe à nouveau », et ne correspond donc pas à la traduction, mais figure en face. J'ai trouvé plusieurs variantes de ce type dans le roumain des premiers poèmes. Dans le poème suivant, on trouve, sans note, « le poète Tradem ». Pour moi, déjà, c'est relativement compliqué, mais pour un francophone… « Tradem » n'est pas le voisin ou le meilleur pote du poète, mais le poète roumain
Traian Demetrescu , traduit dans l'édition de 1968 par « le poète Demetresco », et dont j'ai eu bien du mal à trouver les écrits que je conserve dans ma bibliothèque. Enfin, la versification est rarement adaptable, mais ici on ne retrouve même pas forcément les rimes de l'original… Une tentative sans doute louable sur le principe, mais inaboutie et, il me semble, sans suite aux éditions L'âge d'homme