Jamais je n’ai pu croire
Jamais je n’ai pu croire ce qu’elle disait
quel mensonge à la base de tout premier amour
premier avortement puis mari
premier enfant non né puis quatre nous
seule réalité bloc d’amour
combien d’enfants exactement on ne saura jamais
comme jamais on ne saura le nombre de femmes dans
les bras du mari pour le protéger d’une mère morte
presque enfant
m qui n’a rien voulu voir m mais
manger oui lui nous tous
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Peur de ne pas pleurer
Peur de ne pas pleurer quand elle m peur quand
elle mourra j’ ai peur de suffoquer de rire à gorge
égorgée nous avons dit que nous danserions sur leurs
tombes
frère est mort – il vivait toujours avec copie de m – et
trois sœurs dans le jardin se tiennent
ai peur de haïr les vieux murs les volets bleus et le tilleul
essaie de ne pas oublier les timbales de fer pour l’eau
tiède et les bonbons délicieux essaie d’oub
ma bouche me bégaie
m la m
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Je garde ma peau claire
Je garde ma peau claire mon manteau d’hermine ma
cotte de mailles pour tes ailes de frère accroche-toi à
mes cheveux qui tombent de la tour nous partons en-
semble nos sœurs nous attendent dans l’autre château
le sol sera de vair toute la transparence du monde pour
nos cœurs de danseurs envolés et dessous les alpages
pour les bêtes aux fines cornes et les cimes pour l’écho
le mur de ronces complètement ouvert devant nos pas
Je garde ma peau claire
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Les lambeaux de peau
Les lambeaux de peau se détachent quand je cours
ils m’ont fait croire que j’avais de belles chaussures
pour mes pieds toujours douloureux en Italie paraît-
il alors pourquoi ne puis-je pas mettre mes pieds en
Italie pourquoi l’Italie me cause-t-elle cette inconnue
de chagrin et de haine qu’est-ce que j’ai vu ou entendu
ou supporté que seul baigner la poupée dans le lac de
Garde amniotique apaisait
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