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Critique de AMR_La_Pirate


Je reprends enfin ma lecture de la Comédie Humaine délaissée depuis avril dernier par Béatrix, un roman un peu long et ennuyeux dont j'ai peiné à venir à bout...

Le récit, organisé en trois parties, met du temps à entrer dans le vif du sujet. Il ne se passe rien dans la première partie, intitulée « Les Personnages », particulièrement descriptive avec la présentation de la ville de Guérande, que je connais et que je retrouve avec plaisir à l'époque balzacienne, « une ville à part, essentiellement bretonne, catholique fervente, silencieuse, recueillie, où les idées nouvelles ont peu d'accès ». Il est aussi question de deux maisons que tout oppose : l'hôtel des du Guénic, vieille famille de la noblesse bretonne, pétrie de traditions et le château des Touches, demeure d'une femme libérée, écrivain, tenant salon à Paris. La jonction entre ces deux endroits passe par Calyxte du Guénic, un jeune homme séduisant et prometteur, fasciné par Camille Maupin, nom de plume de Félicité des Touches. À la fin de cette longue exposition du décor et des protagonistes, apparait la fameuse Béatrix, marquise de Rochefide, femme infidèle qui a abandonné son mari pour un musicien italien.
La deuxième partie, « le Drame » raconte par le menu comment Calyxte tombe amoureux de Béatrix. S'ensuit un étrange jeu de dupe entre les deux femmes pour s'attirer les faveurs du beau jeune homme. Naturellement, ce dernier fait le désespoir de sa famille, refusant les projets de mariage que l'on fait pour lui avec un beau parti breton. Béatrix triomphe mais ne cède pas aux avances de Calyxte, Félicité se réfugie au couvent mais organise, avant de se retirer du monde, l'avenir de son protégé et son mariage de convenance avec Sabine de Grandlieu.
La dernière partie, sans titre particulier, est d'abord épistolaire ; Sabine raconte les débuts de son union dans de longues lettres adressées à sa mère. Nous comprenons que cette jeune femme est pleine de bon sens et de ressources, qu'elle a compris les tenants et les aboutissants du drame qui s'est joué avant elle et qu'elle luttera pour garder son mari quand ce dernier retombera dans les filets de la perfide Béatrix. le dénouement arrive enfin après une série d'intrigues et de complots mondains destinés à préserver la morale tout en ramenant le beau Calyxte à sa place auprès de son épouse dévouée et renvoyant la marquise à ses propres devoirs familiaux...

Les portraits féminins sont toujours aussi finement travaillés, physiquement, moralement, psychologiquement et demeurent très intéressants malgré les longueurs du récit. Je retrouve l'oeil balzacien : « les femmes sont parfois mauvaises ; mais elles ont des grandeurs secrètes que jamais les hommes ne sauront apprécier ».
On reconnait sans peine Georges Sand derrière le personnage de Félicité des Touches qui écrit sous le pseudonyme de Camille Maupin, s'habille en homme et bouscule les convenances... : « une femme de moeurs équivoques, occupée de théâtre, hantant les comédiens et les comédiennes, mangeant sa fortune avec des folliculaires, des peintres, des musiciens, la société du diable, enfin ! Elle prend, pour écrire ses livres, un faux nom sous lequel elle est, dit-on, plus connue que sous celui de Félicité des Touches. [...] Cette monstrueuse créature, qui tenait de la sirène et de l'athée, formait une combinaison immorale de la femme et du philosophe, et manquait à toutes les lois sociales inventées pour contenir ou utiliser les infirmités du beau sexe ».
Les figures ecclésiastiques sont également bien campées, particulièrement savoureuses dans leurs compromis et leurs manières de concilier les affaires mondaines et les choses spirituelles.


Dans ce roman, la comédie humaine prend des allures de comédie mondaine.
Ce n'est pas mon préféré parmi tout ce que j'ai déjà lu De Balzac ; c'est trop détaillé, long et monotone. Je déconseille de commencer par Béatrix pour découvrir cet auteur.
À réserver donc aux inconditionnels avertis...
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