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Madeleine Ambrière (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070371235
535 pages
Gallimard (21/06/1979)
3.77/5   151 notes
Résumé :
À Guérande, petite ville immobilisée dans sa tradition, Calyste du Guénic, jeune aristocrate breton pour qui l'amour est comme une religion humaine, après s'être épris de Camille Maupin, éprouve une passion immédiate pour Béatrix de Rochefide, marquise à la chevelure d’ange. Mais si Béatrix est avide d'être aimée, elle est incapable d'un amour véritable, et l'image enchanteresse que Calyste se fait d'elle finira par se briser. Sous un titre enchanteur qui évoque la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Béatrix, j'ai ouvert ce roman et j'ai bien failli le refermer aussitôt, ça aurait été fort dommage !
Je serais passée à côté d'un roman fort original à plusieurs titres, notamment :
- l'arrivée tardive du personnage qui donne son nom à ce roman, il faut attendre la page 133 (Édition folio classique) pour que le nom de Béatrix soit évoqué.
- le désintérêt du lecteur pour le personnage de Béatrix qui n'est ni le plus intéressant, ni le plus important du roman. Personnellement, je ne m'y suis pas du tout attachée.
- le rythme vraiment très différent en fonction des parties, avec un début très lent et descriptif qui a bien failli me décourager. Mais je ne regrette pas de m'être accrochée, car en fin de première partie, l'histoire se lance enfin, une deuxième partie qui avance tambours battants, un rythme qui ralentit en début de troisième partie avec un style littéraire particulier, la reproduction d'échanges de lettres, puis l'histoire repart avec une multitude de dialogues qui rythment le récit et rendent le roman réellement addictif sur les 100 dernières pages.
J'ai beaucoup aimé retrouver de très nombreux personnages de la Comédie humaine, rencontrés surtout dans Illusions perdues.
J'ai apprécié une fin positive, heureuse ? c'est toute la question. A la fin du roman le triomphe du mariage est total, mais les personnages ont-ils pour autant trouvé le bonheur ?
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Ce récit commence à Guérande au début du XIXème siècle. le jeune Calyste, irlandais par sa mère et breton par son père, est élevé dans une famille de cette Bretagne profonde où les moeurs sont immuables depuis le Moyen Age. Entre une tante de 80 ans, un père guère plus jeune et une mère qui lui est dévouée corps et âme, les soirées passées au jeu de la mouche avec le curé, une vieille fille du voisinage et un militaire sur le retour, son existence dans une antique bâtisse n'offre guère de distractions…
Le paysage breton bordé par la mer et les marais salants, la lenteur du temps, la pérennité des habitudes que rien ne vient troubler, le peu d'ouverture sur le monde extérieur, forment le décors de la première partie. Calyste a 20 ans, il a comme perspective d'avenir un mariage avec une jeune fille sans charme ni esprit. Mais depuis quelque temps il fréquente avec assiduité le manoir d'une certaine Félicité Des Touches, Camille Maupin de son nom de plume, une femme artiste qui a le double de son âge et pour laquelle il éprouve une fascination bientôt détournée par l'arrivée de Béatrix…Cette dernière a quitté mari et enfant pour suivre un amant musicien dont elle commence à se lasser des infidélités…Après avoir allumé la passion dans le coeur de Calyste, elle l'abandonnera entre la vie et la mort.
Cette première partie romantique dans le cadre sauvage de la Bretagne se poursuit à Paris dans les intrigues des salons parisiens. Calyste qui a épousé la belle Sabine de Granlieu, épouse aimante et dévouée, grâce aux soins de Félicité qui s'est retirée dans un couvent, va retomber sous le joug de son ancien amour… La mère de l'épouse malheureuse va faire jouer ses relations pour déjouer le destin…et que dans un chassé-croisé vaudevillesque chaque mari retrouve une femme légitime…les affaires de coeur étant gérées comme des transactions commerciales permettant de fructueuses alliances.
Ce roman De Balzac, dont l'intrigue est un peu bâclée, est intéressant par son opposition entre Paris et la province, l'étude des moeurs contrastée entre l'austérité provinciale et la liberté de la grande ville et ses figures de femmes qui déclinent les différents visages de la condition féminine à cette époque : l'écrivain, femme presque masculine, la maîtresse, l'épouse, la mère, la courtisane, la vieille fille, la soeur… La vie qui s'écoule avec lenteur à Guérande s'accélère brusquement dans la capitale. D'où ce récit en deux temps, qui s'étire en longueur lors d'une partie de cartes et de la naissance d'un amour, pour s'accélérer dans le tourbillon de la vie parisienne dans un scénario rocambolesque...
Ce n'est pas mon Balzac préféré mais la puissance de son style nous emporte malgré tout. A découvrir ou redécouvrir pour ses personnages féminins et ses vues de Guérande...
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Un roman magnifiquement écrit, une étude des sentiments, des émotions traitée avec finesse qu'on ne saurait lire ce roman en un seul temps, ou d'un seul trait. Balzac déploie son intrigue sur plusieurs chemins pour parvenir à nous faire vivre la beauté dans son sens le plus large. La beauté de la nature, la beauté de la bravoure, la beauté des sentiments les plus purs comme les plus illusoires, la beauté du devoir, et pourquoi pas la beauté de la raison. Il ne s'agit pas que d'une histoire d'amour à faire mourir l'être amoureux ou de manipulation des sentiments, mais il s'agit aussi du regard d'un génie qui scrute l'homme dans ses profondeurs les plus énigmatiques!... J'ai eu toute la patience de lire ce livre et enfin de pouvoir l'aimer. J'avoue que la lecture n'est pas facile!
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Je reprends enfin ma lecture de la Comédie Humaine délaissée depuis avril dernier par Béatrix, un roman un peu long et ennuyeux dont j'ai peiné à venir à bout...

Le récit, organisé en trois parties, met du temps à entrer dans le vif du sujet. Il ne se passe rien dans la première partie, intitulée « Les Personnages », particulièrement descriptive avec la présentation de la ville de Guérande, que je connais et que je retrouve avec plaisir à l'époque balzacienne, « une ville à part, essentiellement bretonne, catholique fervente, silencieuse, recueillie, où les idées nouvelles ont peu d'accès ». Il est aussi question de deux maisons que tout oppose : l'hôtel des du Guénic, vieille famille de la noblesse bretonne, pétrie de traditions et le château des Touches, demeure d'une femme libérée, écrivain, tenant salon à Paris. La jonction entre ces deux endroits passe par Calyxte du Guénic, un jeune homme séduisant et prometteur, fasciné par Camille Maupin, nom de plume de Félicité des Touches. À la fin de cette longue exposition du décor et des protagonistes, apparait la fameuse Béatrix, marquise de Rochefide, femme infidèle qui a abandonné son mari pour un musicien italien.
La deuxième partie, « le Drame » raconte par le menu comment Calyxte tombe amoureux de Béatrix. S'ensuit un étrange jeu de dupe entre les deux femmes pour s'attirer les faveurs du beau jeune homme. Naturellement, ce dernier fait le désespoir de sa famille, refusant les projets de mariage que l'on fait pour lui avec un beau parti breton. Béatrix triomphe mais ne cède pas aux avances de Calyxte, Félicité se réfugie au couvent mais organise, avant de se retirer du monde, l'avenir de son protégé et son mariage de convenance avec Sabine de Grandlieu.
La dernière partie, sans titre particulier, est d'abord épistolaire ; Sabine raconte les débuts de son union dans de longues lettres adressées à sa mère. Nous comprenons que cette jeune femme est pleine de bon sens et de ressources, qu'elle a compris les tenants et les aboutissants du drame qui s'est joué avant elle et qu'elle luttera pour garder son mari quand ce dernier retombera dans les filets de la perfide Béatrix. le dénouement arrive enfin après une série d'intrigues et de complots mondains destinés à préserver la morale tout en ramenant le beau Calyxte à sa place auprès de son épouse dévouée et renvoyant la marquise à ses propres devoirs familiaux...

Les portraits féminins sont toujours aussi finement travaillés, physiquement, moralement, psychologiquement et demeurent très intéressants malgré les longueurs du récit. Je retrouve l'oeil balzacien : « les femmes sont parfois mauvaises ; mais elles ont des grandeurs secrètes que jamais les hommes ne sauront apprécier ».
On reconnait sans peine Georges Sand derrière le personnage de Félicité des Touches qui écrit sous le pseudonyme de Camille Maupin, s'habille en homme et bouscule les convenances... : « une femme de moeurs équivoques, occupée de théâtre, hantant les comédiens et les comédiennes, mangeant sa fortune avec des folliculaires, des peintres, des musiciens, la société du diable, enfin ! Elle prend, pour écrire ses livres, un faux nom sous lequel elle est, dit-on, plus connue que sous celui de Félicité des Touches. [...] Cette monstrueuse créature, qui tenait de la sirène et de l'athée, formait une combinaison immorale de la femme et du philosophe, et manquait à toutes les lois sociales inventées pour contenir ou utiliser les infirmités du beau sexe ».
Les figures ecclésiastiques sont également bien campées, particulièrement savoureuses dans leurs compromis et leurs manières de concilier les affaires mondaines et les choses spirituelles.


Dans ce roman, la comédie humaine prend des allures de comédie mondaine.
Ce n'est pas mon préféré parmi tout ce que j'ai déjà lu De Balzac ; c'est trop détaillé, long et monotone. Je déconseille de commencer par Béatrix pour découvrir cet auteur.
À réserver donc aux inconditionnels avertis...
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Nouvelle édition mise à jour
Paru le 07/11/2018

Retour d'un très beau week-end de commémoration Balzac à Tours. J'ai apprécié vendredi « Illusions perdues » par le nouveau théâtre populaire, « La cousine Bette » par la compagnie Prométhéâtre samedi, puis dans la foulée : « Honoré, vie balzacienne » encore par le nouveau théâtre populaire. Pour ce spectacle prévu en extérieur et joué en salle à cause du mauvais temps, les acteurs se sont surpassés. Excellent ! Merci à cette brillante compagnie du 49 ! Enfin, dimanche, c'était l'hommage en textes et en chansons de dix personnages féminins De Balzac par la brillante et érudite Christina Goh dans son spectacle intitulé « le Prix »!

J'aime lire les romans De Balzac car ils se situent à la charnière de l'ancien monde royaliste, avant la révolution et du nouveau monde qui émerge après 1789 et après 1830. On y apprend beaucoup sur les différentes classes sociales et leur recomposition, sur la vie et la psychologie de l'époque, sur les guerres de Vendée dans « Les Chouans » par exemple et on découvre des régions, sa Touraine natale bien entendu, et ici dans « Béatrix » Guérande et le Croisic et bien d'autres choses… C'est pour cela qu'il reste si présent parmi nous. On fête cette année, les 220 ans de sa naissance, alors vite revisitons, comme on dit maintenant, un de ses textes fameux…

Julien Gracq affirme dans un de ses écrits qu'il relit « Les Chouans » et « Beatrix », et moins souvent « le Lys » et « Séraphîta » et qu'il n'a que de l'estime pour les autres romans De Balzac. Julien Gracq est cet auteur angevin qui a si bien chanté les pays de Loire, ayant fait don de sa maison afin d'en faire une résidence d'écrivain, dans cette belle commune de Saint-Florent-le-Vieil, à l'abbaye qui surplombe la Loire et possédant dans les environs, à Liré, un beau musée consacré à l'autre enfant du pays, le poète Joachim du Bellay (heureux qui comme Ulysse…)

J'ai donc eu envie de relire « Beatrix », manière de célébrer cette figure locale connue dans le monde entier. Avec « Les Chouans » ce sont les oeuvres les moins scolaires et permettant d'aborder plus facilement la vaste « comédie humaine » qui comprend environ 90 titres… Mais où prenait-il le temps, lui qui est mort à 51 ans en 1850 ?

Balzac à 40 ans quand il publie cette histoire. Il a déjà écrit la plupart de ses romans les plus célèbres. « Béatrix » raconte l'éducation sentimentale de Calyste du Guénic, jeune breton épris de beauté et d'intelligence. Par l'intermédiaire de Camille Maupin, écrivaine et musicienne mondaine, il rencontre Béatrix de Rochefide, femme fatale dont il tombe amoureux. Tout à fait classique si ce n'était les différentes entrées possibles.

Je veux garder en mémoire ces personnages plus vrais que nature quand ils tombent sous la plume De Balzac et pour cause, Balzac se serait inspiré de George Sand et des amours de Litzt et de la comtesse d'Agoult :
• Mlle Félicité des Touches (dont le pseudo d'artiste dans ce roman est Camille Maupin) c'est, en partie, Aurore Dupin (vrai nom de George Sand…), la femme artiste qui fascine Balzac et à qui il semble bien rendre hommage dans ce roman. Camille s'adressant à Calyste : « Vous n'avez rien lu de George Sand, j'enverrai cette nuit un de mes gens acheter ses oeuvres à Nantes et celles de quelques autres auteurs que vous ne connaissez pas. »
• Calyste, jeune homme ingénu, ébloui par ces dames belles, mondaines et cultivées! Est-ce un peu l'auteur lui-même? Lui qui a si bien célébré la femme par sa beauté mais aussi par son intelligence, par sa capacité à agir et à peser sur son destin. En cela, il était précurseur et vraiment moderne.
• Mme de Rochefide (Béatrix), inspiré de Marie D'Agoult, femme de lettre, célèbre pour sa passion pour Liszt et sa production littéraire (qui a mal résisté au temps…).
• Gennano Conti, le célèbre compositeur et pianiste, inspiré de Frantz Liszt
• Les du Guenic, le pays de Guérande et du Croisic, personnages à part entière d'un roman atypique, Balzac ayant troqué sa Touraine pour un environnement uniquement maritime.

Il y a des scènes magnifiques à classer dans les plus belles pages de la littérature : le jeu de la mouche, un jeu ou on misait de l'argent et qui se jouait avec 5 cartes.

« Avancer un liard pour risquer d'en avoir cinq, de coup en coup, constituait pour la vieille thésauriseuse une opération financière immense, à laquelle elle mettait autant d'action intérieure que le plus avide spéculateur en met pendant la tenue de la Bourse à la hausse et à la baisse des rentes »

Les analyses de caractère sont précises car relevant d'une étude quasi-scientifique (digne de Dostoïevski selon Julien Gracq…) et certaines scènes évoquent l'atmosphère particulière de la maison de Nohant, où George Sand tenait une sorte de salon culturel permanent, et que Balzac avait visité plusieurs fois et peu de temps avant d'écrire Béatrix, en mars 1838. Ce serait là qu'il aurait recueilli la matière de ce futur roman de la bouche même de Mme George Sand, notamment le récit des amours de Liszt et Marie D'Agoult.

Il a été dit que Sand lui avait tenu rigueur du portrait qu'il avait fait d'elle… Cela ne semble pas évident quand on consulte leur correspondance après la parution de « Béatrix », contenant tant de preuves d'amitié et de respect sincères. Voir à ce sujet : « Mon cher George, Balzac et Sand, Histoire d'une amitié » paru chez Gallimard en mars 2010. On peut lire dans ce superbe ouvrage la préface de George Sand à l'édition Houssiaux de la Comédie humaine (1853-1855). Loin des clichés et des classements, elle écrit : « Balzac n'avait pas d'idéal déterminé, pas de système social, pas d'absolu philosophique ; mais il avait ce besoin du poète qui se cherche un idéal dans tous les sujets qu'il traite. »

Article complet et autres notes sur mes livres essentiels sur le site Bibliofeel

Lien : https://clesbibliofeel.blog/
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Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
- Me marier à mon âge ?... dit-il en jetant à sa mère un de ces regards qui font mollir la raison des mères.
Serais-je donc sans belles et folles amours ? Ne pourrais-je trembler, palpiter, craindre, respirer, me coucher sous d'implacables regards et les attendrir ? Faut-il ne pas connaître la beauté libre, la fantaisie de l'âme, les nuages qui courent sous l'azur du bonheur et que le souffle du plaisir dissipe ? N'irais-je pas dans les petits chemins détournés, humides de rosée ? Ne resterais-je pas sous le ruisseau d'une gouttière sans savoir qu'il pleut, comme les amoureux vus par Diderot ? Ne prendrais-je pas, comme le duc de Lorraine, un charbon ardent dans la paume de ma main ? N'escaladerais-je pas d'échelles de soie ? ne me suspendrais-je pas à un vieux treillis pourri sans le faire plier ? ne me cacherais-je pas dans une armoire ou sous un lit ? Ne connaîtrais-je de la femme que la soumission conjugale, de l'amour que sa flamme de lampe égale ? Mes curiosités seront-elles rassasiées avant d'être excitées ? Vivrais-je sans éprouver ces rages de coeur qui grandissent la puissance de l'homme ? Serais-je un moine conjugal ? Non !
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Toute grande âme, en venant là, sera saisie par les beautés spéciales du paysage qui déploie ses savanes après le parc, dernière végétation du continent. Ces tristes carrés d'eau saumâtre, divisés par les petits chemins blancs sur lesquels se promène le paludier, vêtu tout en blanc, pour ratisser, recueillir le sel et le mettre en mulons ; cet espace que les exhalaisons salines défendent aux oiseaux de traverser, en étouffant aussi tous les efforts de la botanique ; ces sables où l'oeil n'est consolé que par une petite herbe dure, persistante, à fleurs rosées, et par l'oeillet des Chartreux ; ce lac d'eau marine, le sable des dunes et la vue du Croisic, miniature de ville arrêtée comme Venise en pleine mer ; enfin, l'immense océan qui borde les rescifs en granit de ses franges écumeuses pour faire encore mieux ressortir leurs formes bizarres, ce spectacle élève la pensée tout en l'attristant, effet que produit à la longue le sublime, qui donne le regret de choses inconnues, entrevues par l'âme à des hauteurs désespérantes. Aussi ces sauvages harmonies ne conviennent-elles qu'aux grands esprits et aux grandes douleurs.
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L'on croit qu'Othello, que son cadet Orosmane, que Saint-Preux, René, Werther et autres amoureux en possession de la renommée représentent l'amour ! Jamais leurs pères à coeur de verglas n'ont connu ce qu'est un amour absolu, Molière seul s'en est douté. L'amour, madame la duchesse, ce n'est pas d'aimer une noble femme, une Clarisse, le bel effort, ma foi !... L'amour, c'est de se dire : "Celle que j'aime est une infâme, elle me trompe, elle me trompera, c'est une rouée, elle sent toutes les fritures de l'enfer..." Et d'y courir, et d'y trouver le bleu de l'éther, les fleurs du paradis.
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La mouche est un jeu qui se joue avec cinq cartes et avec une retourne. La retourne détermine l'atout. A chaque coup, le joueur est libre d'en courir les chances ou de s'abstenir. En s'abstenant, il ne perd que son enjeu, car, tant qu'il n'y a pas de remises au panier, chaque joueur mise une faible somme. En jouant, le joueur est tenu de faire une levée qui se paye au prorata de la mise. S'il y a cinq sous au panier, la levée vaut un sou. Le joueur qui ne fait pas de levée est mis à la mouche : il doit alors tout l'enjeu, qui grossit le panier au coup suivant. On inscrit les mouches dues ; elles se mettent l'une après l'autre au panier par ordre de capital, le plus gros passant avant le plus faible. Ceux qui renoncent à jouer donnent leurs cartes pendant le coup, mais ils sont considérés comme nuls. Les cartes du talon s'échangent, comme à l'écarté mais par ordre de primauté. Chacun prend autant de cartes qu'il en veut, en sorte que le premier en cartes et le second peuvent absorber le talon à eux deux. La retourne appartient à celui qui distribue les cartes, qui est alors le dernier, et auquel appartient la retourne ; il a le droit de l'échanger contre une des cartes de son jeu. Une carte terrible emporte toutes les autres, elle se nomme Mistigris. Mistigris est le valet de trèfle. Ce jeu, d'une excessive simplicité, ne manque pas d'intérêt. La cupidité naturelle à l'homme s'y développe aussi bien que les finesses diplomatiques et les jeux de physionomie.
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En ce moment, la caravane partie des Touches arriva dans le petit chemin. La marquise allait seule en avant, Calyste et Camille la suivaient en se donnant le bras. A vingt pas en arrière venait Gasselin.
- Voilà ma mère et mon père, dit le jeune homme à Camille.
La marquise s'arrêta. Madame du Guénic éprouva la plus violente répulsion en voyant Béatrix, qui cependant était mise à son avantage : un chapeau d'Italie orné de bluets et à grands bords, ses cheveux crêpés dessous, une robe d'une étoffe écrue de couleur grisâtre, une ceinture bleue à longs bouts flottants, enfin un air de princesse déguisée en bergère.
-Elle n'a pas de cœur, se dit la baronne.
-Mademoiselle, dit Calyste à Camille, voici Madame du Guènic et mon père. Puis il dit au baron et à la baronne :- Mademoiselle des Touches et Madame la marquise de Rochegude, née de Casteran, mon père.
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Vidéo de Honoré de Balzac
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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