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Béatrix, j'ai ouvert ce roman et j'ai bien failli le refermer aussitôt, ça aurait été fort dommage !
Je serais passée à côté d'un roman fort original à plusieurs titres, notamment :
- l'arrivée tardive du personnage qui donne son nom à ce roman, il faut attendre la page 133 (Édition folio classique) pour que le nom de Béatrix soit évoqué.
- le désintérêt du lecteur pour le personnage de Béatrix qui n'est ni le plus intéressant, ni le plus important du roman. Personnellement, je ne m'y suis pas du tout attachée.
- le rythme vraiment très différent en fonction des parties, avec un début très lent et descriptif qui a bien failli me décourager. Mais je ne regrette pas de m'être accrochée, car en fin de première partie, l'histoire se lance enfin, une deuxième partie qui avance tambours battants, un rythme qui ralentit en début de troisième partie avec un style littéraire particulier, la reproduction d'échanges de lettres, puis l'histoire repart avec une multitude de dialogues qui rythment le récit et rendent le roman réellement addictif sur les 100 dernières pages.
J'ai beaucoup aimé retrouver de très nombreux personnages de la Comédie humaine, rencontrés surtout dans Illusions perdues.
J'ai apprécié une fin positive, heureuse ? c'est toute la question. A la fin du roman le triomphe du mariage est total, mais les personnages ont-ils pour autant trouvé le bonheur ?
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Un roman magnifiquement écrit, une étude des sentiments, des émotions traitée avec finesse qu'on ne saurait lire ce roman en un seul temps, ou d'un seul trait. Balzac déploie son intrigue sur plusieurs chemins pour parvenir à nous faire vivre la beauté dans son sens le plus large. La beauté de la nature, la beauté de la bravoure, la beauté des sentiments les plus purs comme les plus illusoires, la beauté du devoir, et pourquoi pas la beauté de la raison. Il ne s'agit pas que d'une histoire d'amour à faire mourir l'être amoureux ou de manipulation des sentiments, mais il s'agit aussi du regard d'un génie qui scrute l'homme dans ses profondeurs les plus énigmatiques!... J'ai eu toute la patience de lire ce livre et enfin de pouvoir l'aimer. J'avoue que la lecture n'est pas facile!
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Ce récit commence à Guérande au début du XIXème siècle. le jeune Calyste, irlandais par sa mère et breton par son père, est élevé dans une famille de cette Bretagne profonde où les moeurs sont immuables depuis le Moyen Age. Entre une tante de 80 ans, un père guère plus jeune et une mère qui lui est dévouée corps et âme, les soirées passées au jeu de la mouche avec le curé, une vieille fille du voisinage et un militaire sur le retour, son existence dans une antique bâtisse n'offre guère de distractions…
Le paysage breton bordé par la mer et les marais salants, la lenteur du temps, la pérennité des habitudes que rien ne vient troubler, le peu d'ouverture sur le monde extérieur, forment le décors de la première partie. Calyste a 20 ans, il a comme perspective d'avenir un mariage avec une jeune fille sans charme ni esprit. Mais depuis quelque temps il fréquente avec assiduité le manoir d'une certaine Félicité Des Touches, Camille Maupin de son nom de plume, une femme artiste qui a le double de son âge et pour laquelle il éprouve une fascination bientôt détournée par l'arrivée de Béatrix…Cette dernière a quitté mari et enfant pour suivre un amant musicien dont elle commence à se lasser des infidélités…Après avoir allumé la passion dans le coeur de Calyste, elle l'abandonnera entre la vie et la mort.
Cette première partie romantique dans le cadre sauvage de la Bretagne se poursuit à Paris dans les intrigues des salons parisiens. Calyste qui a épousé la belle Sabine de Granlieu, épouse aimante et dévouée, grâce aux soins de Félicité qui s'est retirée dans un couvent, va retomber sous le joug de son ancien amour… La mère de l'épouse malheureuse va faire jouer ses relations pour déjouer le destin…et que dans un chassé-croisé vaudevillesque chaque mari retrouve une femme légitime…les affaires de coeur étant gérées comme des transactions commerciales permettant de fructueuses alliances.
Ce roman De Balzac, dont l'intrigue est un peu bâclée, est intéressant par son opposition entre Paris et la province, l'étude des moeurs contrastée entre l'austérité provinciale et la liberté de la grande ville et ses figures de femmes qui déclinent les différents visages de la condition féminine à cette époque : l'écrivain, femme presque masculine, la maîtresse, l'épouse, la mère, la courtisane, la vieille fille, la soeur… La vie qui s'écoule avec lenteur à Guérande s'accélère brusquement dans la capitale. D'où ce récit en deux temps, qui s'étire en longueur lors d'une partie de cartes et de la naissance d'un amour, pour s'accélérer dans le tourbillon de la vie parisienne dans un scénario rocambolesque...
Ce n'est pas mon Balzac préféré mais la puissance de son style nous emporte malgré tout. A découvrir ou redécouvrir pour ses personnages féminins et ses vues de Guérande...
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Je reprends enfin ma lecture de la Comédie Humaine délaissée depuis avril dernier par Béatrix, un roman un peu long et ennuyeux dont j'ai peiné à venir à bout...

Le récit, organisé en trois parties, met du temps à entrer dans le vif du sujet. Il ne se passe rien dans la première partie, intitulée « Les Personnages », particulièrement descriptive avec la présentation de la ville de Guérande, que je connais et que je retrouve avec plaisir à l'époque balzacienne, « une ville à part, essentiellement bretonne, catholique fervente, silencieuse, recueillie, où les idées nouvelles ont peu d'accès ». Il est aussi question de deux maisons que tout oppose : l'hôtel des du Guénic, vieille famille de la noblesse bretonne, pétrie de traditions et le château des Touches, demeure d'une femme libérée, écrivain, tenant salon à Paris. La jonction entre ces deux endroits passe par Calyxte du Guénic, un jeune homme séduisant et prometteur, fasciné par Camille Maupin, nom de plume de Félicité des Touches. À la fin de cette longue exposition du décor et des protagonistes, apparait la fameuse Béatrix, marquise de Rochefide, femme infidèle qui a abandonné son mari pour un musicien italien.
La deuxième partie, « le Drame » raconte par le menu comment Calyxte tombe amoureux de Béatrix. S'ensuit un étrange jeu de dupe entre les deux femmes pour s'attirer les faveurs du beau jeune homme. Naturellement, ce dernier fait le désespoir de sa famille, refusant les projets de mariage que l'on fait pour lui avec un beau parti breton. Béatrix triomphe mais ne cède pas aux avances de Calyxte, Félicité se réfugie au couvent mais organise, avant de se retirer du monde, l'avenir de son protégé et son mariage de convenance avec Sabine de Grandlieu.
La dernière partie, sans titre particulier, est d'abord épistolaire ; Sabine raconte les débuts de son union dans de longues lettres adressées à sa mère. Nous comprenons que cette jeune femme est pleine de bon sens et de ressources, qu'elle a compris les tenants et les aboutissants du drame qui s'est joué avant elle et qu'elle luttera pour garder son mari quand ce dernier retombera dans les filets de la perfide Béatrix. le dénouement arrive enfin après une série d'intrigues et de complots mondains destinés à préserver la morale tout en ramenant le beau Calyxte à sa place auprès de son épouse dévouée et renvoyant la marquise à ses propres devoirs familiaux...

Les portraits féminins sont toujours aussi finement travaillés, physiquement, moralement, psychologiquement et demeurent très intéressants malgré les longueurs du récit. Je retrouve l'oeil balzacien : « les femmes sont parfois mauvaises ; mais elles ont des grandeurs secrètes que jamais les hommes ne sauront apprécier ».
On reconnait sans peine Georges Sand derrière le personnage de Félicité des Touches qui écrit sous le pseudonyme de Camille Maupin, s'habille en homme et bouscule les convenances... : « une femme de moeurs équivoques, occupée de théâtre, hantant les comédiens et les comédiennes, mangeant sa fortune avec des folliculaires, des peintres, des musiciens, la société du diable, enfin ! Elle prend, pour écrire ses livres, un faux nom sous lequel elle est, dit-on, plus connue que sous celui de Félicité des Touches. [...] Cette monstrueuse créature, qui tenait de la sirène et de l'athée, formait une combinaison immorale de la femme et du philosophe, et manquait à toutes les lois sociales inventées pour contenir ou utiliser les infirmités du beau sexe ».
Les figures ecclésiastiques sont également bien campées, particulièrement savoureuses dans leurs compromis et leurs manières de concilier les affaires mondaines et les choses spirituelles.


Dans ce roman, la comédie humaine prend des allures de comédie mondaine.
Ce n'est pas mon préféré parmi tout ce que j'ai déjà lu De Balzac ; c'est trop détaillé, long et monotone. Je déconseille de commencer par Béatrix pour découvrir cet auteur.
À réserver donc aux inconditionnels avertis...
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Devoir de vacances : lire "Béatrix" d'Honoré de Balzac pour la réunion de rentrée du Club de lecture.

Comme avec les devoirs de vacances de ma jeunesse j'ai passé quelques heures plutôt assommantes en compagnie de ce pavé. Texte trop long, souvent embrouillé, descriptions intéressantes mais souvent interminables. Peu d'empathie pour les personnages oisifs de l'aristocratie de la première moitié du XIXème siècle, à l'exception de Camille Maupin (Mlle des Touches). H de Balzac se serait inspiré de George Sand pour créer ce personnage. Enfin Calyste m'a agacée et Béatrix exaspérée.

J'ai un peu honte de qualifier d'assommant l'ouvrage d'un grand écrivain français, mais je me pardonne en constatant que "Béatrix" ne figure pas dans la liste des oeuvres principales De Balzac.
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C'est bon de revenir de temps en temps à notre patrimoine classique bien que l'histoire du jeune et candide Calyste du Guénic "magnifique rejeton de la plus vieille race bretonne", confronté à deux chipies coquettes et intrigantes date un peu.
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Guérande, 19e siècle. le jeune et inexpérimenté Calyste, amoureux éconduit de Camille Maupin, femme de lettres, se met à aimer Béatrix, marquise scandaleuse et réprouvée par la société pour avoir quitté son mari au profit d'un musicien.

Le sujet est très similaire à celui de la Femme abandonnée, si ce n'est qu'on croule ici sous les triangles amoureux et les drames sentimentaux.

Le roman est divisé en 3 parties. La première, interminable et fastidieuse, est une longue description des lieux et des personnages. La seconde est un peu plus intéressante du point de vue de la psychologie des personnages, puisque c'est celle où les intrigues entre eux se nouent, à coups de manipulations et de plans à la noix. La dernière est celle qui se lit avec le plus de plaisir, du moins dans sa deuxième moitié, puisqu'on y fait la connaissance de personnages plus intéressants et qu'une forme de complot amoureux, raconté avec beaucoup d'humour, va permettre de dénouer la situation.

Les points forts du récits sont la plume de l'auteur, même s'il abuse des descriptions dès la première page, et la dernière petite centaine de pages. Les réflexions autour de la créativité, littéraire ou musicale, étaient également très intéressantes, en particulier s'agissant de la place des femmes dans les milieux artistiques.

Les points négatifs: à peu près tout le reste. Je n'ai pas plus cru à cette histoire « d'amour au avant le premier regard » que dans La Femme abandonnée, mais d'autres éléments s'y greffent, dont beaucoup sont assez sexistes, même si Balzac nous propose ici des portraits de femmes plutôt modernes (l'un d'eux étant inspiré de George Sand, ceci expliquant cela). Il faudra qu'on m'explique en quoi une tentative de meurtre est un acte d'amour ou un geste romantique, pour ne citer que le plus choquant…

D'autre part, il y a énormément de longueurs, dues aux innombrables et interminables descriptions qui alourdissent le récit. Avait-on besoin de raconter tout le passé des personnages, y compris la jeunesse du père du héros, qui tient assez peu de place dans l'intrigue, pour suivre le déroulé des évènements? Absolument pas.

Pour finir, les personnages en question sont tous antipathiques au mieux, au pire stupides (le héros en tête) ou carrément détestables. C'est seulement à la fin, quand l'auteur prend le temps de faire du sarcasme à leurs dépens, que je les ai trouvé supportables.

Pour être tout à fait honnête, si ce n'était pas par curiosité pour l'auteur, j'aurais abandonné ma lecture. Je comprends pourquoi certains romans de la Comédie humaine sont plus connus que d'autres…
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Nouvelle édition mise à jour
Paru le 07/11/2018

Retour d'un très beau week-end de commémoration Balzac à Tours. J'ai apprécié vendredi « Illusions perdues » par le nouveau théâtre populaire, « La cousine Bette » par la compagnie Prométhéâtre samedi, puis dans la foulée : « Honoré, vie balzacienne » encore par le nouveau théâtre populaire. Pour ce spectacle prévu en extérieur et joué en salle à cause du mauvais temps, les acteurs se sont surpassés. Excellent ! Merci à cette brillante compagnie du 49 ! Enfin, dimanche, c'était l'hommage en textes et en chansons de dix personnages féminins De Balzac par la brillante et érudite Christina Goh dans son spectacle intitulé « le Prix »!

J'aime lire les romans De Balzac car ils se situent à la charnière de l'ancien monde royaliste, avant la révolution et du nouveau monde qui émerge après 1789 et après 1830. On y apprend beaucoup sur les différentes classes sociales et leur recomposition, sur la vie et la psychologie de l'époque, sur les guerres de Vendée dans « Les Chouans » par exemple et on découvre des régions, sa Touraine natale bien entendu, et ici dans « Béatrix » Guérande et le Croisic et bien d'autres choses… C'est pour cela qu'il reste si présent parmi nous. On fête cette année, les 220 ans de sa naissance, alors vite revisitons, comme on dit maintenant, un de ses textes fameux…

Julien Gracq affirme dans un de ses écrits qu'il relit « Les Chouans » et « Beatrix », et moins souvent « le Lys » et « Séraphîta » et qu'il n'a que de l'estime pour les autres romans De Balzac. Julien Gracq est cet auteur angevin qui a si bien chanté les pays de Loire, ayant fait don de sa maison afin d'en faire une résidence d'écrivain, dans cette belle commune de Saint-Florent-le-Vieil, à l'abbaye qui surplombe la Loire et possédant dans les environs, à Liré, un beau musée consacré à l'autre enfant du pays, le poète Joachim du Bellay (heureux qui comme Ulysse…)

J'ai donc eu envie de relire « Beatrix », manière de célébrer cette figure locale connue dans le monde entier. Avec « Les Chouans » ce sont les oeuvres les moins scolaires et permettant d'aborder plus facilement la vaste « comédie humaine » qui comprend environ 90 titres… Mais où prenait-il le temps, lui qui est mort à 51 ans en 1850 ?

Balzac à 40 ans quand il publie cette histoire. Il a déjà écrit la plupart de ses romans les plus célèbres. « Béatrix » raconte l'éducation sentimentale de Calyste du Guénic, jeune breton épris de beauté et d'intelligence. Par l'intermédiaire de Camille Maupin, écrivaine et musicienne mondaine, il rencontre Béatrix de Rochefide, femme fatale dont il tombe amoureux. Tout à fait classique si ce n'était les différentes entrées possibles.

Je veux garder en mémoire ces personnages plus vrais que nature quand ils tombent sous la plume De Balzac et pour cause, Balzac se serait inspiré de George Sand et des amours de Litzt et de la comtesse d'Agoult :
• Mlle Félicité des Touches (dont le pseudo d'artiste dans ce roman est Camille Maupin) c'est, en partie, Aurore Dupin (vrai nom de George Sand…), la femme artiste qui fascine Balzac et à qui il semble bien rendre hommage dans ce roman. Camille s'adressant à Calyste : « Vous n'avez rien lu de George Sand, j'enverrai cette nuit un de mes gens acheter ses oeuvres à Nantes et celles de quelques autres auteurs que vous ne connaissez pas. »
• Calyste, jeune homme ingénu, ébloui par ces dames belles, mondaines et cultivées! Est-ce un peu l'auteur lui-même? Lui qui a si bien célébré la femme par sa beauté mais aussi par son intelligence, par sa capacité à agir et à peser sur son destin. En cela, il était précurseur et vraiment moderne.
• Mme de Rochefide (Béatrix), inspiré de Marie D'Agoult, femme de lettre, célèbre pour sa passion pour Liszt et sa production littéraire (qui a mal résisté au temps…).
• Gennano Conti, le célèbre compositeur et pianiste, inspiré de Frantz Liszt
• Les du Guenic, le pays de Guérande et du Croisic, personnages à part entière d'un roman atypique, Balzac ayant troqué sa Touraine pour un environnement uniquement maritime.

Il y a des scènes magnifiques à classer dans les plus belles pages de la littérature : le jeu de la mouche, un jeu ou on misait de l'argent et qui se jouait avec 5 cartes.

« Avancer un liard pour risquer d'en avoir cinq, de coup en coup, constituait pour la vieille thésauriseuse une opération financière immense, à laquelle elle mettait autant d'action intérieure que le plus avide spéculateur en met pendant la tenue de la Bourse à la hausse et à la baisse des rentes »

Les analyses de caractère sont précises car relevant d'une étude quasi-scientifique (digne de Dostoïevski selon Julien Gracq…) et certaines scènes évoquent l'atmosphère particulière de la maison de Nohant, où George Sand tenait une sorte de salon culturel permanent, et que Balzac avait visité plusieurs fois et peu de temps avant d'écrire Béatrix, en mars 1838. Ce serait là qu'il aurait recueilli la matière de ce futur roman de la bouche même de Mme George Sand, notamment le récit des amours de Liszt et Marie D'Agoult.

Il a été dit que Sand lui avait tenu rigueur du portrait qu'il avait fait d'elle… Cela ne semble pas évident quand on consulte leur correspondance après la parution de « Béatrix », contenant tant de preuves d'amitié et de respect sincères. Voir à ce sujet : « Mon cher George, Balzac et Sand, Histoire d'une amitié » paru chez Gallimard en mars 2010. On peut lire dans ce superbe ouvrage la préface de George Sand à l'édition Houssiaux de la Comédie humaine (1853-1855). Loin des clichés et des classements, elle écrit : « Balzac n'avait pas d'idéal déterminé, pas de système social, pas d'absolu philosophique ; mais il avait ce besoin du poète qui se cherche un idéal dans tous les sujets qu'il traite. »

Article complet et autres notes sur mes livres essentiels sur le site Bibliofeel

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Pour se sauver du trop jeune et délicieux Calyste, dont vingt ans de différence la séparent inexorablement, Félicité des Touches crée Béatrix.
Béatrix, son amie et sa rivale, grande dame mal mariée et perdue aux yeux du monde pour l'amour d'un musicien qui ne la mérite pas, blonde exquise aux grâces raffinées, amante idéale dont le jeune homme tombe amoureux comme seul peut aimer à vingt ans un cœur pur, naïf, absolu.
Mais si la Béatrix de Dante, jamais revue, sut n'être qu'un rêve, Béatrix de Rochefide existe pour de bon, et comme chacun le sait qui a passé l'âge des cœurs naïfs, l'idéal se marie bien mal au réel. Comment sauver alors Calyste de cette passion qui le dévore tout entier et finit par menacer sa santé, sa raison, son avenir, jusqu'à sa vie ?

Imprégné d'idéaux romantiques tout autant que de froide lucidité, voire de cynisme désabusé, Béatrix est un roman tout de contrastes. Contraste entre la Bretagne sauvage, austère et noble, dans laquelle se noue le drame, à laquelle Calyste appartient tout entier par son éducation, et le Paris tourbillonnant, tout de faux-semblants, dont Béatrix fut l'une des reines et où les choses s'achèvent par une magistrale entreprise de manipulation.
Contraste entre deux femmes : la brune Félicité, femme de Lettres, de coeur et d'esprit, dont l'intelligence n'a d'égale que la grandeur d'âme, mais que sa force et son indépendance rendent monstrueuse, bien trop masculine, pour une société où la femme ne doit être qu'un ornement gracieux. Vouée par là-même, irrémédiablement, au malheur. La blonde Béatrix, femme du monde toute de grâce et d'artifice, scandaleuse par orgueil, dont l'âme froide confond les aspirations du cœur et celles de la vanité, et qui ne sait rien être au fond que par les hommes. Deux femmes, ou plutôt trois puisqu'à l'artificieuse Béatrix s'oppose la délicieuse Sabine de Grandlieu, future épouse modèle, amoureuse exaltée mais lucide qui sait allier l'esprit mordant de la parisienne à la franchise simple de la provinciale.

Outre de fascinantes descriptions de la Bretagne ancienne et un scénario peut-être un peu lent au départ, mais de plus en plus prenant et dont on se demande bien comment il va pouvoir se résoudre, c'est dans ces très beaux portraits de femme que réside la plus grande force de ce roman.
Un esprit moderne, certes, pourra s'agacer des petites notes sexistes qui émaillent leurs descriptions - une femme est ceci, ne doit pas être cela -, mais elles sont à remettre en condition dans la société de l'époque, et ne déparent en rien la force des caractères mis en scène, la justesse remarquable de leur analyse. Inspirée par George Sand, Félicité des Touches m'a aussi fait penser - par sa carrière, sa liberté, son côté amazone, son milieu social et jusque par son nom - à Félicie de Fauveau, cette artiste sculpteur étroitement liée au parti de la duchesse de Berry (comme le furent d'ailleurs Calyste et son père).
Si Sand et Félicie surent vivre jusqu'au bout dans le monde pour et par leur art, Félicité, elle, aura le sort de bien des héroïnes plus fades de l'histoire. Un sort un peu décevant sans doute, mais ce retrait final vers Dieu reste assez bien dans la logique d'un personnage extraordinaire et exalté, à qui le monde ne sait plus offrir que déceptions.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Dans les Scènes de la vie privée, Béatrix est le roman le plus long à bien des égards. Constitué en trois parties qui ne furent pas écrites dans la continuité, le roman ne présente pas une unité très solide.

La famille du Guénic est de vieille noblesse bretonne, installée à Guérande elle vit chichement mais en harmonie autour de son trésor : le jeune Calyste qui est l'espoir de toute la lignée.
Ces royalistes farouches vivent encore dans les guerres de Vendée et les progrès politiques ou matériels ne les ont pas encore atteints. Pour leur malheur Félicité des Touches revient dans sa propriété voisine de Guérande abandonnant le monde parisien où elle a brillé, entre autres sous son nom de plume Camille Maupin.

Evidemment Calyste qui a atteint l'idéal de Jacques Brel à savoir être beau et con à la fois va tomber comme un fruit mûr sous le charme de la belle parisienne qui pourrait presque être sa mère.
Arrivera ensuite la non moins séduisante Béatrix de Rochegude et la possession du coeur du beau Calyste devient l'objet d'un combat de titans entre deux femmes oisives qui maîtrisent l'art de la séduction et de l'intrigue à la perfection. Au jeu de l'amour il n'y a que des victoires de courte durée et à la fin tous les combattants auront eu leur part de souffrance.

Le meilleur et le pire De Balzac se mélangent allégrement dans Beatrix : des descriptions brillantes voire somptueuses mais qui deviennent, à la longue, fastidieuses (le pays de Guérande, la maison des du Guénic, les toilettes de ces dames ...), des dialogues d'une finesse et d'une habileté redoutable mais au service d'une intrigue amoureuse un peu vaine, le mépris de Paris pour la Province, l'admiration sans nuance du roturier Balzac pour l'art de vivre de la Noblesse.
Celui-ci fait aussi dans le poeple : Camille Maupin est bien sûr inspirée de Aurore Dupin (George Sand) quant à Béatrix elle serait Marie D'Agoult qui, comme elle, avait abandonné mari et enfants pour suivre Franz Liszt qui ne serait autre que Conti l'amant de Béatrix dans le roman.

Si le roman aurait gagné à être plus ramassé et plus cohérent (Béatrix de Rochegude est rebaptisée, sans raison, Béatrix de Rochefide dans la troisième partie, la plus réussie), il nous laisse quand même un très beau personnage avec Félicité des Touches qui montre un esprit de sacrifice et une bonté d'âme émouvants. C'est aussi une figure que l'on pourrait qualifier de féministe du XIXème siècle même si son choix de vie final n'est pas vraiment dans l'air du temps.
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