L'on croit qu'Othello, que son cadet Orosmane, que Saint-Preux, René, Werther et autres amoureux en possession de la renommée représentent l'amour ! Jamais leurs pères à coeur de verglas n'ont connu ce qu'est un amour absolu, Molière seul s'en est douté. L'amour, madame la duchesse, ce n'est pas d'aimer une noble femme, une Clarisse, le bel effort, ma foi !... L'amour, c'est de se dire : "Celle que j'aime est une infâme, elle me trompe, elle me trompera, c'est une rouée, elle sent toutes les fritures de l'enfer..." Et d'y courir, et d'y trouver le bleu de l'éther, les fleurs du paradis.
Calyste, le monde sans vous n’était plus rien pour moi, vous m’en avez fait la plus affreuse des solitudes, et vous avez amené l’incrédule Camille Maupin, l’auteur de livres et de pièces que je vais solennellement désavouer, vous avez jeté cette fille audacieuse et perverse, pieds et poings liés, devant Dieu.
Elle s'essuya les yeux en faisant ce que dans la rhétorique des femmes on doit appeler une antithèse en action.
- Me marier à mon âge ?... dit-il en jetant à sa mère un de ces regards qui font mollir la raison des mères.
Serais-je donc sans belles et folles amours ? Ne pourrais-je trembler, palpiter, craindre, respirer, me coucher sous d'implacables regards et les attendrir ? Faut-il ne pas connaître la beauté libre, la fantaisie de l'âme, les nuages qui courent sous l'azur du bonheur et que le souffle du plaisir dissipe ? N'irais-je pas dans les petits chemins détournés, humides de rosée ? Ne resterais-je pas sous le ruisseau d'une gouttière sans savoir qu'il pleut, comme les amoureux vus par Diderot ? Ne prendrais-je pas, comme le duc de Lorraine, un charbon ardent dans la paume de ma main ? N'escaladerais-je pas d'échelles de soie ? ne me suspendrais-je pas à un vieux treillis pourri sans le faire plier ? ne me cacherais-je pas dans une armoire ou sous un lit ? Ne connaîtrais-je de la femme que la soumission conjugale, de l'amour que sa flamme de lampe égale ? Mes curiosités seront-elles rassasiées avant d'être excitées ? Vivrais-je sans éprouver ces rages de coeur qui grandissent la puissance de l'homme ? Serais-je un moine conjugal ? Non !
Toute grande âme, en venant là, sera saisie par les beautés spéciales du paysage qui déploie ses savanes après le parc, dernière végétation du continent. Ces tristes carrés d'eau saumâtre, divisés par les petits chemins blancs sur lesquels se promène le paludier, vêtu tout en blanc, pour ratisser, recueillir le sel et le mettre en mulons ; cet espace que les exhalaisons salines défendent aux oiseaux de traverser, en étouffant aussi tous les efforts de la botanique ; ces sables où l'oeil n'est consolé que par une petite herbe dure, persistante, à fleurs rosées, et par l'oeillet des Chartreux ; ce lac d'eau marine, le sable des dunes et la vue du Croisic, miniature de ville arrêtée comme Venise en pleine mer ; enfin, l'immense océan qui borde les rescifs en granit de ses franges écumeuses pour faire encore mieux ressortir leurs formes bizarres, ce spectacle élève la pensée tout en l'attristant, effet que produit à la longue le sublime, qui donne le regret de choses inconnues, entrevues par l'âme à des hauteurs désespérantes. Aussi ces sauvages harmonies ne conviennent-elles qu'aux grands esprits et aux grandes douleurs.
N'entamez pas ces infamies sans que j'aie consulté l'abbé Brossette pour savoir jusqu'à quel point je suis votre complice, s'écria la duchesse avec une naïveté qui découvrit tout ce qu'il y a d'égoïsme dans la dévotion.
La dignité n'est qu'un paravent placé par l'orgueil et derrière lequel nous enrageons à notre aise.
En travaillant pour les masses, l’Industrie moderne va détruisant les créations de l’Art antique dont les travaux étaient tout personnels au consommateur comme à l’artisan. Nous avons des produits nous n’avons plus d’œuvres. Les monuments sont pour la moitié dans ces phénomènes de rétrospection. Or pour l’industrie, les monuments sont des carrières de moellons, des mines à salpêtre ou des magasins à coton. Encore quelques années, ces cités originales seront transformées et ne se verront plus que dans cette iconographie littéraire.
Un grand amour est un crédit ouvert à une puissance si vorace, que le moment de la faillite arrive toujours.
Les Bretons possèdent une nature de courage qui les porte à s'entêter dans les difficultés.