Tout n’est pas vrai mais rien n’est faux.
"Chaque matin je suis devant l'écriture. Elle devant moi, ça dépend. Dans les bons moments, nous deux, c'est comme faire ensemble du bobsleigh (wouah !).
Les choses circulent dans mon dos et parfois se rencontrent autour d'un mot.
Tout n'est pas vrai mais rien n'est faux.
J'ai toujours aimé le peuple grêle des livres."
"J'ai toujours détesté les charentaises sans pourtant y renoncer parce que l'être humain est une créature complexe, écartelée entre esthétisme et pragmatisme."
Le pompon restait plus longtemps devant les enfants un peu lents parce qu'on n'était pas encore dans la vraie vie mais sur un manège.
Les repas de fête se reconnaissaient aux œufs mimosa en entrée et aux portes claquées à la fin.
"Le postulat selon lequel plus l'animal est petit moins il souffre n'était pas apprécié par le peuple des fourmis."
Un vieil homme était revenu à lui après mon massage cardiaque. J'ai vu alors ce numéro tatoué sur son poignet où je surveillais le pouls. C'est comme si j'avais ressuscité un déjà ressuscité.
J'ai croisé beaucoup de vies pareilles à une phrase restée à l'infinitif, beaucoup d'enfants aux visages grinçants, beaucoup de corps percés comme des poupées vaudous.
La tristesse infinie a souvent les pupilles dilatées et le corps maigre.
Place de la Nation, à Paris, un manifestant m'a lancé: "Toi, t'as pas la gueule de l'emploi mais on te l’explosera quand même toute à l'heure!" (Le ministère de l'intériorité déjà contaminait souterrainement le ministère de l'Intérieur.)
Une cousine avait rapporté de Lourdes une vierge Marie dont le plastique transparent permettait de voir le niveau de l'eau bénite. La tête servait de bouchon. Un jour de grand soleil, je l'avais ramollie avec une loupe et remise à sa place sur la table de chevet. J'espérais que ma mère crierait au miracle (mais c'est mon père qui a crié).