Personne n'a le temps de s'habituer à son enfance.
Le peuple des humains est papillon d'abord, chenille longtemps et larve enfin.
J'ai envié cet homme à qui sa fillette minuscule demanda au sortir de la boulangerie si elle pouvait avoir le chignon (c'est elle qui portait la baguette). J'aurais aimé qu'une fillette minuscule me réclame le chignon. Après, je lui aurais souvent fait dire "le chignon!". J'y pense aujourd'hui encore quand je mords dans un quignon (avoir l'exclusivité des deux quignons n'est pas un avantage, mais une solitude).
Marseille persévère dans la crasse et la lumière.
J'aimais ce bleu immense où le passé scintille dans le présent.
Vu au microscope, les spermatozoïdes de Paul étaient des têtards petits, blancs et agités. Pour lui faire peur j'affirmais: "T'auras bientôt des grenouilles dans les couilles et on t'appellera Couilles à grenouilles!" Il croyait tout ce que je disais, alors je finissais par le croire aussi et je surveillais mes couilles au cas où. Un soir il a dit à table : "Mes couilles ont coassé", et tous m'ont regardé.
L'été, le ciel brûlait d'ennui. L'hiver, il s'occupait avec quelques nuages.
Les grands draps blancs séchaient dehors en quelques minutes. Les jours de tramontane, ils transformaient le jardin en port.
Est ce qu’avoir du talent, c’est créer de l’évidence ?
Le peuple des enfants ne saurait être plagié par la horde des adultes
"Les vies adultes réussies sont la poursuite de l'enfance par d'autres moyens."
Le peuple des enfants est inénarrable (s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer !).
Le peuple des enfants roule devant lui sa joie énorme.
Le peuple des enfants infailliblement repère les couleurs de l’enfance.
Sable et rires s’égrènent sur les plages où le peuple des enfants s’adonne à la vie.
J’ai croisé beaucoup de vies pareilles à une phrase restée à l’infinitif, beaucoup d’enfants aux visages grinçants, beaucoup de corps percés comme des poupées vaudous.