Ce fut la seule chaleur que nous partageâmes, rêvée, mais certains rêves sont la preuve que nous avons vécu ou voulu vivre, ce qui parfois revient au même.
Le temps terrestre n'a pas de profondeur, il n'est qu'une surface où nous glissons, saisis par l'intensité de certains instants, abasourdis par la fugacité d'une existence.
J’étais dépourvu de cette indispensable sauvagerie envers moi-même, cette capacité à être la flamme qui se dévore et se consume afin de se faire lumière.
Leur foi n’est pas mince mais le désir est une impatience qui croît dans la durée et creuse ses galeries au plus secret du cœur de l’homme jusqu’à son effondrement.
Seule existait ma lutte contre le sommeil. Peu parviennent à habiter leur fatigue, à se sentir chez eux entre ces intangibles parois au-delà desquelles le monde se brouille, se fait enfin ombre et silence.
Je m’appliquai à fermer mon regard aux palmes ruisselantes de lumière dans l’air du matin, à ignorer cette façon qu’a le soleil de s’inventer des couleurs lorsqu’il disparaît ou réapparaît.
Je me retrouvais seul debout au milieu du temps, ce temps dont la chaleur semblait être le battement arrêté.
Ce désert n’aime pas la vie. Il aime les roches, les cailloux, la poussière et les ossements que suscite sa haine du mouvement. Sa lumière n’éclaire pas, elle déchire les yeux. Le ciel blanchit de chaleur, les ombres s’y calcinent, l’homme apprend à s’y connaître ou meurt. Il est ce lieu où les choses trouvent leurs limites.