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Critique de Jerome012630


Emballé par la lecture de "l'ensorcelée" il y a quelques semaines, je continue ma découverte de l'oeuvre de Jules Barbey d'Aurevilly.

Et c'est sur son fameux recueil de nouvelles intitulé "les diaboliques" que je me suis penché cette fois. Format qui n'est habituellement pas celui que j'affectionne le plus.

Paru en 1874, il entraîna l'inculpation de Barbey d'Aurevilly pour "délit d'outrage à la morale et aux bonne moeurs", comme ce fut le cas pour Flaubert et son "Madame Bovary".

On y trouve 6 nouvelles, de 30 à 40 pages (au format Quarto):

Le rideau cramoisi

Le plus bel amour de Don Juan

Le bonheur dans le crime

Le dessous de cartes d'une partie de whist

A un dîner d'athées

La vengeance d'une femme

J'ai lu ces 6 nouvelles dans l'ordre dans lequel elles sont présentées, nouvelles qui ont la particularité d'être toutes écrites (sauf la dernière) sous la forme de récits racontés par un narrateur à un ou plusieurs autres personnages.

Un jeune militaire épris de la fille de ses hôtes, un séducteur qui raconte l'amour le plus fou qu'il ait vécu, un couple étrange croisé dans un parc, voilà quelques uns des personnages que l'on va rencontrer.

Barbey d'Aurevilly, comme il est mentionné sur la 4ème de couverture, aime évoquer le passé : une France aristocratique, contre-révolutionnaire et donc favorable à la Restauration.

Habitués de Zola et de ses romans populaires dédiés à la bourgeoisie commerçante et aux ouvriers (le ventre de Paris, l'assommoir, Germinal, etc), le dépaysement sera total.

Ainsi c'est dans la ville de Valognes dans le Cotentin, cadre de chacune des nouvelles, un "Versailles normand", que l'auteur va nous parler d'amour, de passion, de "la femme", diabolique par les sentiments qu'elle ressent et qu'elle inspire.
Qu'elles s'appellent Hauteclaire ou Eulalie, Rosalba, Albertine, elles sont les héroïnes maudites d'histoires flamboyantes mais cruelles et tragiques.

En effet, comme je l'avais dit pour "l'ensorcelée", quelle écriture ! Je ne peux m'empêcher de vous en donner deux exemples tirés de "le dessous de cartes d'une partie de whist" (et ne révélant rien de l'intrigue):

"Il semblait qu'en se retirant de toute la surface du pays, envahi chaque jour par une bourgeoisie insolente, l'aristocratie se fût concentrée là, comme dans le fond d'un creuset, et y jetât, comme un rubis brûlé, le tenace éclat qui tient à la substance même de la pierre, et qui ne disparaîtra qu'avec elle."

"Ma puberté s'est embrasée à la réverbération ardente de ces belles et charmantes jeunesses qui savaient leur beauté inutile, qui sentaient que le flot de sang qui battait dans leurs coeurs et teignait d'incarnat leurs joues sérieuses, bouillonnait en vain."

Les ambiances sont rendues d'une façon prodigieuse. On se croirait perdu sur ces routes de campagne ou ces ruelles, noyées dans le brouillard et la pénombre ou au contraire, dans ces salons mondains.

Bref, cette nouvelle lecture est un choc et confirme l'impression éprouvée précédemment avec l'ensorcelée.

Bonne lecture !
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