Deuxième tentative de lecture d'un roman de
Barjavel et deuxième gros échec pour moi. Lorsque j'avais souligné les défauts de
Ravage, on m'avait signalé qu'ils étaient liés à l'époque à laquelle le livre avait été écrit. Je me suis donc tournée vers
le grand secret, nettement plus récent. Mais malheureusement j'y ai retrouvé des problèmes similaires.
Au début, tout va à peu près bien.
Barjavel construit son intrigue en nous parlant d'une découverte mystérieuse qui donne lieu à d'âpres négociations entre divers gouvernements. En parallèle il développe une histoire d'amour qui paraît relativement inutile dans le contexte et mièvre à souhait, tout en étant particulièrement toxique et émaillée de dépendance affective (bonjour le personnage féminin qui ne peut plus respirer si elle ne voit pas son amant pendant deux ou trois jours et le côté "rien n'a d'importance en dehors de notre couple"), mais soit.
Ensuite, on se retrouve avec les invraisemblances qui sont amenées par les idées que
Barjavel a imaginées pour intégrer son personnage à l'intrigue. J'imagine qu'il attendait du lecteur qu'il soit admiratif de la détermination de Jeanne, mais je n'ai pas cru une seule seconde à l'idée que cette femme tout à fait lambda soit reçue par des personnalités comme la reine d'Angleterre ou des présidents, leur tienne tête, et que ce soit parfaitement accepté. Mais admettons. C'est un peu plus loin dans l'histoire que j'ai fini par saturer à force de voir ces personnages complètement dénués de personnalité et uniquement caractérisés par leur beauté (en dehors de la femme du personnage masculin qui est une mégère grasse et aigrie, pratique pour encenser la relation extraconjugale du couple mis en avant). Et j'ai fini par m'agacer de l'obsession de l'auteur pour la poitrine féminine qui fait que même dans une situation qui ne s'y prête aucunement, il ne peut s'empêcher d'évoquer leur esthétisme (un petit exemple pour la route "Avant qu'elle ait eu le temps de réfléchir sainement, un des deux hommes passa derrière elle et rabattit le haut de sa robe de chambre, lui paralysant les bras et dévoilant ses superbes seins dansants, pendant que l'autre lui appliquait sur le visage un tampon d'anesthésique", oui "superbes seins dansants", je ne pourrais pas l'inventer, vraiment sexy ce kidnapping...). Et si ça ne suffisait pas, il sexualise également énormément les enfants et les adolescents, ne manquant pas une occasion de décrire leurs corps nus ou leur sexualité. Que dire aussi de son opinion selon laquelle la femme atteint "le sommet de sa perfection" à 18 ans et du désir qu'on toutes les gamines de son roman d'enfanter... Tout cela m'a complètement sortie du roman. Dommage parce qu'il y aurait peut-être eu quelques idées à sauver.
En dehors de cela, j'ai trouvé que l'écriture ne cassait pas trois pattes à un canard. Certains passages sont joliment écrits avec une certaine poésie, mais d'autres s'apparentent plus à une succession de faits plus ou moins pertinents écrits au présent en plein milieu d'un récit au passé.
J'ai encore
La nuit des temps du même auteur dans ma bibliothèque, mais après ces deux lectures, j'hésite fortement à m'en débarrasser. J'ai beaucoup de mal à comprendre l'attrait pour cet auteur.