Je n'avais pas franchement aimé
le Silence des Vaincues qui précédait ce roman. Si l'approche était intéressante, la guerre de Troie du point de vue de Briséis, reine de Lyrnessos réduite en esclavage et offerte à Achille, l'écriture ne m'avait pas emballé et je n'y avait trouvé finalement que peu d'intérêt et de nouveauté par rapport au mythe originel. Dès lors, la comparaison avec
le Chant d'Achille écrit par
Madeline Miller, une autre réécriture du même mythe mais cette fois-ci tout en émotion et subtilité, devenait inévitable.
Dans
Les Exilées de Troie, c'est différent. Plus de comparaison possible et enfin l'impression de découvrir réellement Briséis, personnage pourtant principal du premier volet. Et à cette occasion la plume de l'autrice.
La guerre de Troie est terminée. Achille est mort en héros et Briséis, son esclave et concubine et désormais enceinte de lui, a été donnée comme épouse à Alcimos à qui Achille avait accordé sa confiance.
Si Briséis n'est plus esclave, son nouveau statut n'est pas tellement plus enviable. Dans le camp, la vie s'organise après la victoire en attendant le retour au pays.
Dans le camp, les hommes règnent en maîtres.
Il n'y a pas vraiment d'histoire, plutôt une succession de petites intrigues, de rencontres, de liens qui se forgent. C'est surtout la description d'un monde patriarcal dans lequel les femmes tentent tant bien que mal de se faire une place ou, dans les cas les plus extrêmes, tout simplement de survivre.
Si l'écriture est parfois un peu franche et familière à mon goût, elle est fluide et immersive.
Pat Barker mêle habilement antiquité et modernité et on ne peut qu'être touché par cette histoire de femmes dignes et fortes malgré la domination masculine.
Si encore une fois je ne me suis pas spécialement attaché à Briséis, malgré son histoire tragique et sa résilience, je suis content de connaître son histoire, ou ce qu'aurait pu être son histoire, puisque c'était le but de l'autrice, redonner la parole aux oubliées de l'Histoire, ou de la mythologie.