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Citations sur Elizabeth Finch (66)

Je songeais à Julien, et à la façon dont les siècles l’ont interprété et réinterprété, comme un homme traversant une scène poursuivi par des faisceaux diversement colorés de projecteurs. Oh, il était rouge, non, plutôt orange, non, il était indigo teinté de noir, non, il était tout noir. Il me semble que c’est, d’une manière certes moins théâtrale et extrême, ce qui se passe quand nous considérons la vie des autres : comment ils sont vus par leurs parents, amis, amants, ennemis, enfants ; par des inconnus croisés qui remarquent soudain une vérité sur eux, ou par de vieux amis qui ne les comprennent pas. Et puis ils nous regardent, d’une autre façon que nous nous regardons. Eh bien, l’erreur historique est une composante essentielle de ce qui fait une personne.
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J’étais plus intelligent en sa présence. Je savais plus de choses, j’étais plus convaincant ; et je voulais désespérément lui plaire.
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L’amour est toujours un mélange de viscéral et de conceptuel. Bien sûr, on ne reconnaît pas autant le second – il est bien trop enraciné dans le passé et l’atavisme. Mais c’est pourquoi l’amour est forcément artificiel ; j’emploie ce mot dans le meilleur sens, bien entendu. Et celui que nous appelons amour-passion est le flux le plus artificiel de tous. Et donc la plus haute forme d’amour, et aussi, la plus destructrice.
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Et dans quelle catégorie mon amour pour E. F. pouvait-il être classé ? Eh bien, je dirais « romantico-stoïque », ce qui était approprié. Et l’aimais-je davantage que l’une ou l’autre de mes épouses ? Disons-le comme ça : une partie de l’amour dépend du fait d’être surpris par la personne qu’on aime, même si on la connaît très bien. C’est un signe que l’amour est vivant. L’inertie tue l’amour – et pas seulement l’amour sexuel ; tout sorte d’amour. D’après mon expérience, les « surprises » de l’amour conjugal, après les premières années, se révèlent parfois être de simples foucades ; ou, pis encore, l’expression d’une personne gagnée par l’ennui non seulement de son conjoint, mais d’elle-même et, en fait, de la vie elle-même.
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J’ai souvent été perplexe en songeant aux relations entre hommes et femmes. (Hommes et hommes, à un moindre degré, femmes et femmes, presque pas : cette dernière combinaison semblant évidente et raisonnable, pas seulement pour une question de goût, mais de nécessité, vu à quel point les hommes ont salopé le monde.) Hommes et femmes : les malentendus et les méprises, les ententes factices ou paresseuses, les mensonges bien intentionnés, la franchise blessante, l’éclat de colère non provoqué, la cordialité sans faille qui dissimule une indolence émotionnelle. Et ainsi de suite. L’espoir de pouvoir comprendre le cœur de l’autre alors que nous pouvons à peine comprendre le nôtre.
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Y a-t-il un mot de la langue anglaise plus mythifié, plus mal employé, plus mal compris, plus fluctuant de sens et d’intention, plus vicié et plus souillé par la salive d’un million de bouches menteuses que le mot « love ». Et quoi de plus banal que de s’en plaindre ? Pourtant, malgré tout ce mauvais usage, on ne peut pas le remplacer, parce qu’en même temps robuste, granitique, et son armure, impénétrable. Il est à l’épreuve des intempéries et de l’orage, et capable de détourner la foudre.
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Ces dernières paroles (et leur source inattendue) m’ont fait songer aux secrets de l’amour ; ce qui n’est pas montré et ce qui n’est pas dit. Je ne pense pas à « l’amour qui n’ose pas dire son nom » ou ce genre de choses, mais aux plaisirs ordinaires de … quoi donc ? … d’une sorte de dissimulation choisie. J’ai dit que j’aimais Elizabeth Finch – du moins, je suis presque sûr que je l’aimais ; et je l’aime encore, par-delà la mort. C’est un amour qui a commencé dans la salle de classe, mais ce n’était pas l’amour juvénile qu’un enfant peut éprouver pour son professeur. J’avais plus de trente ans, après tout. Cela n’avait rien d’un amour marital – pas celui dont j’ai fait l’expérience, en tout cas. Pas plus que ce n’était un amour fantasmé, en dépit de mes vagues rêveries sexuelles. (Une confession : je pensais parfois, dans des moments d’indolente spéculation, qu’au cas très improbable où nous coucherions ensemble je l’appellerais encore « Elizabeth Finch » - prénom et patronyme. Et il me semblait alors qu’elle approuverait cela et que, entre les draps, ce que cela pouvait avoir de guindé prendrait une coloration plus intime, aguichante, sexy. Pensez ce que vous voulez de ça.)
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La civilisation progresse-t-elle ? Elizabeth Finch aimait nous poser cette question. Il y a sans nul doute des progrès en médecine, en science, en technologie. Mais sur le plan humain, moral ? Mais en termes de philosophie ?
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Je suppose que j’ai toujours cru instinctivement (ou nonchalamment) que ces mirifiques mythes et martyres, avec leurs fracassants messages de salut, quoique sûrement « améliorés » en étant maintes fois racontés, avaient leur origine dans quelque plus rude réalité. Quand on regarde un puissant tableau donnant à voir un violent martyre, il nous persuade que c’est la représentation d’un événement qui s’est jadis produit. Mais toutes ces saintes compilations, comme les Actes des martyrs, et leurs illustrations ultérieures ne sont que d’édifiantes fictions, plutôt que des Vies réelles. L’opinion actuelle des érudits n’est pas seulement que peu de ces célèbres martyrs ont existé, mais que leur nombre total fut en fait minuscule. Certes, beaucoup de chrétiens furent tués « simplement » parce qu’ils étaient chrétiens (et refusaient d’abjurer leur foi devant une cour de justice) ; mais, là aussi, bien moins que précédemment supposé. D’après un « prudent calcul », au cours des trois premiers siècles de l’ère chrétienne, « entre deux et dix mille chrétiens furent mis à mort par le pouvoir temporel de l’Empire romain ». (Même pas les onze mille de sainte Ursule !) Quant au nombre de ceux qui voulaient mourir, persuadés de prendre ainsi la voie d’accès rapide au Ciel : « Même les Docteurs de l’Église ne peuvent présenter plus d’un ou deux cas de martyre volontaire. »
En outre : nous pensons (ou je pensais) que les païens tuaient les chrétiens, et les chrétiens, les païens, tour à tour, ripostant à un massacre par un autre. Ils le faisaient, mais c’était peu de chose, comparé à la violence entre les chrétiens de différentes obédiences. (Le narcissisme des petites différences.) Comme dit Ammien, ils étaient « pires que des bêtes féroces quand ils disputaient entre eux », tandis que Gibbon déclare avec une ironie désabusée : « C’est un rappel salutaire de l’importance d’une exactitude théologique, que davantage de chrétiens furent mis à mort en une seule année de l’empire chrétien, qu’on n’en avait exécuté en trois siècles de domination païenne. »
J’avoue que tout cela m’a d’abord découragé. Mais j’en ai pris note, et j’en ai tiré deux conclusions. Primo, que les théologiens peuvent aussi faire d’excellents romanciers. Et secundo, que l’erreur historique est une composante essentielle de ce qui fait une religion.
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Il faut certainement prendre en considération...dans nos vies turbulentes et tourmentées, la part de hasard et de chance... La passion peut nous égarer furieusement. La raison peut nous égarer tout autant. Notre héritage génétique peut nous entraver. Ainsi que des événements passés dans notre vie. Il n'y a pas que les soldats sur le terrain qui souffrent plus tard de troubles liés au stress post- traumatique. C'est souvent la conséquence inévitable d'une existence terrestre apparemment normale.
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