AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,35

sur 612 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment un chef Ismaélien du XI siècle veut être sur terre ce qu'Allah est au ciel : omnipotent, invisible, maître de la vie et de le mort. En recréant le paradis sur terre dans des jardins secrets, cachés dans la citadelle d'Alamut, il fait croire qu'il détient lui aussi les clefs du ciel et peut y envoyer, en remerciements des services rendus, ses meilleurs fedayin.
Ils sont prêts à mourir pour lui à tout instant, certains d'aller au paradis pour l'éternité.
Ce qu'au XX siècle les américain ont tenté avec le LSD, lui l'a fait avec du hashish.
Une histoire extra ordinaire
Commenter  J’apprécie          10
"Rien n'est vrai, tout est permis" ou comment manipuler les masses

En 1938, le Slovène Vladimir Bartol nous décrit le récit semi-légendaire de la secte islamiste ismaélienne des Nizarîtes et de son chef spirituel, Hassan ibn al-Sabbah, ayant semé la terreur en Iran à l'époque des Croisades. Au travers de ce roman, suivez les destins croisés de deux jeunes gens : Halima la fille de harem, et Avani le jeune homme entraîné pour devenir un soldat de dieu, prêt à se sacrifier sur les ordres de ses maîtres. Voyagez en Perse, au coeur de la citadelle d'Alamut, siège du pouvoir de la secte, dans une ambiance de "Mille et une nuits" pour une lecture à la fois fascinante et terrifiante. Ce plaidoyer contre les totalitarismes des années 30 est un véritable coup de poing : dépeignant les méthodes pour manipuler les masses, il fait bien évidemment écho à notre actualité. Un ouvrage important, à lire absolument. Pour l'anecdote : cette histoire inspirera le premier épisode de la célèbre franchise de jeux vidéo "Assassin's Creed"
Commenter  J’apprécie          142
Chef d'oeuvre à (re)découvrir. Si vous ne connaissez pas, foncez !
Commenter  J’apprécie          00
Je suis en veine ces derniers temps : après avoir découvert Pamuk, voici Vladimir Bartol et son magistral « Alamut »
L'action, basée en partie sur des faits historiques, se passe à la fin du XIème siècle, dans le Nord de l'Iran. Seïduna (Hassan Ibn Saba), l'impitoyable tyran, a conquis la citadelle d'Alamut, et à partir de là, va tenter de faire triompher sa secte des Ismaïliens (chiïtes) et de combattre les sunnites du sultan de Bagdad, amis des Turcs Seldjoukides. Mais contrairement à ses ennemis, il ne possède ni armée, ni population favorable. Il va donc établir un plan à long terme, véritable machination. Née d'un cerveau dérangé ? Bien au contraire !
Il crée une « école » de fedayins, jeunes hommes vite convaincus que leur chef est un prophète, et qui sont prêts à tout pour lui obéir. On leur prodigue un enseignement physique. très dur, et aussi intellectuel (dont le Coran bien sûr). On croirait lire un article sur les camps d'entraînement des djihadistes du XXIème siècle. le bouquin a été écrit en 1938 !
Parallèlement à la création de cette « école », Seïduna transforme ses jardins tout proches en un véritable paradis, fidèle en tout point à l'image qu'en donne le Coran. Un véritable décor de théâtre, habité par une nuée de jolies demoiselles qui ne se rendent pas compte qu'elles sont en fait emprisonnées.
C'est ici que démarre le plan démoniaque de Seïduna. Il annonce à ses fedayins qu'il possède les clés du paradis, les drogue et les transporte dans ces jardins où ils vivront quelques heures inoubliables. Seconde tournée de haschish et ils retrouvent la citadelle, convaincus à tout jamais qu'ils ont bien vu l'eden et n'ont plus qu'un souhait : sacrifier leur vie pour retrouver ce monde merveilleux, pour le plus grand bien de la cause qu'ils défendent.
L'auteur slovène dénonce ici les horreurs de toute dictature. Il songeait sans doute surtout au fascisme qui commençait à envahir l'Europe, mais utilise l'Islam pour effectuer sa démonstration. Quelle prémonition !
Hassan Ibn Saba est un monstre de cruauté, mais est aussi un homme cultivé et intelligent. C'est là le gros problème. Comme tout dictateur, il estime que le peuple est trop ignorant pour comprendre quoi que ce soit et que seuls quelques initiés ont droit à connaître sa « philosophie ». C'est donc à ses deux grands amis qu'il explique sa vision du monde : tout n'est qu'illusion (même le Coran) et dès lors « rien n'est vrai, tout est permis » deviendra sa devise. Il n'empêche que l'on a froid dans le dos quand on le voit ordonner de décapiter son fils, qui a osé transgresser les lois paternelles.
le seul (petit) reproche que l'on pourrait faire à Vladimir Bartol, ce sont quelques longueurs, d'autant plus qu'elles concernent le plus souvent des personnages secondaires dont les noms arabes sont impossibles à retenir, sans parler de leurs titres : difficile de différencier clairement émirs, califes, vizirs, sultans, deys etc.
Un grand roman historique, agréable à lire car l'aventure est omniprésente. Je ne risque pas de l'oublier de sitôt
Commenter  J’apprécie          70
Lu sur le conseil insistant d'un proche, ce roman est avant tout une leçon d'histoire. Les vraies origines des fameux assassins qui ont inspirés certains jeux vidéos et autres personnages de comics de notre temps. Un roman visionnaire écrit en 1938 qui nous rappelle fortement l'islamisme radical auquel est confronté le monde d'aujourd'hui. Un islam travesti pour les besoins d'un groupuscule avide de pouvoir et autres. Bref le sujet est compliqué et nécessite des heures de recherches pour le comprendre. Ce roman d'aventure oublié pendant plus de 50 ans est d'une densité et d'un intérêt culturel extraordinaire et mérite largement d'être plus reconnu. J'ai été plus que conquis et je le recommande à tous les férus d'histoire du Moyen-Orient.
Commenter  J’apprécie          302
Énorme ce livre ! Énorme réflexion sur l'imposture de l'idéologie et la laideur de la démagogie qui anéantit les humains dans un projet d'aliénés et de soumis. Manipulation des masses et les gaver d'illusions qu'ils croient la vérité. Essentiel et indispensable.
Commenter  J’apprécie          00
Alamut. forteresse réputée inexpugnable. sorte d'antithèse de la démocratie. Où vivent ceux qui se sacrifient.

Alamut. Roman d'aventure initiatique. Récit historique. Conte philosophique. Manifeste politique.

Vladimir Bartol n'a pas voulu, dans ce roman, paru en 1938, verser dans la caricature. Si les parallèles avec le monde politique dont est témoin l'écrivain slovène à la fin des années trente sont nombreux, il n'en demeure pas moins que c'est en Iran que Bartol plante le décor (décor qui sera d'ailleurs repris par les concepteurs des jeux vidéo Assassin's Creed et Prince of Persia !).

L'ismaélisme, secte iranienne dissidente de Hassan Ibn Sabbâh, installée au nord de Téhéran à l'aube du XIIème siècle, n'est pas qu'un faire-valoir, l'auteur s'attache à faire revivre cette culture perso-musulmane avec son savoir encyclopédique, le raffinement de sa poésie, l'ébullition de sa théologie, la sensualité enivrante de ses harems et son contexte géopolitique complexe sur fond de rivalité entre perses chiites, turcs, calife du Caire et arabes sunnites réunis autour du sultanat de Badgad et son grand vizir Nizam al-Mulk.

Les guerriers d'Alamut ont semé le trouble pendant près de 150 ans en Iran puis en Syrie, ont croisé le fer avec les sunnites mais aussi avec les croisés, Marco Polo lui-même rapporte l'existence de soldats fanatiques, de jardins paradisiaques, de loi du Talion sans pitié. Machiavélique avant la lettre, Seiduna n'hésitait pas, selon la légende, à user de stupéfiants si la ferveur religieuse ne suffisait pas.
D'ailleurs c'est aux fidèles disciples de l'ismaélisme que nous devons le mot « assassin » qui vient de « Hashīshiyyīn » en arabe. Péjorativement désignés par les chroniqueurs ennemis de l'époque comme des fumeurs de haschichs, les assassins sont entrés dans la légende et nous leur devons l'étymologie du terme.

« Rien n'est vrai, tout est permis. » le personnage de Seïduna me rappelle fortement le propos de l'écrivain anglais Jonathan Swift à qui l'on attribue le court ouvrage « l'art du mensonge politique » et qui met en garde, tel un Machiavel à son Prince, le politicien de ne surtout pas croire à son propre mensonge. C'est à coup sûr, pour Seïduna, le moyen de le mettre en oeuvre le plus librement, le plus ambitieusement. Pas de foi sans mauvaise foi.

« En fait, la force de notre organisation repose sur l'aveuglement de ses partisans ». Ceux qui dirigent, qui font les lois juridiques et morales d'une société ne peuvent s'y conformer eux-mêmes, c'est vieux comme le monde. Les prêtres prêchent la chasteté, les conservateurs la fidélité, les socialistes le partage, les économistes l'austérité, les juristes la légalité, les généraux le sacrifice, force est de constater à travers l'histoire que des Borgia à Louis XIV, de Mao à Pétain la vie privée des grands donneurs de leçons du monde était un peu désaxée voire diamétralement opposée à la coercition imposée aux populations par l'usage associé de la force et de la propagande.

Pour Seïduna, qui ne croit pas à l'hérédité (il prend l'exemple du catholicisme, l'élection du Pape est bien plus pérenne pour lui que les diverses dynasties monarchiques héréditaires), il convient, afin de pouvoir mettre ses plans à exécution d'avoir toujours une longueur d'avance, « il suffit de savoir quelque chose de plus que ceux qui doivent croire » pour instrumentaliser leur foi.

De même que le fascisme du XXème siècle, ou les macabres tueurs soi-disant au nom d'Allah du XXIe siècle, la théocratie des disciples d'Ali fait la propagande de la puissance de la volonté. Cette volonté de se dépasser, d'organiser l'avènement d'un homme nouveau, implémenté de qualités viriles et supérieures tout en étant irrévocablement soumis à son chef.

Néanmoins, comme le dit le jeune fédayin Ibn Tahir : « la volonté existe, mais l'intelligence résiste ». Toute l'oeuvre est tendue entre ces deux pôles que sont l'aveuglement, « l'orgueil d'obéir » comme disait Cioran, et l'intelligence critique. Extrémités entre lesquelles nous vacillons encore aujourd'hui, au péril de nos libertés individuelles.

« le savoir est effrayant ». Pourtant, une transcendance est possible. Redoutée aussi, car l'ignorance est rassurante, on préfère souvent un mensonge qui conforte, qui donne du sens, qu'une vérité qui ébranle, et nous laisse pris de vertige sur les cimes de l'angoisse. Seuls quelques privilégiés peuvent dépasser le monde des illusions, et par-delà le bien et le mal devenir « aaraf ».

C'est toute l'ambivalence de la personnalité du « vieux fou de la montagne ». Elle n'est pas celle d'un tueur sadique et paranoïaque.
Ainsi, charismatique et éclairé, ami du poète Omar Khayyâm, il a « compris que le peuple est nonchalant et paresseux et qu'il ne mérite pas que l'on se sacrifie pour lui » et loin de vouloir la vérité, le peuple veut « des fables » pour nourrir son imagination. Quant à la justice, « il s'en moque, si tu satisfais à ses intérêts particuliers ». Partant, autant utiliser la faiblesse et l'aveuglement du peuple pour le guider, malgré lui, vers la meilleur gouvernance et organisation sociale possible selon son chef.

« La fin justifie les moyens. Mais qu'est ce qui justifie la fin ? » Albert Camus. Ainsi donc tous les plans, et tous les stratagèmes de Seiduna sont sous-tendus par un motif final impérieux ? Pas du tout : « mais si vous me demandiez quel sens a toute cette action et pourquoi elle est nécessaire, je ne saurais vous répondre. Nous croissons en effet parce que les forces pour le faire sont en nous. Comme la graine qui germe dans le sol et sort de terre, qui fleurit et donne des fruits. Soudain nous sommes ici et soudain nous n'y sommes plus. »

Plus on en sait et plus on est seul. C'est ce que je retiens d'Alamut. le savoir fait peur, c'est un vertige, et plus la connaissance du monde s'accroit, plus le sachant prend ses distances d'avec les autres hommes, et se retrouve isolé, dans la forteresse de la clairvoyance, à envier l'illusion des autres, leur foi inébranlable, leurs paradis artificiels (au sens propre…).

Savoir c'est pouvoir. Dans la polysémie du terme : pouvoir agir et détenir le pouvoir.

Ces réflexions ne doivent pas pour autant donner l'image d'une oeuvre statique ou réflexive. Surtout pas ! le récit est très fluide et se lit comme un roman d'aventure, avec ses faits d'armes, ses stratégies, ses intrigues, sa progression narrative et son suspense. l'immersion dans la forteresse d'Alamut est totale.

Une fois le livre refermé, comme sous l'effet des boulettes de Seiduna, les images se troublent, le souvenir d'Alamut se dissipe comme si la légende l'avait déjà repris dans ses bras de brume.

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          13620
« Lorsque tu croyais, tu étais au ciel ! Maintenant que tu vois, que tu doutes, te voilà en enfer ! »
A croire qu'il est préférable d'être un pantin articulé de fils sans fin, manipulé de point en point, armé pour sourire une fois devant le rideau noir, que d'être conscient d'être ridicule et misérable face à l'incommensurable, de n'être soi-même qu'un esclave, celui de l'espace et du temps, égaré avec des yeux lucides…

Les étoiles demeurent muettes au-dessus de nous, autant fermer le grand livre des questions sans réponse. Nous ne savons rien alors permettons-nous, laissons libre cours à notre désir le plus ardent, celui de libérer le trône d'Iran des hérétiques. Devenons ce maître de l'espace et du temps, principaux obstacles à l'essor de grands empires. Faisons de la forteresse d'Alamut un creuset de miracles, soumettons les esprits, berçons nos victimes d'illusions. Déployons les narcisses d'un effrayant rêve d'enfer, devenons la terreur des puissants et des tyrans étrangers quels qu'ils soient. Devenons le nouveau prophète, populaire, disposons des clefs du paradis, des jardins des illusions… selon les termes d'un plan, calculé et mesuré tout le long d'une vie, qui a bien pu inspirer Machiavel…

Vladimir Bartol traite avec une délicieuse volupté de l'éternelle quête de la vérité. Notre vérité, celle dictée par nos sens, ne serait-elle pas préférable à celle, inacceptable et insupportable, qui nous est simplement inaccessible ? Il évoque et inspire cette fascination devant cet être d'exception qu'est Hassan Ibn Saba, le Vieux de la Montagne, fondateur de la tristement célèbre secte des Assassins.

Alamut, inexpugnable forteresse, est à l'image du chef d'oeuvre de Vladimir Bartol : inébranlable sur des bases historiques solides. L'auteur joue mille et une nuits sur autant de harpes sensibles, exalte de mille et un poèmes et autres arts raffinés, enivre de mille et une couleurs et parfums. Alamut est un roman qui éveille les sens et la raison à une humaine cruauté. Fascinant.
Commenter  J’apprécie          155
Alamut, la montagne des Assassins menés par le Vieux de la Montagne. ... la secte redoutée à travers l'Europe et l'Orient, qui frappe et tue, renversant les trônes ... Mes élèves connaissent l'histoire grâce à Assassin's creed, le jeu vidéo et le film ! mon rôle de prof d'HG au lycée (et avant en 3°, mais plutôt avec @Harry Potter et l'ordre du phoenix) est de leur parler des clés et sens cachés ! j'évoque le roman en classe et ainsi deux -trois lycéens lisent Alamut chaque année et pardon mais j'en suis assez fière !
Bartol démonte scrupuleusement les rouages de l'embrigadement des jeunes, un B-A-BA de la transformation de jeunes gens pauvres à la recherche d'un absolu en guerriers fanatiques à la redoutable efficacité. En le lisant aujourd'hui, on ne peut penser qu'à al Qaïda et surtout à Daesh/ISIS/l'EI, qui aidés aussi par les progrès des télécommunication et du militaire, ont généré une même terreur et exercent sur certain(e)s une attractive fascination ...
Pourtant Bartol n'est pas un "visionnaire" et la part de la fiction est finalement relativement mince dans son roman. Ce serait oublier que comme Montesquieu a dénoncé Louis XIV en transposant ses critiques de la cour française en l'Orient dans ses Lettres Persanes, Bartol ici transpose aux XI°-XII°s ce qu'il observe alors en URSS, mais aussi en Allemagne et en Italie, en 1937-1938 ! ce "roman" est en fait une brillante dénonciation des totalitarismes, dont l'embrigadement de la jeunesse est une des clés ! ce sont ces multiples résonances et donc quelque part malheureusement son intemporalité qui en font une lecture au début ardue mais finalement fascinante et impressionnante de part son sens de l'analyse psychologique et sociologique et l'art de critiquer sans en avoir l'air ! c'est tout simplement magistral !
Commenter  J’apprécie          90
Au XIe siècle, en Iran, la forteresse d Alamut tient du mythe. Peu d elus peuvent y acceder. Ibn Tahir veut servir son pays et décide de rejoindre le "Vieux de la Montagne", pour devenir un "fedayin", un combattant. Sous l emprise de la figure d Hassan Ibn Sabaa, les jeunes enrôlés suivent un entraînement physique et intellectuel très poussé afin de devenir le.fleuron de son armée.
Impitoyables, idéalistes, manipulés, les fedayin changeront le cours de l Histoire.

Certains critiques y voient un miroir des attentats suicides islamistes actuels. Au-delà de cette vision, le roman de Vladimir Bartol demeure un livre puissant qui fait réfléchir, servi par une écriture fine.
Commenter  J’apprécie          00



Lecteurs (1584) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1845 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}